Initié par la commission du film Ile-de-France, ParisFX affirme chaque année une place majeure dans l’exposition des talents français et internationaux issus des studios d’effets visuels. L’édition 2011 a largement mis en lumière la figure tutélaire et pionnière de Georges Méliès dont l’actualité est foisonnante : plusieurs livres autour de son film le plus connu Voyage vers la lune, la diffusion en salles de sa version couleur restaurée et, enfin, le long métrage hommage Hugo Cabret de Martin Scorsese. Cela valait bien une demi-journée entière ! Mais ParisFX demeure avant tout une vitrine des savoir-faire nationaux.
CUBE : une expérience cross-media made in Belgium
Sujet de toutes les attentions, le cross-media sur ParisFX était illustré par la présentation de Lionel Fages, co-fondateur du studio parisien, avec le projet Walibi, du nom des parcs d’attraction, situés en France, Belgique et Hollande. « Lorsque nous avons rencontré la Compagnie des Alpes », rappelle Lionel Fages, « leur problématique était de relooker l’emblème des parcs, un kangourou, pour qu’il évolue et soit plus en phase avec le public jeune actuel ». Rapidement, les équipes de Cube ont remis à plat le personnage, élaboré de nouveaux concepts pour proposer un film en 4D de 9’ avec de nouveaux personnages et une approche très musicale. Le film a été mis en scène par Rémi Chapotot et Antoine Rota, stéréographié par Michel Robaa. Le film est devenu une attraction très prisée par les visiteurs dès l’inauguration du parc en avril et ce dernier a enregistré, en mai 2011, une hausse de +137% des ventes en boutique ! Fort de ce succès, la Compagnie des Alpes souhaite faire de Walibi une licence globale, basée sur un projet cross-media, pour l’ensemble de ses parcs. Ainsi, deux clips musicaux, des publicités en 3Ds, et un manga ont déjà vu le jour et une série de 52×13’ est en développement.
Mikros, de plus en plus « Makros »
Mikros Image fait partie des quelques studios incontournables de la place de Paris et les quatre projets présentés à ParisFX l’illustrent parfaitement.
Hugues Namur a tout d’abord évoqué la conversion relief du film Immortals de Tarsem Singh, un péplum dans la lignée (visuelle) de 300. Tourné avec une caméra Genesis, le film a ensuite été confié à Mikros. « Nous avons effectué la conversion en nous basant sur des maps de profondeur dans Nuke, via des scripts qui opèrent des distorsions sur l’image et apportent cette capacité de conversion ». Au final, Mikros aura réalisé deux séquences majeures du long métrage, devenant, par la même occasion, l’étalon technique pour les autres prestataires.
Autre projet, la publicité Les hérissons pour Volkswagen qui a également nécessité une conversion relief : « la technologie employée sur ce film était assez hybride : pas de rig stéréo sur le tournage, décors à la fois naturels et sur fonds bleus ». Seuls 4 plans sont effectivement faits en stéréoscopie mais en utilisant une seule caméra filmant les plans à quelques centimètres d’écart de la précédente prise. Toujours côté publicité, L’ours (Canal+) a offert à Mikros un projet ambitieux puisqu’il fallait faire interagir une peau d’ours dans un environnement très divers avec de nombreux humains. Le tournage s’est déroulé avec un acteur plus ou moins grimé (pour les références des pattes antérieures notamment) et chaussé de bottes surélevées (pour que les regards des acteurs matchent bien en postproduction). Il aura fallu un mois de préparation (modélisation, recherche de texture, préparation du rendu de poil avec le moteur de rendu propriétaire Arnold) et deux mois de production pour parvenir à rendre crédible cet omnivore féru de cinéma qui n’est en fait… qu’une peau d’ours.
Enfin, l’assistance a eu droit en exclusivité à quelques images de Ghost Recon Alpha, un court métrage adapté du jeu éponyme de Ubisoft… et produit par l’éditeur de jeux vidéos. Sur les 900 plans du film, 250 ont été truqués (ajout de machines volantes, extensions de décors, effets atmosphériques, etc.) par les équipes de Mikros Image. La diffusion – on parle d’Internet, de W9 voire de salles de cinéma – interviendra en février 2012 et marque l’arrivée d’Ubisoft dans le club des producteurs de films.
Méliès et Cabret à toutes les sauces
Alors que le film le plus connu de Georges Méliès, Le voyage dans la lune, est actuellement en salles en version couleur restaurée, ParisFX a profité de la sortie concomitante de Hugo Cabret de Martin Scorsese pour mettre sur pied un après-midi complet consacré au magicien des effets visuels.
La société londonienne Nvizage a tout d’abord ouvert la session par une présentation de son travail de prévisualisation du film. Tout Paris a été reconstitué mais c’est la gare Montparnasse, décor principal du film, qui a suscité le plus d’attention. « Nous avons modélisé chaque élément du décor, des horloges (avec leurs mécanismes complexes) aux voies en passant par l’édifice si particulier en lui-même. Les équipes de Nvizage étaient également présentes sur le plateau avec leur système de prévisualisation de production virtuelle pour une meilleure appréhension de l’intégration des images numériques dans le champ de la caméra.
Ben Grossmann a ensuite déroulé le travail effectué, en qualité de superviseur VFX au sein du studio Pixomondo, sur les 600 plans truqués que compte le long métrage. En étroite collaboration avec Rob Legato, superviseur général des effets visuels, et Martin Scorsese « himself », Ben Grossmann s’est appuyé sur le réseau collaboratif de 10 des 11 sites de Pixomondo répartis dans le monde, de Francfort à Shanghai. « En disposant de près de 500 graphistes répartis dans le monde, nous avons été en mesure de produire des effets visuels en continu, 24/24 et 7/7, via Shotgun. Cet outil d’asset management (DAM) offre la possibilité de gérer l’intégralité d’une production en mode collaboratif, avec un format de fichier unique et des fonctions de versioning pour faciliter les validations de plans truqués ».
Enfin, la table ronde réunissant Pierre Buffin (BUF), Marc Caro, Franck Pettita (École Georges Méliès) et Craig Barron, auteur des matte-paintings de Hugo Cabret aura permis d’apporter un éclairage supplémentaire sur l’apport de Georges Méliès aux effets spéciaux, devenus depuis l’image de synthèse, les effets visuels. Roboratif mais très digeste…
En alternant études de cas français et internationaux, ParisFX a su trouver un rythme de croisière qui en fait l’un des outils majeurs de la promotion des talents VFX français. Et un vivier d’exemples à suivre pour les nombreux étudiants présents à la manifestation.
Crédits photos © Xavier Granet