Serge Van Herck : « Le software va prendre de plus en plus d’importance »

En visite au Sportel, le nouveau CEO d’EVS, qui a pris ses fonctions le 9 septembre dernier, a parcouru une carrière de vingt-cinq ans dans le broadcast, dont dix à la tête de Newtec, l’opérateur belge de services par satellite. Sous son mandat, l’entreprise liégeoise, qui a fêté ses vingt-cinq ans en 2019, veut croire à un nouveau souffle dans un contexte de concurrence renforcée, notamment sur les produits d’entrée de gamme.
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Mediakwest : Avec le lancement de la nouvelle plate-forme Via basée software, EVS semble aujourd’hui s’éloigner des solutions hardware qui ont fait jusque-là son succès…

Serge Van Herck : Bonne remarque. Aujourd’hui, 80 % de nos ingénieurs sont catalogués « software » et 20 % « hardware ». Dans le futur, le premier va prendre de plus en plus d’importance et vous l’avez bien noté. Clairement, nous allons vers des solutions « software only ». Pour autant, cela ne signifie pas que nous allons abandonner le hardware. Nous sommes convaincus que celui-ci gardera, pour certaines applications, une importance cruciale et nous permettra de faire la différence.

 

 

M. : Le fonctionnement interne de l’entreprise va-t-il s’en trouver modifié ? Jusqu’à une date récente, en effet, vos équipes avaient plutôt tendance à travailler en silo, chacune sur son produit…

S.V.H. : Vous connaissez bien EVS (rires). Voici quelques années, c’était effectivement le cas pour la R&D et l’entreprise dans son ensemble. Maintenant, depuis trois ans, l’équipe R&D s’est réinventée et une nouvelle organisation a été mise en place, basée sur différents « building blocks » qu’on peut mettre ensemble et qui nous permettent de partager les mêmes technologies de base pour différentes applications ou différents types de clients. L’approche « silo » est donc en train de disparaître, car elle pouvait déboucher, au sein même de l’entreprise, sur des produits qui, sans être tout à fait concurrents, pouvaient présenter certaines redondances, ce que nous voulons absolument éviter à l’avenir.

 

 

M. : À propos d’avenir, justement, quelles sont, selon vous, les grandes tendances qui se dessinent pour notre industrie ?

S.V.H. : Il y en a plusieurs. On voit, par exemple, que la remote production, dans certaines régions du monde, a de plus en plus d’intérêt. À nous, EVS, de soutenir cette tendance. Il y a aussi la montée en puissance des services OTT. Les chaînes traditionnelles s’inquiètent de la perte d’une certaine audience et nous essayons de les aider à fournir des contenus qui empruntent ces canaux-là. D’autre part, vous l’avez dit vous-même, tout devient software. Là encore, nous voulons accompagner cette tendance à la virtualisation et au COTS computing en développant des solutions appropriées. Enfin, la notion de contenu ne s’attache plus seulement au sport premium, mais intéresse également les divisions inférieures. Et ici comme là, il est important que le coût de la production soit en rapport avec ce que celle-ci peut rapporter. Pour cela, nous avons déjà créé de nouveaux produits, comme, par exemple, notre solution tout-en-un X-One.

 

Article extrait de notre compte-rendu du Sportel 2019, paru pour la première fois dans Mediakwest #35, p.94/99. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.