Pour le choix de la monture, Blackmagic semble avoir compris qu’il ne suffisait pas d’être compatible avec les optiques Canon EF pour récupérer des clients. Le choix de la monture Micro 4/3, dont Olympus et Panasonic sont les créateurs, est judicieux car il permet, grâce à la faible distance entre la monture et le capteur (17mm), de monter à peu près toutes les optiques existantes ou presque. Blackmagic design a choisi un capteur plus petit que la moyenne, et positionne ainsi cette Pocket caméra comme une caméra Super 16. C’est un des soucis de ce produit: comme pour la première édition, la corrélation entre la monture et le capteur est un peu étrange car à moins de posséder des optiques dédiées Super 16 cela peut devenir vraiment problématique. Il faut prendre en considération un coefficient multiplicateur de x3 : ainsi si vous montez un 50 mm cela transformera l’angle de prise de vue en un équivalent 150 mm. Le consortium Micro 4/3 a déjà intéressé plusieurs fabricants d’optiques, que ce soit Carl Zeiss, Leica, Panasonic, Olympus Zuiko, Sigma, Voigtlander, etc. Le parc existant est assez vaste mais les grands angles sont peu nombreux, et ceux qui existent, notamment le zoom 7/14mm f:4 de Panasonic, déforment beaucoup les verticales sur les bords.
Prise en main
Pour ce qui est du « form factor » de la caméra, c’est assez paradoxal : proposer une Pocket Camera ambitieuse c’est bien mais si on prend on considération que pour pouvoir l’utiliser pleinement il va falloir l’accessoiriser… cela la rend tout de suite moins « pocket ». La caméra est dotée d’un écran qui est assez grand et qui propose une bonne qualité d’image mais elle est dépourvue de viseur, ce qui imposera dans de nombreux cas son rajout. Et les accessoires sont parfois plus chers que la caméra elle-même.
L’ergonomie logicielle est en tout point similaire à la grande soeur, dotée du capteur 2.5K, les menus sont identiques sauf l’écran qui n’est pas tactile. On notera au passage que certaines fonctions auraient nécessité un accès direct, notamment la sensibilité ou le shutter. Mais il est vrai que vu la compacité de la caméra, il est difficile d’y ajouter beaucoup plus de boutons. Il n’y a pas d’autofocus pour le moment, cette absence est compensée par la présence d’une fonction d’assistance à la mise au point qui surligne les endroits de l’image où la mise au point est bonne (peaking) et un zébra paramétrable pour gérer son exposition. La cellule est pour le moment totalement inexploitable, elle se cale toujours sur les hautes lumières. Autre point négatif, il n’y a aucune fonction de magnification pour pouvoir vérifier son point comme c’est le cas sur la majorité des caméras actuelles. Ce zoom dans l’image est bien pratique pourtant. Espérons que Blackmagic corrigera ces petites erreurs par le biais d’une prochaine mise à jour logicielle. Pour le moment la Pocket camera ne peut enregistrer que du Quicktime en Apple ProRes 4:2:2 sur une carte SD. Attention, celle-ci doit être très performante car le débit supporté est assez musclé. Après avoir testé plusieurs cartes, seule la SanDisk Extreme Pro 95mb/s fonctionne correctement et ne produit pas de pertes d’images. Pour aller taquiner la qualité supérieure des ténors du marché, Blackmagic Design, comme sur le modèle 2.5 K, propose d’enregistrer en « mode Cinéma ». C’est tout simplement ce qu’on appelle un « log » : l’image est donc très neutre, totalement désaturée et très peu contrastée ce qui permettra d’avoir plus de latitude de correction à l’étalonnage. De ce côté, c’est une vraie réussite. Le constructeur annonce une mise à jour prochaine du logiciel interne qui permettra d’utiliser une version compressée du Cinema DNG, format RAW universel et open source lancé par ADOBE et choisi par d’autres constructeurs comme AATON ou Digital Bolex. Attention cependant il faut préciser que le poids des images est très élevé : une carte de SDXC de 64 Go enregistrera un peu moins de 40 min de HD 1080p25 alors qu’en RAW on devrait être à 15min environ. La Pocket Camera n’est pas destinée à toutes les applications car, pour tirer pleinement parti de la qualité des images, il faut passer par un étalonnage.
En conclusion
Cette caméra est assez paradoxale : d’un côté elle donne une image d’une très bonne qualité, un codec professionnel par rapport à ce qui se fait sur les DSLR mais une ergonomie et des petits défauts de jeunesse la rendent difficile à utiliser. Toutefois le prix de 800 € HT peut inciter à quelques concessions.