Tour d’horizon des Plates-formes de monétisation VOD et sVOD

En octobre, nous avons entamé un tour d’horizon des plates-formes techniques françaises de monétisation des vidéos à la demande, un marché bien encombré au sein duquel chaque prestataire technique déploie ses atouts et spécificités. Après Libcast, iReplay.tv et Hubee - lire partie 1* - découvrons ici VOD Factory, Okast, Kaemo et autre Pixagility.
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VOD Factory, « pure player » du marketing digital de la VOD

S’il y a un acteur pour lequel le marketing de la VOD est un fer de lance depuis ses débuts il y a trois ans, c’est bien VOD Factory. Cette jeune société de prestation de services spécialisée a été fondée par Julien Vin-Ramarony, son actuel P-DG qui était précédemment directeur des contenus de SFR. VOD Factory est un des rares acteurs français à être présent en marque blanche sur les quatre principaux segments du marché de la vidéo transactionnelle : la gestion des droits, le marketing promotionnel, la conception web et la distribution sur l’ensemble des plates-formes IP.

Le savoir-faire de VOD Factory repose notamment sur un outil de gestion des droits des films et de gestion commerciale solide du type CRM, adapté à la réédition de comptes au sein de vastes catalogues et tenant compte des spécificités promotionnelles du marché de la VOD. Cela permet à VOD Factory d’être en mesure de gérer les droits de distribution de la VOD, sVOD ou de l’achat définitif de plus de 20 000 titres. Il gère notamment l’ensemble des films des portails VOD de SFR ou de la Fnac et se distingue par un marketing à la manière d’un site de e-commerce.

Pour la Fnac par exemple, le prestataire a conçu l’ensemble des sites et applications Fnac Play et gère l’animation marketing de la plate-forme. « Cela passe, comme le précise Julien Vin-Ramarony, par une mobilisation quotidienne de nos équipes marketing, car en matière de VOD, il faut stimuler l’achat du client final via des promotions permanentes, une politique tarifaire pro-active autour de package de plusieurs films, via des partenariats avec les studios de cinéma lors du lancement d’un nouveau film en VOD ou via des bonus associés à un film comme on le faisait encore il n’y a pas si longtemps pour le DVD, etc. En outre, il faut disposer de suffisamment de droits sur les films pour obtenir des deals favorables avec les majors. »

Julien Vin-Ramarony reste attaché aussi au marché du Pay-per-View même s’il lorgne du côté de nouveaux clients qui lancent des contenus payants par abonnement autour de thématiques éducatives ou liées à la remise en forme : « La sVOD à l’acte représente encore aujourd’hui les deux tiers des revenus sur le marché de la VOD, même si la sVOD progresse ». Dans ce registre, la composante marketing est basée cette fois sur la stratégie légèrement différente reposant sur la fidélisation du client plus que sur sa stimulation.

Côté technique, la particularité de VOD Factory est d’avoir aussi développé un savoir-faire en matière de conception de sites web et applications en Front End via un principe de navigation très visuel et immersif pour l’ensemble des terminaux de consultation OTT. En back-office, VOD Factory s’appuie sur des solutions de type cloud computing pour le stockage des fichiers mezzanine (Amazon), tandis que le CDN est délégué à LimeLight Networks.

La plate-forme de VOD Factory se caractérise par un certain nombre de contraintes sur les DRM, que ce soit en amont au niveau du workflow digital ou au niveau de la distribution. L’encodage des films disponibles en téléchargement est du Mpeg4 tandis que les films en streaming sont encodés dans le format adaptatif Mpeg Dash.

Une option technique avancée à laquelle tient Véronique Faugeras, la directrice technique de VOD Factory, « car elle permet de pouvoir adresser avec une qualité de service adéquate le marché de l’OTT, tout en disposant d’un seul profil encodage décliné ensuite de manière dynamique suivant les terminaux de consultation. Le Mpeg Dash a aussi le gros avantage, dans notre cas où nous sommes souvent obligés d’embarquer plusieurs DRM pour un même film, de permettre le “Common Encryption”, c’est-à-dire la possibilité, pour un même fichier mezzanine, de le distribuer avec plusieurs DRM comme Marlin ou Play Ready ».

 

La VOD et sVOD en mode freemium

Dans l’univers déjà encombré des plates-formes d’hébergement, monétisation et distribution des vidéos en ligne, de nouveaux entrants tentent depuis un an de se faire une place au soleil de la VOD et de la sVOD en proposant des modèles économiques largement basés sur le partage de revenus avec les ayants droits.

 

Lancé il y a tout juste un an, Okast propose aux producteurs de films principalement de concevoir, pour un site web ou dans leur propre site, un module complet présentant en quelques pages les films disponibles en VOD. Peu gourmand financièrement parlant, Okast demande en échange de ce service à chaque ayant droit présent sur la plate-forme (une vingtaine de producteurs clients actifs aujourd’hui) seulement 10 % de partages de revenus après les frais de transaction.

Cet automne, faisant monter en charge progressivement son offre, Okast proposera également une offre payante nécessitant un ticket d’entrée accessible pour les ayants droit disposant d’un catalogue VOD plus important. L’objectif de Okast est d’accompagner les éditeurs en devenir qui ont déjà généré une audience sur YouTube, Vimeo ou Dailymotion et de leur fournir une passerelle simple vers la monétisation de leur contenu.

