Sébastien Devaud, OUT of TUNES, exercice de styles en Canon C300

Sébastien Devaud, réalisateur depuis plus de quinze ans, est un touche à tout polyvalent et talentueux. Il y a quelques années la sortie du Canon EOS 5D MkII lui apparaît comme une révélation, et lui apporte une nouvelle source de créativité. Passé maître dans l’utilisation des HDSLR il vient de tester grandeur nature la caméra EOS C300 de Canon, en réalisant un court-métrage graphique, qui explore le nouveau champ des possibles.
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Médiakwest : Vous avez pu être l’un des premiers à tester le C300 en avant première, quelle est la première impression que vous avez eu lorsque vous avez regardé les premières images ?

Sébastien Devaud : Une sensibilité hors du commun, une dynamique de l’image et un piqué très impressionnants.

 

M : Vous avez l’habitude de tourner avec des DSLR, en quoi le C300 est différent ?

S.D : L’EOS C300 constitue le point d’entrée de Canon dans le milieu cinématographique avec son excellent capteur S35 (qui diffère complètement des formats des reflex EOS) et le modèle en monture PL associé à la nouvelle gamme optique PL mais c’est aussi concernant le modèle en monture EF, la réponse et la solution « Caméra » à tous les utilisateurs du mode vidéo des DSLR. L’ensemble des problématiques rencontrées pendant trois ans avec des appareils photos (aliasing, bruit dans les basses lumières, rolling shutter et surchauffe) deviennent obsolètes avec cette caméra ! En revanche les atouts qui ont contribués à la révolution HDSLR ont été conservés, telles que l’ergonomie idéale (compacité et légèreté) et la modularité.

 

Quelle était la ligne directrice artistique de Out of Tunes ?

J’ai passé deux nuits à écrire OUT of TUNES et ma première volonté a été de faire appel à l’imaginaire des spectateurs en choisissant le genre du conte moderne. J’ai gardé à l’esprit que Canon souhaitait un film universel qui devait pouvoir être utilisé sur plusieurs années. C’est pourquoi j’ai choisi un fil conducteur sonore (la radio) mais au niveau de l’histoire elle-même plusieurs interprétations sont possibles. Mon souhait  étant d’inciter les spectateurs à revoir plusieurs fois le film sans susciter de lassitude et pour y découvrir pleins de nouveaux détails. D’un point de vue technique, les images oniriques sur plusieurs tableaux m’ont permis de montrer la réactivité de la caméra en conditions extrêmes mais toujours en gardant à l’esprit de mettre en avant l’émotion. Merci à Tamara Fernando (la danseuse) d’avoir relevé le défi.

 

Que vouliez-vous tester, pensez-vous avoir poussé la caméra dans ses derniers retranchements ? Quels étaient les choix d’optique ?

Je tenais à tester la caméra dans sa globalité, l’utiliser pour raconter une petite histoire sans aucune appréhension. Avec un peu de recul, je retiens vraiment sa facilité d’utilisation et son côté ultra sécurisant au niveau de l’exposition qui permettent très rapidement de se focaliser sur l’essentiel : la mise en scène et le découpage

Concernant le choix des optiques, après le lancement de la caméra à Hollywood avec les quatre superproductions tournées avec des C300 en monture PL, Canon Europe m’a demandé de réaliser un petit film avec une C300 en monture EF. Depuis trois ans avec ma spécialisation HDSLR, j’ai fait l’acquisition de la plupart des optiques EF de la série L, et j’apprécie notamment les objectifs spéciaux tels que les Tilt&Shift ou les Macros très présents dans le film.

 

Quels étaient les partis pris en terme de lumière ?

Dès le début du projet, j’ai délibérément choisi de travailler avec un célèbre photographe, François Darmigny, pour réaliser la lumière du film et le cadre de la seconde caméra. Depuis la sortie du 5DMKII, je crois profondément dans la convergence et la fusion des différents métiers de l’image.

Ma volonté était de travailler en basse lumière avec des contres très forts pour voir comment l’ultra sensibilité de la C300 allait encaisser ses hautes variations de lumière. Au niveau matériel, l’arrivée de la lumière continue sur les torches photographiques depuis deux ans me séduit de plus en plus. François a notamment utilisé beaucoup d’accessoires propres au milieu photographique pour sublimer la « qualité » de la lumière et tous nos retours sont très positifs sur le résultat obtenu.

 

Comment s’est déroulé le tournage (planning, montage) ?

La production complète de « OUT of TUNES » représente 8 jours. Deux nuits d’écriture et découpage, deux jours de tournage avec deux C300 en monture EF (Studio et EXT/NUIT), deux jours de montage sur Avid, avec étalonnage sur Nucoda et enfin deux jours de composition avec mon ami Dom Hutton. J’en profite également pour remercier l’ensemble de l’équipe pour cette performance et le producteur exécutif Lionnel Sellem (BFactory) qui a été un pilier qui a permis que ce film puisse voir le jour.

 

Y a-t-il eu un travail d’étalonnage ?

La société Planimonteur a géré la postproduction complète du film et effectivement il y a eu un travail d’étalonnage sur Nucoda. Au moment où nous avons tourné le film, le nouveau 24P de la C300 n’était pas encore reconnu sur les stations de montage, c’est pourquoi j’ai choisi de tourner en 25P avec le profil d’image Cine1 qui n’offre pas les mêmes dynamiques d’image que le nouveau Canon-Log. Pourtant j’ai déjà été très surpris par la grande flexibilité qui m’était offerte au niveau de l’exposition et de la colorimétrie. Pour reprendre les termes de l’étalonneur Philippe Lainé, « On peut vraiment aller dans la direction que tu veux, c’est comme du chewing gum !». Le choix de surexposer à l’étalonnage les hautes lumières est notamment un réel parti pris artistique au même titre que l’uniformisation des densités couleurs.

 

Pensez vous que de nouveaux talents peuvent émerger avec le C300 ?

L’arrivée sur le marché de nouvelles caméras numériques ultra légères et très attractives en terme de rapport qualité prix ainsi que la vulgarisation de l’utilisation des HDSLR ont réellement modifiés l’équilibre du marché.

Techniquement, le rendu cinématographique accessible à faible coût a mis tout le monde sur un pied d’égalité et seuls la créativité et le talent vont maintenant faire la différence. La C300 est clairement sur cette tendance et même si elle n’est pas vraiment abordable pour un particulier, elle sera disponible à la location au même tarif qu’un HDSLR accessoirisé.

 

Quelle place le C300 va prendre sur le marché (et sur quels marchés) ?

Aujourd’hui je pense qu’il y a deux types de marché pour deux types de clientèle quel que soit le milieu, d’un côté ceux qui sont hypnotisés par la technologie, qui ne tournent jamais et qui passent leur temps à discuter et comparer les spécificités des dernières caméras du marché et d’un autre côté ceux qui parlent de créativité et qui cherchent des produits abordables, simple d’utilisation sur toute la chaine de production et évidemment avec le meilleur rendu possible pour pouvoir s’exprimer ! La C300 va ravir cette seconde clientèle et clairement, j’en fais partie !

 

Quels sont vos prochains projets ?

Continuer à avoir autant de plaisir à exercer mon métier ! Dans tous les métiers de l’image, je continue à penser que la technique doit être maîtrisée et très vite dépassée pour laisser libre cours à toute forme d’expression !