Rencontres cinématographiques de Dijon : interview de Viviane Reding, ex-membre de la Commission européenne (Web TV)

Membre de la Commission européenne de 1999 à 2014, Viviane Reding aura assuré dix ans de responsabilité dans le secteur du cinéma européen. Très à l’écoute du cinéma français, elle a pendant cette période développé une relation de proximité avec les auteurs. Présente l’année dernière sur les Rencontres de Dijon de l’ARP, elle nous a livré ses réflexions sur le droit d’auteur, la nécessité d’une nouvelle méthode de rémunération, le piratage lié à l’Internet, la « diversité culturelle. Une belle rencontre à découvrir à la veille des Rencontres Cinématographiques de Dijon 2016 qui démarreront demain...
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Votre sentiment sur les 25 ans qui se sont écoulés…

« Au début, il fallait vraiment réconcilier le cinéma français avec l’Europe, parce que les Français avaient un peu l’impression que c’était un combat contre Bruxelles, jusqu’au moment où ils ont compris que c’était le combat de Bruxelles pour le cinéma. Et il y avait une évolution, dans ces années, de cette concentration sur soi-même en France vers l’ouverture, vers les autres. Et de faire le cinéma européen dans sa diversité, ensemble, pour avoir plus d’efficacité. Je pense que ça, c’est la chose la plus importante qui s’est faite par le passé.

 

Au final, « l’exception française » est-elle une bonne chose… ou pas ?

Il n’y a pas une « exception française », il y a la diversité culturelle qui, elle, mène à des politiques spécifiques. Par exemple, en 2001, j’ai réussi avec Mario Monti, qui était alors commissaire à la concurrence, à utiliser cette diversité culturelle pour faire une exception aux règles d’aides d’État. Les aides d’État étaient interdites, mais elles ont été permises pour soutenir la diversité culturelle qui, elle, a été inscrite par la suite dans les traités de l’Union européenne. Cela, pour que tous les responsables politiques, à quelque niveau qu’ils soient, aient la possibilité de prendre des mesures spécifiques pour aider le cinéma.

 

Pensez-vous que le droit d’auteur est fragile ou qu’il va se pérenniser ?

Le droit d’auteur est indispensable parce que, comme tous ceux qui travaillent, tous ceux qui créent, les auteurs, doivent aussi pouvoir vivre de leur création. C’est un métier, il faut le préserver. Bien sûr, ce droit d’auteur et toute la création du cinéma ont été terriblement mis en danger par le piratage et qui, lui, est lié au monde de l’Internet. Il y a eu un changement des méthodes de distribution, de la méthode avec laquelle l’œuvre va à celui qui en jouit. Il faudra, à mon avis, prendre des mesures beaucoup plus strictes pour permettre aux auteurs, aussi à l’avenir, de vivre de leur travail. Notre monde n’a plus de barrière physique, il faut faire avec ce monde et prendre des mesures qui couvrent toute l’Europe.

 

…Suite des propos dans l’interview WebTV