Test du Nikon D750, un boîtier pensé aussi pour les vidéastes…

On peut dire que 2014 aura été l’année du renouveau pour Nikon, avec la sortie, à quelques mois d’intervalle, de deux beaux boîtiers proposant de réelles avancées pour la prise de vue vidéo : le D810 et son petit frère, le D750.
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Après avoir eu la chance de manipuler le D810 à l’occasion de la réalisation d’un tutoriel, Nikon m’a confié le D750 pour un test grandeur nature de ses fonctions vidéos. Avec le boîtier, deux belles optiques : un 50mm ouvrant à 1.4 et le fameux 24-120mm, avec une ouverture constante de 4.

 

La première impression à la prise en main est plutôt agréable. Le boîtier est assez compact et léger, avec une bonne préhension au niveau de la main droite. Sans avoir de grandes mains, on le tient bien sans se fatiguer, d’autant plus qu’il pèse 250 grammes de moins que son prédécesseur, le D700, grâce à sa construction en fibres de magnésium et de carbone. Sa construction paraît robuste, et sa tropicalisation a été soignée. Son autonomie est également étendue puisqu’il est désormais possible d’enregistrer 55 minutes de vidéo avec une seule charge de l’accumulateur.

 

Côté ergonomie, on retrouve les molettes habituelles, avec un sélecteur de modes qui inclut les options « scene » et « effects » pour rappeler que la cible de cet appareil est l’amateur éclairé. En plus, cet appareil est équipé du nouveau bouton « i » inauguré par le D810, qui donne un accès direct aux principaux réglages dédiés à la vidéo : format d’image, picture profile, niveau audio… Plus besoin d’aller chercher dans les menus, on accède directement aux fonctions qui nous intéressent, ce qui permet de gagner énormément de fluidité en tournage. On sent là que Nikon a été à l’écoute des vidéastes pour concevoir cette nouvelle génération de boîtiers, ce qui est très appréciable.

 

Un autre indice qui laisse penser que la marque nippone a voulu séduire les vidéastes, c’est le fait que l’appareil démarre automatiquement en mode prise de vue vidéo, avec visualisation sur l’écran arrière, quand le curseur du LiveView est commuté sur caméra. Encore un peu de temps gagné à chaque allumage !

 

Un des points phares du D750 est son écran orientable jusqu’à 90° vers le haut et 75° vers le bas. L’intérêt est évident pour la prise de vue photo, pour conserver un contrôle du cadre en toutes situations, que l’on se place soit au ras du sol (ce qui arrive finalement assez souvent) soit bras tendus au-dessus d’une foule par exemple.

 

J’avoue avoir été d’abord assez sceptique pour ce qui est de la prise de vue vidéo, ayant l’habitude, avec mon D800, de cadrer avec une visée Zacuto pour faciliter la mise au point. Celle-ci se fixe sous le boîtier et se plaque sur l’écran, ce qui ne permettrait pas de l’orienter. Ceci dit, comme ce nouvel écran est grand (3,2 pouces) et a une haute résolution de 1,2 million de pixels, il devient tout à fait possible de régler la mise au point par rapport à l’image affichée, sans visée, et ce même dans un environnement lumineux. Le boîtier ne propose pas de focus peaking, mais un bouton permet de zoomer dans l’image pour s’assurer que le point est bien sur notre sujet. On bénéficie ainsi du confort de l’écran orientable et on gagne en fatigue oculaire, les visées pouvant perturber la vue.

 

L’autofocus est très performant en photographie, quand les collimateurs du viseur opèrent, mais dès que le miroir se relève cela n’est plus possible et la mise au point se base sur une mesure des contrastes de l’image. Le résultat en est un pompage fréquent avant d’arriver à la bonne distance de mise au point, même dans des situations assez statiques d’interview, ce qui ne le rend guère utilisable. On peut toutefois s’aider de cet autofocus en amont puis passer en manuel au moment de lancer l’enregistrement pour figer la mise au point tout en rattrapant si besoin avec la bague de l’objectif. Le problème est inhérent aux boîtiers reflexs et persistera donc tant qu’il y aura des miroirs dedans.

 

Un autre réglage de prise de vue qui est facilité, c’est l’exposition. Un zebra est maintenant disponible en mode LiveView, pour indiquer les zones surexposées de l’image. On choisit de l’afficher ou non directement via le menu vidéo accessible par le bouton « i » cité précédemment.

 

L’appareil dispose d’une ouverture motorisée contrôlable pendant l’enregistrement, ce qui permet des rattrapages de diaphragme en douceur et en silence, mais aussi d’un ajustement manuel ou automatique de la sensibilité, sur une plage définie. En jouant avec les molettes du pouce et de l’index, on peut ainsi ajuster l’exposition au fur et à mesure.

 

À noter que, même en mode tout automatique, l’appareil se sort bien des réglages d’exposition, puisqu’il bloque le couple vitesse-diaphragme et joue uniquement sur l’exposition, de manière rapide et fluide.

