Tout en conservant l’accent sur ce style d’image « cinéma », on trouve dans cette lignée les FX9 et FX6, qui ont une ergonomie optimisée pour le documentaire, mais aussi la FR7 qui combine les fonctionnalités d’une PTZ avec un grand capteur et une gamme d’objectifs pour créer un rendu visuel plus riche que celui des captations robotisées habituelles.
Mais la Cinema Line ne s’arrête pas là et propose aussi deux caméras compactes, légères et bon marché, destinées aux créateurs de contenus numériques, travaillant souvent en solo et ayant besoin des outils leur permettant de produire facilement et rapidement des vidéos de qualité : les FX3 et FX30. Les deux boîtiers sont identiques, mais la FX3 est dotée d’un capteur plein format, alors que celui de la FX30 est un APS-C. Cette dernière est ainsi la petite sœur de cette série Cinema Line, héritière de la longue histoire de Sony en matière d’image et de caméras, dans un format réduit.
Il s’agit effectivement d’un modèle ultra-compact et léger, puisque le boîtier mesure 13 x 8 cm, pour une épaisseur de 8,5 cm. Il tient dans la main. Pesant 646 g avec batterie et carte mémoire, il est aussi léger tout en gardant une certaine densité qui rassure sur sa robustesse. À cela, il faut bien sûr rajouter le poids et l’encombrement de l’objectif, à choisir parmi la gamme d’optiques en monture E. Pour ce test, nous avons choisi un zoom standard, le 16-55 mm G à ouverture constante f/2.8, qui est l’équivalent en plein format d’un 24-70 mm.
Les FX3 et FX30 sont généralement proposées accompagnées d’un accessoire très intéressant : la poignée XLR-H1 qui se fixe sur le porte-griffe et donne la possibilité de connecter deux micros en XLR, avec alimentation 48 V et niveaux Line ou Mic, ainsi qu’un troisième en mini-jack. Un support pour micro-canon combiné à des pas de vis pour micro-HF permettent de connecter tous types de microphones, dont on règle les niveaux avec des molettes. Bien entendu cela augmente considérablement le volume de l’ensemble, mais pour du reportage le gain est réel.
Un compromis est l’utilisation du micro-canon ECM-B1M qui se fixe et s’alimente aussi par le porte-griffe. On choisit si on souhaite qu’il soit omnidirectionnel, cardioïde ou hypercardioïde, puis on ajuste son niveau. Pratique et efficace. Pour un micro d’une autre marque on utilise la prise mini-jack du boîtier. Un vumètre sur l’écran permet de contrôler les niveaux pendant la prise de vue/son.
Si l’on souhaite accessoiriser sa FX30, on peut aussi utiliser l’un des quatre pas de vis présents sur le dessus et le côté du boîtier, en plus du traditionnel pas du dessous destiné au trépied. La caméra est ainsi modulable, à utiliser en version minimaliste ou agrémentée d’accessoires. Pour effectuer ses réglages, comme sur la plupart des modèles on dispose de trois molettes et d’une série de boutons, pour certains personnalisables. Par exemple, par défaut, le réglage du shutter se fait avec la molette arrière centrale, ce qui peut être déroutant pour les utilisateurs habitués à l’ajuster avec celle du haut.
On cadre forcément à l’écran, ici un LCD 3p de 2,36 millions de pixels, tactile et orientable, car la FX30 ne possède pas de viseur. En condition de forte luminosité ça peut être gênant, surtout si on tourne en S-Log 3. Heureusement, on peut appliquer une Lut de prévisualisation sur l’écran qui renforce les contrastes. Pour s’aider au réglage de l’exposition, on peut afficher un histogramme et un zebra.
Le boîtier est construit dans un alliage gris mat, avec un seul bouton en façade pour un style épuré très classe. Notre attachement aux caméras allant au-delà des seules caractéristiques techniques, on apprécie le look de la FX30. Mais passée la première impression extérieure, ce qui nous intéresse surtout est ce qui compose l’intérieur de ce boîtier.
La FX30 est équipée d’un capteur CMOS APS-C (23,3×15,5mm) Exmor R de 20,1 millions de pixels en vidéo et 26 en photo, couplé au traitement Bionz XR pour optimiser l’image, puisque l’accent est mis sur la qualité visuelle. Avec une sensibilité réglable de 200 à 6 400 ISO, extensible jusqu’à 25 600 ISO, on n’est pas ici à la recherche d’une ultra-sensibilité du capteur, comme sur les séries Alpha 7, mais plutôt d’une optimisation grâce au Dual Base ISO. Avec deux réglages à 800 et 2 500 ISO, on bénéficie d’une large plage dynamique, jusqu’à une latitude de 14 diaphragmes en S-Log 3. Trois modes sont proposés pour faciliter le réglage d’exposition : Cine EI, la plus vaste latitude, Cine EI Quick, qui ajuste automatiquement l’ISO de base, et Flexible ISO.
