Cette acquisition va permettre à EVS de muscler son portefeuille et son offre sur les infrastructures de réseaux de diffusion. © DRL’arrivée de ce spécialiste des infrastructures de réseaux de diffusion et de médias reconnu internationalement permettra une gestion optimisée des ressources, une plus grande évolutivité et un déploiement plus rapide sur plusieurs sites… Avec des bénéfices immédiats pour des opérations en direct à distance…
Mediakwest : Pouvez-vous parler du pourquoi et du comment de cette acquisition ?
Serge Van Herck (CEO, EVS) : Pour EVS, l’objectif principal est de mettre en œuvre la stratégie décidée d’un commun accord à la fin de l’année dernière : nous avons en effet décidé d’élargir notre portefeuille de produits, que ce soit en développant nos propres solutions ou en faisant appel à nos ressources financières pour nous lancer sur des marchés existants par le biais d’acquisitions.
Nous sommes, à ce titre, convaincus que la fusion de nos deux entreprises sera très positive, puisque les forces d’Axon complètent très bien celles d’EVS : il n’y a pas de chevauchement entre nos gammes de produits, et nous servons le même type de clients.
Cette acquisition s’inscrit donc parfaitement dans notre stratégie, puisqu’elle nous permettra d’aider nos clients à proposer des workflows complets, et non des composants individuels. Voilà notre raisonnement chez EVS, et je laisse mon nouveau collègue vous parler du point de vue d’Axon.
Michiel Van Duijvendijk (CEO, Axon) : Bien sûr, le raisonnement d’EVS tient également pour Axon, mais dans le sens inverse ! Ces dernières années, avec la consolidation des entreprises du secteur, Axon est devenu un acteur relativement petit à l’échelle mondiale et il devenait de plus en plus difficile pour nous de rester pertinents sur le marché. C’est pourquoi nous avons souhaité faire partie d’un groupe plus important, et EVS nous permet cela. Grâce au réseau et à la renommée d’EVS, nos produits pourront ainsi faire leur entrée sur le marché nord-américain, qui est très important, mais sur lequel nous n’avions auparavant aucune présence.
La marque Axon sera-t-elle conservée ?
Peter Schut (CTO Media Infrastructure, EVS) : Nous prévoyons d’abandonner progressivement la marque Axon, notamment pour des raisons de reconnaissance du nom aux États-Unis et sur tout le continent américain. D’ailleurs, l’acquisition a été finalisée il y a un peu plus d’une semaine, et nous commençons déjà à voir un intérêt accru grâce au nom d’EVS.
Quant aux noms des produits Axon – Cerebrum, Neuron, Synapse –, ils seront conservés, d’autant plus que sur les marchés où nous sommes présents, les clients ont bien plus souvent à l’esprit les noms des produits que ceux des entreprises qui les proposent.
En élargissant son portefeuille, EVS aura maintenant plus de concurrents sur le marché. Qui sont-ils ?
S. V. H. : Ce seront plutôt les grands acteurs, à qui nous faisons une concurrence accrue depuis cette acquisition puisque nous disposons à présent de ressources permettant de conquérir une part plus importante du marché. Nous avions auparavant une offre plus limitée, ce qui faisait pencher la balance en faveur de nos concurrents qui possèdent un grand portefeuille de produits, mais l’équilibre est désormais rétabli et nous allons pouvoir leur faire une véritable concurrence. Je suis sûr que vous savez de qui je parle !
Comment va évoluer la situation pour Axon en ce qui concerne ses bureaux et ses réseaux de distribution en Europe ?
S. V. H. : Je tiens à le dire clairement : si nous avons réalisé cette acquisition, c’est parce que nous pensons qu’elle permet d’importantes synergies. Le but n’est pas la réduction des coûts, y compris en termes de personnel. Nous pourrons certes faire quelques économies, par exemple sur le marketing ou encore la location de stands sur les salons comme IBC ou NAB, mais le but de l’acquisition est de profiter des synergies pour augmenter les revenus des deux entreprises dans les années à venir.
Concernant la répartition géographique, Axon possède des bureaux à Gilze ainsi qu’une importante équipe au Royaume-Uni ; nous n’avons aucune intention de nous en débarrasser, et pensons au contraire les renforcer à terme.
Enfin, nous avons découvert qu’Axon avait plus d’expérience que nous en matière de distribution, et nous regarderons donc avec attention quelles sont leurs pratiques et quels enseignements nous pouvons en tirer : EVS pourra ainsi développer ses réseaux de partenaires à l’échelle mondiale.
P. S. : J’ajouterai que, dans le cas de fusions comme celle-ci, on voit souvent un chevauchement des produits ; cela peut donner lieu à des disruptions et à l’abandon de certains produits, ce qui soulève la question du sort des équipes en charge de ces produits. De plus, les fusions engendrent souvent des conflits dans les réseaux de distribution, puisqu’il faut choisir entre tel revendeur et tel autre. L’acquisition d’Axon par EVS ne pose pas ces problèmes, et c’est pourquoi elle était particulièrement souhaitable du point de vue stratégique.
