SATIS 2012 – Tournage éco-responsable : utopie ou réelle avancée ?

Est-il plus économique de rendre un tournage écologique ? À cette question de prime abord triviale, Olivier-René Veillon, directeur de la commission du film Ile-de-France, répond par un « oui » franc et massif : il faut dire qu'il est l'un des initiateurs d'Ecoprod, une démarche menée conjointement par différents partenaires pour soutenir cet état de fait. « Ecoprod est le fruit d'une collaboration entre la commission du film, et au fil des années, d'Audiens, de l'Ademe, du CNC, de la DIRECCTE IDF, France Télévisions, le Pôle Média Grand Paris, la région PACA et TF1 ».
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À ce jour, le collectif a mis en ligne sur son centre de ressources www.ecoprod.com, des fiches pratiques, un calculateur carbone dédié (Carbon’Clap), des témoignages, des études et des chiffres-clés. Le collectif Ecoprod peut accompagner concrètement des productions qui souhaitent réduire leur empreinte écologique. Ecoprod est aussi présent dans les principaux évènements de communication du secteur : festivals, conférences, tables rondes…
Certes, mais le lien avec les professionnels est-il avéré ? Il semblerait que l’initiative ait séduit car plus de 400 (producteurs, diffuseurs, techniciens, etc.) se sont enregistrés sur le site et font part de leurs expériences en la matière.

Minuscule : quand Futurikon pense « green attitude »
Parmi celles-ci, la production du long métrage produit par Futurikon, Minuscule : la vallée des fourmis perdues, est exemplaire. « Le film hybride, mixant prises de vues réelles et images de synthèse, a été tourné dans les parcs naturels des Écrins et du Mercantour », explique Mylène Ollivier, productrice exécutive sur le film. Tous les films peuvent-ils être éco-responsables ? «Cela varie en effet d’une production à une autre mais, globalement, tous les projets peuvent avoir une éthique environnementale et sociale. Sur Minuscule, au-delà de la démarche de Futurikon, il y avait le sujet qui se prêtait naturellement à des éco actions ».
La production, au terme d’un long travail de préparation intégrant la démarche, ses éventuelles contraintes et la faisabilité – tourner dans un parc naturel relève de la gageure – a mis en lumière quatre sources majeures d’impact environnemental. «Nous nous sommes attachés à tout ce qui a trait au transport de personnel et de matériels. Il s’agissait pour nous de réduire considérablement ce poste via des transports en commun, des logements proches des lieux de tournage, etc. ». Le second point visait l’éclairage, poste de consommation important dans une production : la majeure partie du tournage s’est faite en lumière naturelle et seul un dispositif allégé a été utilisé. Enfin, la partie décors (fabriqués) a été réduite au minimum (avec un recyclage post-tournage) et la table de régie elle aussi contrainte au régime sec.
L’aspect économique et social n’a pas été oublié. La production a ainsi fait le choix de privilégier la consommation et les achats de produits locaux, de favoriser l’emploi local et de permettre les synergies autour du film avec les Parcs nationaux et les acteurs de la protection de la nature.
Nous sommes donc loin d’une touche cosmétique de green washing avec cet exemple (et beaucoup d’autres en France) : c’est bel et bien toute une production qui a été pensée dans une optique éco-responsable. À la clé, des effets directs et indirects, économiques – « oui, nous avons réalisé des économies sur le budget » – et communicationnels.

Deauville Green Awards : le « vert » luisant
Avec les Deauville Green Awards, Jean-Charles Pentecouteau a souhaité mettre en lumière ces initiatives de tournage éco-responsable, orientés développement durable. « Les productions sont nombreuses et issues du monde entier », explique celui qui, déjà avec Framepool, la banque d’images télévisuelles, a mis le recyclage de stockshots à l’ordre du jour.
La seconde édition se déroulera du 16 au 18 avril 2013 (à Deauville) avec de nombreux films (documentaires, reportages, fictions) intégrant cette démarche ; l’an passé, 160 films avaient été présentés.
Et comme il convient de montrer l’exemple, les DGA 2013 s’attachent à réduire l’impact environnemental de la manifestation au travers d’un lieu répondant aux normes environnementales, un traiteur utilisant des denrées locales et équitables. De même, la majeure partie de la communication sera dématérialisée et de nombreuses incitations (covoiturage, transports en commun) seront effectuées auprès des participants.

En guise de conclusion, Olivier-René Veillon souligne l’émergence de partenariats internationaux autour de ces enjeux environnementaux et ajoute : « Lorsque vous avez des producteurs aussi importants que Lagardère Entertainment qui s’investissent dans l’éco-production (avec la série Jo avec Jean Reno), vous avez l’une des nombreuses illustrations que l’éco-production n’est pas un effet de mode ou de manche. »
C’est tout ce qu’on peut espérer…


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