« Il y a dix ans, alors que j’étais encore étudiant dans un BTS audiovisuel, il était très difficile d’avoir accès à la location chez les loueurs traditionnels lorsque nous avions des projets. Les outils n’étaient pas aussi accessibles que maintenant et il était difficile de s’équiper en propre. Une fois intermittent du spectacle, j’ai eu les mêmes difficultés. Rapidement, j’ai fondé une société de production corporate et j’ai dû acheter du matériel. Autour de moi, je me suis rendu compte que nous étions beaucoup à acheter du matériel qui servait peu, et donc on avait une faible rentabilité. Ce matériel perdait de la valeur et malgré mes achats, il me manquait toujours quelque chose sur les projets que nous avions. J’ai donc eu l’idée de créer une plate-forme pouvant mettre en relation des sociétés comme la nôtre avec d’autres sociétés ou personnes devant louer du matériel à moindre coût », raconte Jonathan Elalouf, président et fondateur de LightyShare.
Un déploiement national
La plate-forme LightyShare s’est créée sur ce postulat. Elle a été lancée en beta privé en juin 2016 sur l’Ile-de-France. Il s’agissait de tester le concept et les retours des clients sur un petit nombre d’individus et de sociétés. Une fois ces tests achevés, LightyShare a été ouverte au public en novembre 2016 uniquement sur l’Ile-de-France. Principalement à l’origine ouverte aux étudiants, aux petites structures, elle a pris de l’ampleur pour s’adresser aujourd’hui à une population plus large, que ce soit des loueurs professionnels, des groupes média et des chaînes de télévision. La plate-forme s’est également adressée à de nouvelles régions avec Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Auverge-Rhône-Alpes et, depuis octobre 2018, elle couvre toute la France.
Les utilisateurs peuvent être autant propriétaires que locataires. Ces derniers ont ainsi accès à plus de 3800 références en ligne avec une grosse partie sur le domaine de l’image, représentant environ 10 millions d’euros de matériels disponibles en location sur la plate-forme. Le catalogue comprend beaucoup de DSLR et caméras milieu de gamme, mais développe un département orienté cinéma. Il n’y a pas de limite.
Outre l’image il est possible d’y trouver du matériel audio, de l’éclairage, des stations de montage, du matériel de production (tente, régie…). Outre les sociétés de petites tailles ou free-lance, on voit arriver certains loueurs professionnels, notamment ceux qui n’ont pas de site web. Ils numérisent une partie de leur catalogue pour être présents sur la plate-forme.
Pour le moment, l’activité se concentre sur la France, mais LightyShare ne devrait pas s’arrêter là. Des producteurs étrangers qui cherchent du matériel pour tourner en France, notamment en région, sont de plus en plus intéressés.
Comment ça marche ?
Les tarifications sont libres ; ce sont les propriétaires qui déterminent leurs prix, mais ils sont aidés et les annonces sont validées tous les jours pour les conseiller en leur disant que le prix est trop bas ou trop haut par rapport au tarif du marché. En général, la recherche se fait sur un produit précis, puis sur le prix et la géolocalisation.
Il y a trois profils d’utilisateurs et plus de 5000 utilisateurs ; des particuliers qui louent à d’autres particuliers pour avoir le tarif le plus bas, mais qui n’auront pas tous les services ; des producteurs qui se connaissent et qui peuvent se louer entre eux et des professionnels qui peuvent louer à des loueurs professionnels, ou à des structures plus petites.
Lorsqu’un locataire cherche du matériel, il crée un panier auprès d’un propriétaire avec la description du projet et les indications des dates du projet. Le propriétaire a 24 heures pour répondre à la demande. Une fois la disponibilité validée, le locataire a 48 heures pour faire le dépôt de garantie et le paiement par CB. Toute se fait en ligne. Le temps de réponse est d’une heure en moyenne. Les principaux locataires répondent en 10 minutes. Il s’agit de faciliter au mieux les relations entre loueurs et locataires ; ainsi le contrat de location est rempli automatiquement et envoyé aux deux parties.
LightyShare est soucieuse de la qualité des matériels proposés : « Nous n’avons pas l’œil sur le matériel, mais nous avons un ensemble d’outils pour déterminer au mieux la qualité. Il y a des avis par rapport à une location et les sociétés doivent se présenter lors de leur inscription. Lors de l’enregistrement du matériel, le numéro de série est demandé. Si du matériel est listé comme volé, les informations sont transmises aux propriétaires », précise Jonathan.
Concernant l’assurance, à la différence d’autres plates-formes, elle est incluse dans les frais de services qui s’élèvent à 15 % côté propriétaire et 5 % côté locataire. L’assurance garantit contre le vol, la casse et le détournement (vol par le locataire). LightyShare, avec ses partenaires assureurs, a permis de mettre en place une franchise plafonnée pour les sinistres (800 euros), un tarif moindre, en regard de ceux de certains loueurs traditionnels. Le système de paiement passe par un tiers de confiance. Par exemple, une location coûte 100 euros, ils sont encaissés par le tiers de confiance et 72 h après la fin de la location, 85 euros sont envoyés au propriétaire et 15 euros pour la plate-forme.
LightyShare connaît un large succès et va étoffer ses effectifs, passant de deux personnes à temps plein, à six personnes ; 2019 sera également l’objet de nouvelles annonces dont la mise en place d’un outil de vente et d’achat de matériel d’occasion.… À suivre !
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #30, p.70. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.