 

Ce dernier élément est aussi un des points forts du boîtier, puisque son capteur est ultra sensible. La sensibilité court de 100 à 12 800 ISO avec une plage étendue de 50 à 51 200 ISO ! On a ainsi une très grande marge de manœuvre pour tourner dans des atmosphères très lumineuses, puisqu’il descend en dessous de 100 ISO, mais aussi à l’inverse sur des scènes sombres, sans forcément avoir des objectifs à très grande ouverture. Un travail important a été fait sur la réduction du bruit, ce qui permet d’atteindre des valeurs pareilles.

 

Tout cela est possible grâce à son capteur de dernière génération, un plein format FX de 24,3 millions de pixels, couplé au nouveau processeur Expeed4 déjà présent sur les derniers modèles professionnels de Nikon. Le piqué avec ces optiques est extraordinaire, surtout pour un appareil de cette gamme ! Un travail a été fait sur le moiré et la conservation des couleurs, sur une plage dynamique étendue, pour un rendu vraiment agréable.

 

Plusieurs Picture Profiles sont disponibles, le Standard, avec son image contrastée typique des DSLR, d’autres modes dédiés à des thèmes particuliers (portrait, paysage, monochrome), le mode Neutre, qui offre une plus large plage d’exposition et des couleurs douces, mais aussi le nouveau mode Uniforme, ou Flat. Avec une plage dynamique maximale, et des couleurs désaturées, il est spécialement étudié pour faciliter l’étalonnage en postproduction.

 

Encore une fois, le choix de ces divers paramètres se fait à partir du menu dédié à la vidéo associé à la touche « i » et ils s’affichent sur l’écran lors de la prise de vue.

 

Ce menu donne aussi accès aux réglages de l’audio : volume du casque, réduction du bruit de vent, registre de fréquences étendu ou centré sur les voix et niveaux d’entrée manuels ou automatiques, que l’on contrôle en continu grâce aux VU-mètres affichés sur le moniteur. Le boîtier est équipé d’un micro stéréo interne, mais aussi d’une prise mini-jack stéréo pour connecter un micro externe, qui vient se fixer sur le porte-griffe. On peut aussi choisir d’y fixer le récepteur d’un micro HF par exemple.

 

Après avoir effectué tous nos réglages d’image et de son, nous allons choisir le format vidéo, toujours à l’aide du même menu dédié.

 

Le D750 propose deux tailles d’images, 1280×720 et 1920×1080, en progressif et pixels carrés bien entendu. En HD on a le choix entre cinq cadences d’images : 24, 25, 30, 50 et 60 images par seconde, alors qu’en HD-Ready seules les cadences élevées sont proposées. On peut regretter que la taille d’image ne monte pas jusqu’au 4K, mais Nikon semble avoir préféré nous proposer des cadences plus élevées, ce qui est très appréciable au montage pour ralentir avec fluidité des plans.

 

Certains tournent aujourd’hui en 4K pour un projet final en HD dans le but de pouvoir croper dans l’image sans perte de qualité. Notons que sur le D750 on peut choisir d’utiliser tout le capteur, FX, ou seulement la zone DX, ce qui suffit amplement pour de la vidéo et a pour effet d’augmenter artificiellement la focale de notre objectif. En effet, celle-ci se trouve multipliée par 1,5, ce qui peut être utile pour filmer un sujet éloigné, de l’animalier par exemple.

 

En plus de ces cadences, le boîtier est équipé d’un intervallomètre qui permet de réaliser des timelapses. Il propose un mode Accéléré qui assemble directement les images fixes dans un fichier vidéo, avec même une atténuation des transitions d’exposition qui fonctionne plutôt bien.

 

Les fichiers vidéo sont dans un codec H264 avec un débit de 40Mbits/s pour le mode nomade, enregistré sur carte SD dans l’un des deux slots disponibles. L’appareil gère les nouvelles cartes SD UHS-I et SDXC. La sortie HDMI fournit un 422 non compressé de 8 bits, pour un i-frame à capturer sur un enregistreur externe, de type Atomos. Ces deux sorties sont simultanées, pour donner la possibilité d’un double enregistrement, plein format pour la postproduction et compressé pour présenter au client instantanément.

 

Un autre élément intéressant, c’est l’intégration du module Wi-Fi dans le boîtier, qui évite d’avoir à rajouter un boîtier externe. Il suffit de télécharger l’application Nikon WMU sur smartphone ou tablette pour pouvoir visualiser le contenu de l’écran et déclencher l’appareil photo à distance. On peut aussi visualiser les photos enregistrées sur la carte de l’appareil, NEF comprises, et les transférer sur notre mobile avec un débit de 54 Mbits/s, pour ainsi pouvoir les partager par mail ou sur les réseaux sociaux. Mais vous aurez compris, cela concerne l’image fixe, et pas encore l’image animée.

 

En conclusion, voici un boîtier plein format qui bénéficie des technologies les plus récentes, avec un accent nettement mis sur la vidéo, et qui est proposé au tarif indicatif de 2 200 Ä TTC. Voilà qui me paraît très convainquant !