La clé de voûte d’une telle offre repose aussi sur la mesure précise des audiences que Okast adresse via un partenariat technique avec le spécialiste de l’analyse de données Flamefy, comme ce fut le cas récemment autour du lancement en VOD du film Les Vilains. FlameFy apporte son approche dynamique de la mesure d’audience qui permet d’évaluer très précisément et en temps réel les comportements de consommation des internautes vis-à-vis d’un film disponible en VOD. De la même manière, Okast tente d’autres développements techniques avec, en préparation pour la fin 2016, une version élargie de sa plate-forme d’édition, afin de pouvoir proposer des modules de monétisation sous forme d’applications mobiles ou Chromecast.

 

Autre nouvel entrant dans la danse des plates-formes de monétisation VOD et sVOD basées sur le modèle Fremium, la start-up nantaise Kaemo propose quant à elle le déploiement rapide en quelques clics d’une plate-forme VOD en SaaS dans une approche inspirée des méthodes du e-commerce.

L’origine de Kaemo est d’ailleurs étroitement liée à celle des outils de e-commerce, puisqu’il y a quatre ans, Philippe Sang, ancien lead développeur de PrestaShop, a commencé par créer « PrestaVOD », une extension du fameux CMS de boutiques en ligne Prestashop, mais adapté à la vente de contenus vidéo. Des experts dans le domaine artistique se sont appropriés Presta VOD pour monétiser des tutoriels pédagogiques en ligne et déjà des catalogues de films.

Face au succès de cette extension de Prestashop (plusieurs centaines de licences vendues), Philippe Sang a très vite été rejoint par Pierre Antoine et ils décidèrent ensemble de créer Kaemo, leur propre solution e-commerce nativement orientée VOD. Le duo fait des choix techniques judicieux en s’interfaçant avec les solutions d’hébergement d’Amazon et de paiement en ligne Stripe, afin de disposer d’une plate-forme évolutive. Et, en 2015, la clientèle de Kaemo se développe de manière plus nette vers des groupes médias, des réalisateurs de courts-métrages, des producteurs indépendants et toujours des créateurs de tutoriels attirés par l’autonomie d’édition que procure cette nouvelle plate-forme vis-à-vis des autres solutions du marché.

Les tarifs aussi séduisent par leur progressivité avec un abonnement de base commençant à 29 euros par mois et un partage de contenus dégressif qui oscille entre 10 et 6 % du montant des ventes. Le coût de départ étant très peu élevé, y compris concernant l’encodage et l’hébergement, certains éditeurs de portails VOD s’engouffrent aussi dans cette nouvelle opportunité de valorisation de leurs actifs… à moindres frais. Il suffit pour l’éditeur de se concentrer sur l’attractivité de ses contenus afin de susciter l’achat de l’internaute.

Fort de cette approche commerciale relativement innovante dans le monde de la VOD française, nos deux associés ont séduit des investisseurs, comme ABAB, Bamboo, Siparex et la BPI. Ils disposent désormais des moyens humains suffisants pour renforcer durablement la base technique de Kaemo (base framework Synfony) et en faire une solution pour plate-forme de VOD à part entière intégrant des fonctionnalités toujours plus évoluées, comme la possibilité pour les clients de disposer de templates entièrement personnalisables à leur image.

Côté hébergement, Kaemo, a choisi une approche largement basée sur le Cloud d’Amazon Web Services qui lui permet de proposer un hébergement robuste et scallable. La société dispose également de connecteurs API permettant de relier un hébergement vidéo existant du type Vimeo Pro, Infomaniak ou Amazon CloudFront à la plate-forme Kaemo.

Aujourd’hui, 40 % de la clientèle de cette jeune start-up est constituée d’éditeurs basés à l’étranger, mais elle attire aussi quelques belles références hexagonales comme récemment la nouvelle plate-forme Outbuster, un portail VOD cinéma singulier par sa ligne éditoriale reposant principalement sur des films inédits recommandés par le bouche à oreille. Outbuster.com a été imaginé et créé par Étienne Metras, ancien de MyTF1 VOD. Une autre expérience nouvelle de la VOD à suivre…

 

Pixagility mue dans le Cloud et s’implante en Afrique  

Parmi les plates-formes techniques d’hébergement et de distribution de contenus vidéo, la société Pixagility se définit depuis ses débuts en 2010 comme une plate-forme multiservice innovante, ayant un pied dans le monde broadcast et un autre dans la distribution numérique qu’elle soit VOD, sVOD ou de télévision de rattrapage. Cela réussit plutôt bien au prestataire parisien, car tout en amorçant actuellement sa mue vers une offre de services dans le Cloud pour ses clients existants et des nouveaux, Pixagility se développe à l’étranger avec de nouvelles références, mais surtout la création d’une filiale à part entière en Côte d’Ivoire à Abidjan PixAfrica.  

PixAfrica repose sur une nouvelle plate-forme multi-services vidéo mise en place depuis plusieurs mois, qui entend devenir la référence en Afrique subsaharienne. PixAfrica est tout d’abord un hub audiovisuel africain en lien direct avec l’Europe via une fibre optique bidirectionnelle que Pixagility manage depuis Paris. Cette fibre, couplée avec les téléports parisiens du prestataire, va permettre à PixAfrica d’envoyer et recevoir des centaines de chaînes TV francophones et anglophones entre l’Europe et l’Afrique.    

 

* Cet article est paru en intégralité pour la première fois dans Mediakwest #18, pp.62-65. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici  

La première partie de cet article est accessible ici


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