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Polycom: la visioconférence, des salles de télé présence aux terminaux mobiles, en passant par Lync

Entretien avec Gérard Béraud-Sudreau, vice-président ventes de Polycom pour la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal.
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Mediakwest : Quelle est l’origine de Polycom ?

Gérard Béraud-Sudreau : Polycom a été créé en 1992 en fabriquant des terminaux d’audio conférence. Ses produits sont basés sur de la R & D autour du traitement de la voix et de l’annulation d’écho. En 1998, Polycom rachète PictureTel, spécialiste de la visioconférence, et y intègre tout son savoir-faire audio. Nous continuons à développer des terminaux vocaux qui ont évolué vers la téléphonie sur IP dès 2001. Nous sommes 1er sur le segment des téléphones Open SIP et le 3e vendeur de téléphones toutes technologies confondues.

 

MK : Et plus particulièrement du côté de la visioconférence ?

G.B.S. : Côté visioconférence, nous avons fait évoluer les salles et les meubles vers les salles de télé présence. Le but est de donner l’impression que les interlocuteurs sont réellement présents dans la salle. En 2009, la direction de Polycom amène une nouvelle vision du marché, orientée vers le développement produit. Face au rachat de Tandberg par Cisco et à la taille de ce dernier, il paraît alors primordial de s’allier à un partenaire d’une taille similaire. Polycom développe, dans ce but, une alliance privilégiée avec Microsoft qui conduit à des échanges de technologie et des développements communs. Cela se traduit par l’installation d’outils logiciels de l’un dans les produits de l’autre et vice-versa. Ainsi notre gamme de terminaux CX fonctionne en mode pure Lync. Inversement l’environnement Visual Basic de Microsoft a été enrichi avec des modules Polycom.

 

MK : Pouvez-vous détailler le fonctionnement de Lync ?

G.B.S. : Lync est une plateforme unifiée de communication destinée aux entreprises et intégrée aux outils de Microsoft. Il faut distinguer trois niveaux. C’est d’abord un outil de messagerie instantanée (IM) et d’échanges de contenu, comme d’autres outils de Chat. Lync se développe beaucoup dans les grands comptes. À un second niveau, s’ajoute la fonction de téléphonie en IP pour communiquer avec l’extérieur en remplacement de l’autocom traditionnel. Au niveau le plus élevé ce sont les fonctions de visioconférence vers et depuis l’extérieur. Dès le premier niveau, les utilisateurs de Lync communiquent en audio et en vidéo, mais cela reste cantonné aux PC et terminaux équipés en Lync. Avec le troisième niveau, on généralise la visio à l’ensemble des terminaux dédiés, aux meubles de visio et aux salles de télé présence, tout en profitant des fonctionnalités de Lync, comme l’annuaire des correspondants ou le planning des réunions.

 

MK : Mais n’y a-t-il pas un risque que Microsoft vienne vous concurrencer directement ?

G.B.S. : Cela démocratise l’usage de la visio. Mais la qualité reste limitée par les éléments intégrés dans le PC, caméra, micros, etc. Dès que l’on souhaite travailler en groupe, on a besoin d’équipements plus performants. Et si l’infrastructure grandit, l’usage augmente et il faut ajuster les moyens dédiés en termes de ressources et de calcul. On constate ainsi deux mouvements : des clients qui utilisent déjà nos systèmes de visioconférence, meubles ou salles et qui souhaitent les intégrer dans Lync pour profiter de ses avantages. Et, à l’inverse, des utilisateurs de Lync qui veulent étendre le réseau de visioconférence et renforcer ce mode de communication.

 

MK : Mais comment établir une visio avec un terminal non équipé de Lync ?

G.B.S. : Nous n’avons pas attendu Lync pour développer l’accès depuis les terminaux individuels. Il y a le logiciel Real Presence Desktop pour PC et Mac et Real Presence Mobile pour les smartphones et les tablettes.

 

MK : Ce type de logiciel n’est-il pas concurrencé par Skype ou Hangouts ?

G.B.S. : Nos solutions permettent d’établir des communications de qualité et cryptées. La notion de sécurité est de plus en plus importante pour les entreprises. Google avec Hangouts et Skype vont du grand public vers l’entreprise alors que nous, nous faisons la démarche inverse. Sortir de l’entreprise pour aller vers des terminaux extérieurs est indispensable. Je pourrais citer ainsi la DRH de l’opticien Afflelou qui réalise des entretiens d’embauche à distance grâce à Cloud Axis. C’est une extension logicielle de notre plateforme RealPresence pour accéder, via un navigateur, au réseau de visioconférence de l’entreprise. On est clairement sur une stratégie de développement de logiciels plutôt que de hardware. C’est le sens du marché : aller de plus en plus vers des solutions logicielles qui tournent dans des environnements virtuels type VMware et des solutions de type cloud avec des infrastructures hébergées par une tierce partie.