Toutefois, afin d’asseoir son ambition, le co-fondateur français de Qwest TV a décidé d’être disruptif sous deux autres angles : en s’adjoignant les services de FlameFy-Okast, un prestataire spécialisé dans la recommandation personnalisée de contenus vidéo et en lançant une campagne de crowdfunding en vue de générer une empathie et un lien fort avec son futur public, avant même le lancement de la chaîne. Qwest TV a choisi la plate-forme de crowdfunding internationale, KickStarter et un montant de financement sous forme de pré-abonnements à sa chaîne.
Pour avoir une chance de pouvoir surfer sur la dynamique communautaire, il a pu s’appuyer aussi sur la notoriété de Quincy Jones et de ses équipes qui n’ont pas hésité à faire de beaux cadeaux aux internautes-donateurs. Qwest a ainsi proposé des offres allant d’abonnements promotionnels d’un an pour 50 euros (au lieu de 74 euros) jusqu’à des contributions de 8 500 euros en échange entre autres d’un disque d’or signé de Quincy Jones. In fine, cette phase de crowdfunding, qui n’a duré guère plus d’un mois entre septembre et octobre 2017 et qui avait pour but de réunir 75 000 euros de fonds de donateurs privés, a fédéré 1 013 contributeurs qui se sont engagés à hauteur de 142 556 euros dans la future chaîne ! Cette campagne de crowdfunding a aussi permis de sonder de manière précise quel serait le public de la chaîne. Il a été constaté notamment que 70 % du public est basé hors de France et que les abonnés japonais sont parmi les plus nombreux à avoir manifesté un intérêt pour Qwest TV avant même son lancement. Cela a eu notamment comme conséquence que le prestataire technique de distribution Okast a rajouté une version linguistique en langue japonaise, ce qui n’était pas prévu au départ.
Côté technique justement, Qwest TV, qui s’est lancée le 15 décembre 2017, a fait appel à Okast la filiale de FlameFy, pour gérer la distribution et la monétisation de son service de sVOD sur l’ensemble de la planète. Une alliance qui tombait à point nommé dans le plan de marche de Okast, car la plate-forme OTT s’est fortement consolidée technologiquement depuis le rachat par FlameFy. Okast dispose par exemple depuis peu d’une offre de CDN principalement basée sur le service Cloud Front proposé par Amazon, mais aussi sur un CDN conçu par un acteur américain moins connu, Phoenix.
« Ce CDN offre, d’après Cédric Monnier, PDG de FlameFy/Okast, des performances tout à fait pertinentes concernant la distribution des live aux quatre coins de la planète. Nous avons pu mesurer sa rapidité de mise en œuvre de la distribution des live lors de retransmissions en live de matchs de box ». De même, Okast a renforcé les fonctionnalités de son player compatible désormais avec le 4K et la vidéo 360 ° et surtout capable de gérer des bitrates particuliers comme ceux élevés demandés par un client comme Qwest TV. Au niveau de l’encodage des vidéos, Okast utilise ses propres encodeurs sur base PC pour des encodages très volumétriques, tandis que pour les débords de charge il lance volontiers des sessions d’encodage sur la plate-forme d’AWS Elementals.
Afin d’intégrer l’ensemble des fonctionnalités de gestion de la donnée et les analytics à l’offre OTT Okast, Cédric Monnier et ses équipes ont dû développer une nouvelle plate-forme de distribution sur la base de la technologies « Docker » qui agrège des micro-services au fur et à mesure que ceux-ci sont disponibles. Okast a également investi dans une console de monitoring du type Kubernetes de Google particulièrement performante pour alerter sur les problèmes de charges au sein d’une plate-forme OTT et facilement adaptable à une architecture de services basée sur la technologie de containers Docker.
Un modèle économique progressif reposant exclusivement sur les abonnements
Pour le moment Qwest TV compte une centaine de programmes sur le service qui seront enrichis au fur et à mesure à raison d’un programme nouveau chaque jour. Ainsi, après un an et demi le service SVOD devrait mettre en ligne l’ensemble de son catalogue de 400 heures et espère atteindre en rythme de croisière de près de mille heures de programmes accessibles à terme sur la plate-forme. C’est aussi ce qui permet à Reza Ackbaraly de penser qu’au-delà de ses futurs abonnés grand public qui paieront peu ou prou 8 euros par mois, il y aura un autre pilier de son modèle au travers des abonnements collectifs de la part des bibliothèques universitaires ou de grandes médiathèques qui pourront ainsi disposer d’une véritable base de données vivante (l’objectif est d’abonner 300 institutions de par le monde d’ici à trois ans).
Pour séduire cette clientèle plus exigeante, Qwest TV pourra notamment s’appuyer sur le fait que l’ensemble de ses programmes sont indexés de manière très précise, grâce à des fiches textes associées aux programmes rédigées par des journalistes spécialisés dans le jazz. Tandis que FlameFy est en train de coupler cet enrichissement des médias via des métadonnées avec un système de recommandation basé sur le parcours utilisateur. Pas de doute, l’innovation est au cœur de ce projet.
* Article extrait de l’article “La planète IPTV et OTT continue de tourner” paru pour la première fois dans Mediakwest #25, p. 82-87. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.
** Retrouvez notre tour d’horizon dans nos articles sur l’IPTV et l’OTT concernant Myvideoplace.tv et les sociétés Molotov, Hubee, Pixagility, et Millimages…
*** Retrouvez l’interview vidéo de la WebTV Satis 2017 de Reza Ackbaraly, cofondateur de Qwest TV pour plus de détails ainsi que celle de Cédric Monnier, fondateur de la société Flamefy !