Sunny Side of the Doc : le collectif “Nous, réalisatrices de documentaires” est lancé !

Plus de 220 réalisatrices de documentaires se sont alliées pour former le collectif « Nous, réalisatrices de documentaires », un espace où elles peuvent échanger et demander des mesures pour la parité et pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Rencontre avec Karine Dusfour, une des co-fondatrices.
Les deux co-fondatrices du collectif Karine Dusfour Virginie Linhart avec la directrice du Sunny Side of the Doc Aurélie Reman (à gauche)Les deux co-fondatrices du collectif Karine Dusfour et Virginie Linhart avec la directrice du Sunny Side of the Doc Aurélie Reman (à gauche)

Les associations de lutte pour la parité se développent dans le milieu de l’audiovisuel, à l’image du Collectif 50/50 dont la réputation n’est plus à faire. C’est maintenant au tour des réalisatrices de documentaires (tous genres confondus) d’avoir leur collectif dédié ! Au Sunny Side of the Doc, le 25 juin, le collectif « Nous réalisatrices de documentaires » a été officiellement lancé par ses deux fondatrices Karine Dusfour et Virginie Linhart. Il regroupe déjà plus de 220 adhérentes et a pour marraines douze cinéastes prestigieuses parmi lesquelles Alice Diop, Claire Simon ou encore Ovidie.  Croisée à la fin de la présentation, Karine Dusfour revient sur la genèse du projet et ses ambitions…

 

Quels sont les objectifs de Nous, réalisatrices de documentaires ?

Nous militons pour la parité. Car, soyons clairs, le documentaire reste un bastion très masculin. Par exemple, à la Scam [Karine Dusfour est également adhérente de la Scam, ndlr], nous ne sommes que 25% de réalisatrices dans le documentaire unitaire.

Nous souhaitons aussi avoir accès – à part égale – aux diffusions en prime time, aux films à gros budget et aux co-productions internationales. Tout un panel d’opportunités majoritairement accordées aux hommes. Nous voulons aussi une parité en ce qui concerne les thèmes des documentaires car lorsqu’il s’agit d’histoire, de sciences ou de « découverte », les femmes sont très minoritaires. Nous militons pour que le CNC étende au domaine de l’audiovisuel son bonus parité déjà appliqué dans le cinéma.

Dans le collectif, il y a également un second volet : celui de la lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels (VHSS). Nous voulons nous positionner dans le sillage tracé par les femmes qui ont déjà parlé au cinéma. Au sein du collectif, nous allons donc créer des sessions de mentoring anti-sexiste pour apprendre comment se défendre face aux attaques sexistes. Puis, nous allons créer une ligne VHSS qui viendra compléter celle mise en place par Audiens [cette ligne s’adresse à tous les professionnels de la culture, ndlr] et pourra alors répondre aux spécificités du tournage documentaire.

 

Comment le projet est-il véritablement né ?

Je pense que ce qu’il s’est passé dernièrement dans le monde du cinéma a accéléré les choses. Pour ma part, la contre-tribune de défense à Gérard Depardieu [publiée par le Figaro en décembre 2023, ndlr] a été un véritable tournant. Je me suis dit qu’il fallait mettre fin à l’impunité dans le milieu de l’audiovisuel et s’allier pour porter notre voix.

J’ai rencontré Virginie Linhart [également co-fondatrice du collectif, ndlr] à la Scam. L’idée a commencé à émerger et nous avons décidé de rassembler une centaine de réalisatrices le 5 mars 2024 pour échanger. Le partage d’expérience était incroyable. Nous nous sommes rendu compte, ensemble, qu’on ne nous traitait pas de la même manière que les hommes. A nous, on nous dit « ta gueule », on nous raccroche au nez en nous traitant de « connes ». Quand les hommes sont considérés comme des réalisateurs « pointilleux et perfectionnistes », nous à l’inverse, nous sommes « folles et hystériques ». Sans parler des inégalités de salaires…

Alors on s’est à nouveau réunies le 5 juin dernier, avec 50 autres réalisatrices, au ministère de la Culture cette fois. Et nous voici enfin au jour officiel du lancement du collectif !

 

Votre collectif est donc ouvert à toutes ?

Oui bien sûr, à toute personne se considérant comme femme et qui définit son genre artistique comme appartenant à celui du documentaire. C’est très ouvert. Et nous tenons au mélange des générations. La jeune génération nous apporte beaucoup. Elle est très informée, elle ne laisse rien passer en ce qui concerne les VHSS. Et quand je parle de « jeune génération », j’inclus également les hommes qui sont bien plus solidaires et à l’écoute.

 

Êtes-vous en lien avec d’autres associations ou collectifs ?

La Scam a vu naitre le projet et nous suit – toutefois je rappelle que nous sommes un collectif indépendant. De notre côté, nous sommes aussi en contact avec plusieurs organismes. On peut citer PFDM [association « Pour les femmes dans les médias », ndlr], le collectif des chefs opératrices « femmes à la caméra », le collectif 50/50 ou encore Troisième autrice [collectif de compositrices de musiques à l’image, ndlr]. A terme, nous avons pensé que nous pourrions créer une sorte de fédération pour partager entre nous et surtout être véritablement audibles. 

 

Pour vous inscrire au collectif, envoyez un mail : nousrealisatricesdocumentaire@gmail.com