Cela m’amène aux choix de courbe gamma. Les technologies développées pour les FX9 et FX6 se retrouvent dans cette petite sœur, qui intègre le profil d’image S-Cinetone, soigné pour les rendus de peau et des couleurs éclatantes avec un minimum de postproduction, ou les S-Log 3 et S-Gammut 3 destinées à être étalonnées. Détail pratique, la Lut pour convertir en Rec709 s’enregistre dans la carte mémoire, donc pas besoin d’aller la télécharger par ailleurs. En postproduction, on apprécie la large latitude des images, mais les dominantes de couleur partent facilement dans le magenta quand on augmente la saturation, ce qui exige un étalonnage fin.
Côté formats vidéo, là aussi le choix est vaste. On peut générer en interne des fichiers en Long GOP XAVC HS (MP4/H.265) et XAVC S (MP4/H.264) en 4 :2 :2 10 bits, mais aussi en All-Intra XAVC S-I 4 :2 :2 10 bits (MP4/H.264), ou encore en RAW 4 :2 :2 16 bits via la sortie HDMI. Les débits sont conséquents, en Long GOP jusqu’à 200 Mbit/s en 4K 60/50p et 280 Mbit/s en 4K 120/100p, et pour l’All-Intra il faut compter 10 Mbit par seconde de cadence, soit 600 Mbit/s en 60p, 300 en 30p, etc.
Sur une carte de 160 Go, on peut enregistrer 80 min de vidéo en 4K 50p en Long GOP ou 25 min en All-Intra. Il faut des cartes suffisamment rapides bien sûr, en SD ou CFexpress de type A, mais aussi toute une chaîne adaptée à ces débits, avec disques durs et ordinateur ultra-performants. Il ne faut pas se leurrer, ces fichiers mettent la chaîne de postproduction à rude épreuve. Si on est limités, on peut choisir d’enregistrer en parallèle des proxies, voire de choisir des formats de fichier avec des débits inférieurs, à minima 16 Mbit/s en HD 30/25p en XAVC-S en 4 :2 :0 8 bits.
Mais il paraît dommage de se limiter à la prise de vue et de ne pas bénéficier des atouts de cette caméra en termes de qualité visuelle. En effet, le piqué et la texture des images est exceptionnel, à la hauteur de ce qu’on espère au vu des caractéristiques techniques annoncées et que l’on retrouve généralement sur des modèles plus hauts en gamme. La montée en cadence est particulièrement appréciable pour les plans de lifestyle et de sport. J’ai pu tester les ralentis au quart de la vitesse, ils sont impeccables.
Afin de simplifier le travail des opérateurs de prise de vue, la FX30 est équipée d’un autofocus de dernière génération, à détection de phase sur 495 points. Conçu pour détecter des visages et reconnaître les yeux des humains et des animaux, il est ultra-efficace. On peut affiner la sélection entre œil droit et œil gauche et ajuster la vitesse de rattrapage de point pour un rendu plus humain. Pour tous ceux qui doivent créer du contenu rapidement et parfois se filmer soi-même, c’est un atout non négligeable de pouvoir compter sur une mise au point auto fiable. En revanche, mieux vaut avoir une batterie supplémentaire, car celle-ci n’est pas très résistante.
La stabilisation sur cinq axes du boîtier, combinée avec celle de certains objectifs, permet de s’affranchir d’un gimbal pour la plupart des plans et ainsi de gagner en temps de mise en place. La FX30 est bien pensée pour faciliter la prise de vue des productions légères.
Un bémol concerne les menus, qui ne sont pas intuitifs et dans lesquels il est compliqué de s’y retrouver. Ainsi, quand on veut changer un paramètre, on a souvent l’indication que cela n’est pas possible dans le mode actuel, ce qui implique de retourner dans une fonction située dans un autre sous-menu pour changer de mode avant de pouvoir le modifier, c’est assez laborieux. Pour maîtriser pleinement les possibilités offertes par ce boîtier, il faut donc prendre le temps de se mettre dedans, d’apprendre sa logique et de le personnaliser, mais c’est le cas avec beaucoup de caméras.
À l’heure où le monde de la vidéo voit un fossé de plus en plus important entre des productions ultra low coast, à l’esthétique plus que basique, et celles au contraire soignant une image léchée, il est bienvenu de voir une caméra comme la FX30, qui met un rendu cinématographique accessible au plus grand nombre. Pour 2 299 euros TTC le boîtier nu, Sony s’adresse ici à tous les créateurs de contenus numériques qui bénéficient du savoir-faire de la gamme Cinema Line dans un produit très accessible. La FX30 contribue ainsi à l’amélioration de la qualité des vidéos que nous regardons.
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #50, p. 26-29