Les deux entreprises ont une forte présence sur le marché du broadcast, tandis qu’EVS est peut-être plus spécialisée dans les évènements en direct ; envisagez-vous de conquérir d’autres marchés?
S. V. H. : Effectivement, les évènements en direct – notamment les rencontres sportives – représentent notre cœur de métier, même si nous sommes également entrés sur d’autres marchés comme les spectacles vivants ou encore les programmes d’actualité. Nous consoliderons notre position sur ces nouveaux marchés, mais EVS continuera de se concentrer sur le direct, qui est un environnement dans lequel la fiabilité et la performance sont très importantes : c’est dans ces domaines que nous apportons une grande valeur ajoutée à nos clients.
Les deux entreprises ont-elles remporté ensemble des contrats par le passé ?
S. V. H. : Nous avons souvent eu l’occasion de travailler ensemble, et nous voyons des clients dans le monde entier qui utilisent à la fois des équipements EVS et Axon, même s’ils n’ont pas été vendus ensemble. Peter en sait bien plus que moi là-dessus !
P. S. : En effet, nous connaissons Axon depuis de nombreuses années, simplement par le fait que nous avons des clients en commun. Nous avons également, à l’occasion, travaillé en collaboration sur certains projets qui l’exigeaient ; ces exceptions deviendront maintenant la règle, puisque nos offres sont complémentaires.
Énormément de projets ont besoin à la fois de nos solutions et de celles d’Axon (ou de solutions équivalentes proposées par nos concurrents), et nous simplifions l’offre proposée aux clients grâce à une consolidation de nos produits : les solutions de replay d’EVS, les solutions de traitement d’Axon et la surface de contrôle Cerebrum, très populaire auprès de ses utilisateurs. Il est intéressant de souligner, d’ailleurs, que Cerebrum prenait déjà en charge les produits d’EVS tout comme tant d’autres. De ce point de vue, les entreprises se « connaissent » depuis longtemps.
S. V. H. : De plus, les valeurs et la stratégie des deux entreprises sont très proches, puisque nous avons en commun le fait de mettre l’expérience utilisateur en priorité, devant la technologie et sa fiabilité. C’est pourquoi nous apportons un grand soin à nos relations avec les clients, ainsi qu’à l’assistance technique. La fusion d’Axon avec EVS sera donc d’autant plus facile que les deux entreprises partagent cette vision centrée sur le client ; elles présentent également une structure similaire, puisque le personnel de chacune est composé pour moitié d’ingénieurs, soit 240 chez EVS et 40 chez Axon.
Vous êtes de plus en plus actifs sur le développement de logiciels, mais vous continuez également de produire du matériel : prévoyez-vous de consolider vos opérations de fabrication ?
S. V. H. : Pour l’instant, il n’est pas prévu de changer la manière dont nos entreprises fabriquent leur matériel. Nous resterons bien sûr attentifs aux possibilités de réaliser des gains d’efficacité en alignant ou en améliorant les processus, mais, comme je le disais, avec cette acquisition nous ne cherchons pas nécessairement à réduire les coûts : ce qui fonctionne actuellement doit continuer de fonctionner. Or, quand on réorganise des opérations de production, il y a toujours un risque que les choses se passent mal ! Nous serons donc très prudents, car notre priorité est la continuité de l’activité et le respect des engagements que nous avons pris auprès des clients.
En termes de calendrier, y a-t-il de nouveaux produits que vous avez prévu d’annoncer ?
S. V. H. : Nous ferons bientôt une annonce sur le site d’EVS, et vous donnons rendez-vous le 26 mai pour un grand évènement de lancement d’un nouveau produit ! Je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant. En ce qui concerne la fusion d’EVS et Axon, certains produits sont très complémentaires, comme Cerebrum avec notre Score Master, et je serais heureux de laisser Peter vous en dire plus.
P. S. : Oui, c’est une intégration qui va vraiment de soi. Score Master est le SDN mis au point par EVS, mais il a besoin d’une surface de contrôle pour être utilisé. Nous avons donc déjà commencé son intégration avec Cerebrum. Il s’agira toujours de deux produits distincts sur le papier, mais leur fusion représente le mariage technologique parfait, sans difficultés d’intégration. Nous avions d’ailleurs commencé à faire la démonstration de cette synergie pendant une tournée en car-régie, il ne nous reste donc plus qu’à l’officialiser.
Le mot de la fin ?
S. V. H. : Eh bien, chez EVS nous sommes très heureux de voir notre équipe s’agrandir, et nous sommes convaincus que cela nous aidera beaucoup. La situation actuelle n’empêche en rien cette acquisition, et tous nos salariés restent en activité : cela illustre bien notre décision de continuer à vitesse de croisière !
Article paru dans Mediakwest #37, p. 138-140. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.
