Les caméras Panavision Millennium DXL et leurs grands capteurs tournent tout en douceur !

La caméra Millennium DXL2 et son capteur Red Monstro 8K VV (comme « Vista Vision ») ont rejoint la DXL chez Panavision il y a quelques mois... Une accessoirisation toujours plus modulaire, des optiques à moteurs intégrés et les performances du grand capteur (8 192 x 4 320 pixels et 40,96 mm x 21,6 mm en plein format), alliées au traitement de la couleur développé avec Light Iron, sont des nouveautés que la firme d’Hollywood met en avant, tandis que les cinéastes s’approprient le regard que ce nouvel outil leur fait poser sur leur espace de jeu créatif.
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Grands espaces et liberté des ratios

Pierre-Hugues Galien, AFC, tournait l’année dernière le long-métrage « Smiley » (Mandoline Films), avec une DXL et une série Primo 70, dont la motorisation interne a été finalisée pour l’occasion. Le film se décompose en histoires courtes réalisées par Tristan Aurouet, Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Cyril Gelblat et Vianney Lebasque et, s’étant penché sur la filmographie et les goûts visuels des réalisateurs, Pierre-Hugues pensait que les choix de ratio et de surface de capteur allaient varier de l’un à l’autre (du Super 35 sphérique au 2.40:1 anamorphique). Or, aux essais filmés, tous se sont approprié ce format proche du 65 mm en choisissant le ratio 1.85:1, en (presque) full frame.

L’homogénéité visuelle du film se ferait donc sur la perception de l’espace et la profondeur de champ liée à la grande taille du capteur, ce qui laisserait plus de liberté à Pierre-Hugues pour créer une esthétique différente d’un segment à l’autre, à l’aide de la lumière et des looks visualisés sur le plateau.

Si le ratio du capteur est de 1.89:1 en plein format, de nombreux autres choix sont possibles, tant pour les ratios que pour les surfaces d’enregistrement. Patrick Leplat, directeur général de Panavision Alga, insiste notamment sur l’importance des anamorphoses disponibles pour tourner en ratio panoramique, que ce soit le 2:1 (labellisé Netflix), le 2.40 ou le 2.76, ratio hérité de l’Ultra Panavision 70 de la grande époque. C’est « une évolution qui change les habitudes de cadre ».

L’intensité visuelle de l’effet d’anamorphose (la déformation verticale du bokeh notamment) étant géométriquement liée à la taille de la dimension verticale du capteur, le coefficient d’anamorphose des optiques doit être adapté. Ainsi, la nouvelle série Ultra Vista 70 propose un coefficient de 1,6 qui, combiné au capteur, donnera à la fin un « effet » similaire à une anamorphose conventionnelle x2, sur un ratio d’image de 2.76:1. Il s’agit toujours de jouer avec la culture visuelle et la perception du spectateur.

Sur le tournage de « Smiley », avec Pierre-Hugues Galien les metteurs en scène ne parlent pas de modelé, de structuration du plan dans la profondeur ou la troisième dimension (l’axe z, dans la profondeur de l’espace) : « On a juste l’impression que les comédiens ont plus de présence et qu’ils font un pas vers nous. Comme avec les courtes focales, on réussit à avoir des effets de modelé aussi beaux que sur des gros plans au 100 mm, on se rapproche des comédiens. Et filmer un comédien à trois pieds ou à six pieds change tout, on sent qu’on est plus avec lui. »

Attention toutefois à la stroboscopie, dont les effets sont encore un prix à payer pour les capteurs très définis. Patrick Leplat rappelle que : « en grands formats films on voulait accélérer le défilement pour l’atténuer, puisque la définition augmentait l’impression de saccade. Un capteur avec une définition importante a un impact sur le dynamisme de l’image, donc il faut faire attention à la vitesse des panoramiques, indépendamment de la taille du capteur. »

 

 

« Hyperdéfinition » et douceur vont de concert

Patrick Leplat précise : « À l’arrivée de la HD, on a confondu définition et dureté, or ce sont surtout certaines optiques qui avaient des caractéristiques de pertes de flou brutales et qui augmentaient le contraste de l’image, en plus de la compression. On a associé définition et contraste, or c’est faux ! Quand on ajoute de la définition (35,4 megapixels pour le capteur Monstro), l’image prend du volume et on perçoit l’axe z. C’est extrêmement nouveau. Il faut l’appréhender et savoir comment l’utiliser. »

Pour Pierre-Hugues Galien, « la qualité de modelé et de rendu des couleurs sur les visages est démentielle ! La chef costumière, Stéphanie Watrigant, a compris qu’avec ce grand capteur très défini, on est sensible aux effets de texture. Quand on a une séquence romantique, on met un pull en mohair avec des grands poils à la jeune fille pour que ça ait l’air doux. Maintenant on n’est plus obligé de mettre du mohair, on voit la différence entre cachemire et le mérinos. »

La performance colorimétrique du nouveau capteur est également déterminante pour le directeur photo : « J’avais le choix entre la DXL et la DXL2. Le capteur de la DXL2 est plus “propre” dans les basses lumières, mais le rendu des peaux est plus dur, et j’avais envie d’un film plus doux, plus rond ; après tout, il a des notes de comédie. Ce capteur a des qualités de séparation dans les tons chauds, et pour les peaux c’est plus agréable. J’aime les optiques et les capteurs très définis pour récupérer le plus de couleurs possibles. Les Primo 70 sont les optiques les plus définies que j’ai pu voir… ».

 

 

Ergonomie légère

Panavision mise sur la légèreté avec l’arrivée prochaine en France de la DXL-M, basée sur un corps Red DSMC2 et, elle aussi, équipée du module interchangeable Preston FIZ (Focus-Iris-Zoom) dont la connectique permet l’usage des commandes HF CMotion, RTMotion ou Arri LCS selon la préférence de l’assistant caméra. L’appli DXL2 Control permet les réglages caméra et l’enregistrement via smartphone. Les optiques motorisées Primo X (14 mm T3.1, 24 mm T1.6 et un zoom 24-70 mm T2.8) dépourvues de bagues sont destinées pour le moment aux plans drone ou gimbal. Les Primo 70 et leur déclinaison « Artiste » en magnésium sont plus légers que les optiques en métal.

Pierre-Hugues raconte que la configuration épaule et l’ergonomie du corps caméra lui ont fait retrouver les sensations de la Panavision XL en 35 dont la visée reflex ne lui a pas manqué, car la dalle HDR de la visée Primo (à lentille en verre), héritée des moniteurs Astro, avec ses 600 nits (maximum) et sa définition ajustable, ne dérive jamais et lui permet même de « poser le LOG à l’œil ! ». 

 

 

Plus de détails à découvrir sur le site consacré à la caméra : https://dxl.panavision.com/ notamment sur le système de gestion des couleurs Light Iron Color 2 développé avec la caméra.

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #31, p.20/22. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.