Retransmissions sportives – Plongée dans le monde des intermittents (suite…)

Comment sont gérés les effectifs internationaux ? Suite et fin de notre plongée dans le monde précaire et hétérogène des intermittents qui travaillent à la retransmission des compétitions sportives.*
3_assistantvideoinstallantcamera_OK.jpg

 

Coupe du monde de football, Jeux olympiques, Mondiaux d’athlétisme… Tous ces événements, parmi d’autres, entraînent des flux de main-d’œuvre dont la gestion est pour le moins « complexe », de l’aveu même de Franck Choquard. En cause, le nombre de nationalités impliquées (quarante-huit dans le cas du dernier Mondial de football) et les grandes disparités d’un marché à l’autre, y compris dans les salaires journaliers, mais aussi les accords bilatéraux signés, depuis 2012, entre la Suisse, où les principaux radiodiffuseurs hôtes ont leur siège, et l’Europe.

« Nous devons être extrêmement attentifs, en tant que société de droit suisse, à l’engagement de personnels européens, dans la mesure où cela nous oblige le cas échéant à les déclarer et à les assujettir nous-mêmes au régime social de leurs pays de résidence. Ce qui n’est pas à notre avantage, d’une part parce que cela représente une surcharge de travail certaine, d’autre part parce que les charges sociales, typiquement pour des personnels français, sont beaucoup plus élevées qu’en Suisse et, enfin, parce que cela nous expose au plan fiscal ou légal. Il est donc primordial pour nous de bien clarifier la relation contractuelle », décrypte le directeur général d’Eurovision Production Coordination (EPC).

Du coup, EPC qui, comme en 2015, peut faire travailler directement ou indirectement plus de 500 personnes, s’appuie sur une équipe de permanents et bénéficie aussi de l’accès au pôle de consultants de l’UER (environ une vingtaine de production manager, techniciens, etc.), quand elle n’utilise pas des free-lances ou des sous-traitants. Ces derniers proposent une solution globale et sont, soit des prestataires audiovisuels, soit des organismes membres de l’UER, comme la télévision publique espagnole (TVE) qui, en 2015, pour le Championnat du monde de natation en Russie, dépêcha cinquante collaborateurs, sur un staff opérationnel de quelque 350 personnes représentant, hors permanents, une masse salariale de plus d’un million d’euros.

Selon ses besoins, EPC puise dans un fichier de plus de mille noms. Pour autant, « certaines années, nous avons des difficultés à recruter, car OBS pour les Jeux olympiques et HBS pour le Mondial de football font travailler beaucoup de monde et ont les mêmes contacts que nous », indique Franck Choquard. Certaines fonctions temporaires, comme responsable technique de site, sont ainsi assurées par des free-lances internationaux, dont certains vont d’événement en événement.  

De son côté, Host Broadcast Services (HBS) fait également appel à des prestataires qui gèrent les aspects nationaux de leurs personnels, et crée par ailleurs une structure temporaire de droit local réunissant une équipe mixte, plus ou moins nombreuse selon les cas, de travailleurs locaux et internationaux.

À l’instar du dispositif d’aide au reclassement professionnel initié dès l’automne 1997 par TVRS, l’opérateur hôte du Mondial 98 en France, « nous avons mis sur pied des programmes d’outplacement pour les personnels ayant régulièrement travaillé pour nous, même si, au fil du temps, certains CDD, employés soit par notre siège en Suisse, soit par notre société d’ingénierie implantée à Boulogne-Billancourt, se sont transformés en CDI pour des postes clés », éclaire Francis Tellier, patron de HBS.

 

* Cet article est paru en intégralité pour la première fois dans Mediakwest #18, pp.78-81. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici 

 La première partie de cet article est accessible ici, la deuxième là