Mediakwest : Sportel Monaco 2019 avait été un grand succès et le dernier événement à Monaco avant la pandémie. Comment se présente l’édition 2021 ?
Laurent Puons : Cette année, le marché s’annonce plus européen. Malgré tout, un quart des participants sont hors Union Européenne. Nous comptons même des sociétés américaines et plus d’un tiers des inscrits sont des acheteurs. Une grande variété de secteurs d’activité seront représentés (chaînes TV, détenteurs de droits, fédérations/ligues sportives, distributeurs, OTT, sports tech, etc.) et la tendance au développement du secteur des nouvelles technologies se poursuit. À ce jour, nous sommes satisfaits du nombre de participants confirmés, même si, comme vous pouvez l’imaginer, et ce malgré les efforts accomplis et les stratégies mises en place par notre équipe commerciale, nous n’atteindrons pas les chiffres de Sportel Monaco 2019. Nous sommes encore en phase de reprise mais la qualité sera au rendez-vous. Nous sommes très heureux d’accueillir plus de 1200 participants.
Quelles sont, cette année, les sociétés nouvellement participantes ?
L.P. : Plus de cent nouvelles sociétés participeront à Sportel cette année pour la toute première fois, comme Sportall, Sportaway, Fight Nation, Toch AI, Quidich Innovation, Triton Poker Series, Freeeway & Dreamwall, pour n’en citer que quelques-unes.
Par rapport au format habituel de Sportel, avez-vous dû procéder à certains « ajustements » organisationnels en raison de la pandémie ?
L.P. : Lorsque nous avons pris la décision d’organiser un événement 100% en présentiel, nous avons évidemment dû adapter notre politique tarifaire, ainsi que les conditions d’annulation afin de rassurer et sécuriser nos participants. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire de Sportel, nous avons mis en place un tarif très avantageux dès l’ouverture des inscriptions. Par la suite, nous avons continué à proposer des tarifs attractifs avec une politique de remboursements et modifications plus souple. Cependant, le format de l’événement reste plus ou moins identique aux éditions précédentes. Notre objectif premier était de pouvoir être de retour en tant que première convention internationale du secteur à être organisée 100% en présentiel cette année. Un souhait formulé par nos clients qui préféraient se rencontrer pour faire du business.
L’une des nouveautés est le “Speakers Corner”, au cœur du hall d’exposition « Ravel », qui accueillera toutes les masterclasses, les présentations et les panels d’experts. L’espace se veut central et ouvert pour faciliter l’accès aux participants qui souhaiteraient optimiser leur présence et assister à une session entre deux réunions par exemple.
Enfin, nous avons dû naturellement nous adapter à la pandémie et aux importantes mesures sanitaires exigées par le gouvernement monégasque et le site d’accueil. Le pass sanitaire sera exigé à l’entrée du Grimaldi Forum, notre centre de congrès. Le port du masque reste obligatoire et la distanciation sociale sera également de rigueur avec un sens de circulation à respecter.
Voici quelques années, la part des nouveaux médias et des nouvelles technologies dans l’activité de Sportel était de l’ordre de 20%. Quel rang la technologie occupe-t-elle aujourd’hui dans la hiérarchie des secteurs présents à Monaco ?
L.P. : La part des nouveaux médias et des nouvelles technologies (software, new tech et media) a légèrement augmenté cette année mais reste de l’ordre de 20%. En effet, c’est un secteur en pleine expansion puisque l’expérience de visionnage du spectateur a considérablement évolué ces dernières années et la diffusion simple ne suffit plus. On est passé du linéaire aux multi-plateformes et multi-écrans. Ces nouveaux modes de consommation ont généré davantage d’investissements dans l’IA, la réalité virtuelle et augmentée et les nouvelles technologies.
La logique reste la même pour expliquer le développement fulgurant des technologies immersives qui offrent un éventail d’expériences interactives en direct, comme le bruit des supporters virtuels dans un stade, permettant de vivre véritablement les matchs en temps réel. Ainsi les nouvelles plateformes proposent des abonnements à des prix très avantageux avec une offre de divertissement complète : des expériences de fans plus interactives et à plus grande valeur ajoutée.
Sans doute la technologie n’est-elle rien sans les contenus, qui sont le cœur de Sportel. Mais force est d’admettre qu’elle prend une place de plus en plus importante dans leur monétisation et la création audiovisuelle. À l’avenir, ce constat peut-il vous conduire à mettre en place une stratégie commerciale orientée vers la participation d’un plus grand nombre d’acteurs technologiques ?
L.P. : Naturellement, les nouvelles technologies sont un secteur qui prend de plus en plus d’ampleur, mais Sportel n’a jamais fait le choix de privilégier un secteur plutôt qu’un autre. Notre stratégie est simple, celle de soutenir notre communauté toujours plus large et diversifiée. Sportel se positionne comme la seule convention consacrée aux droits médias sportifs couvrant aussi bien les sports traditionnels que les secteurs d’avenir. À l’avant-garde des tendances et pour attirer les consommateurs de demain, nous continuerons à développer activement les secteurs prometteurs (esport, paris sportifs en direct, technologies immersives, etc.), permettant un cross-over entre les communautés.
Cette année, Sportel va permettre au sport traditionnel et à l’esport de se rencontrer, par le biais notamment de plusieurs masterclasses. Cette synergie ou cette convergence entre les deux n’est-elle, selon vous, qu’un effet de la pandémie, qui a obligé le sport à se réinventer, ou va-t-elle s’inscrire dans la durée en réponse à la demande du marché ?
L.P. : En effet, l’esport a été propulsé sur le devant de la scène lors de la coupure des compétitions sportives. Même si les événements esport en direct ont également été impactés par le confinement, ce secteur émergent a quand même réussi à tirer profit du mode de consommation de ses joueurs. C’est aujourd’hui une industrie qui se développe à un rythme effréné avec une croissance à deux chiffres, grâce à cette communauté et nouvelle génération de fans entre 20 et 30 ans qui ont grandi avec les jeux vidéo. L’esport est populaire, son accès est facile et ne nécessite aucun abonnement. Ses joueurs et ses spectateurs viennent du monde entier, unis par le langage commun de leur jeu. Les équipes sportives professionnelles et traditionnelles ont pris en considération l’essor significatif de cette discipline. Les clubs de football et les équipes de NBA (ndlr : basket pro américain) y ont investi des millions de dollars. En outre, les équipes d’esport bénéficient également du sponsoring et des investissements de nombreux athlètes professionnels, d’entreprises automobiles, de géants des télécommunications et même de célébrités.
Dans les années à venir, l’esport continuera à se développer grâce à ce flux d’investissements et les jeunes générations qui regardent et jouent aux jeux vidéo, sur des plateformes de streaming comme Twitch, transformeront le paysage des spectateurs de sport du monde entier. C’est devenu un véritable phénomène de société qui soulève de nouvelles questions et ouvre la voie à de nouvelles stratégies. L’esport se révèle être très prometteur pour la communauté Sportel et c’est pour cela que nous l’avons naturellement mis à l’honneur dans notre programme de conférences, pour souligner comment le cross-over entre l’esport et les sports traditionnels, s’ils sont bien réalisés, débouche sur de nouvelles opportunités de partenariat, d’audience et d’utilisation des données, à l’heure où la frontière entre tradition et innovation s’estompe de plus en plus.
Pour plus d’informations sur le Sportel qui se déroule du 5 au 7 Octobre, rendez-vous sur : ww.sportelmonaco.com