Cette introduction peut vous sembler excessivement positive, c’est pourquoi je m’explique. Quel que soit le type de caméra que j’utilise, je ne fais jamais confiance aux automatismes, qu’il s’agisse de l’exposition ou de la mise au point, car les mesures sont faites sur une moyenne et sont en perpétuel réajustement, d’où des effets de pompage désagréables. J’ai néanmoins voulu tester le Z7 en mode tout auto, par curiosité, et j’ai été vraiment impressionnée par le résultat : non seulement les réglages sont justes, mais leurs variations sont suffisamment lissées pour être neutres. Alors que je privilégie toujours un cadrage via le viseur, je me suis surprise, avec ce boîtier, à cadrer à l’écran et à faire des rattrapages de mise au point en touchant différentes zones de celui-ci, tout en étant très satisfaite du résultat. Bref, plus besoin de visée pour être sûr de son point, tout devient plus aisé. Et non seulement c’est facile, mais en plus c’est beau.
Ce Z7 fait partie de la nouvelle série Z de Nikon, à savoir des hybrides sans miroir. Pour l’instant deux boîtiers sont disponibles, Z6 et Z7, ainsi qu’une gamme d’objectifs qui va s’étoffer au fur et à mesure des années. Une bague adaptatrice permet aussi d’utiliser ses objectifs Nikkor sur ce type de monture FTZ. On remarque tout de suite que malgré la compacité du boîtier la monture est grande, effectivement la plus large du marché, pour laisser entrer un maximum de lumière et offrir le meilleur piqué. La version que j’ai eue en main est un Z7 équipé du Nikkor Z 24-70 mm F4, soit un objectif très polyvalent.
Le boîtier est compact mais a une ergonomie qui permet une bonne prise en main et un accès facile aux différents réglages. On retrouve, par exemple, le curseur qui permet de passer de photo à vidéo sur le déclencheur principal, en plus du bouton dédié au lancement de l’enregistrement des vidéos situé juste à côté du déclencheur ; donc on bascule très rapidement d’un mode à l’autre. Des molettes sont là pour assurer les réglages d’exposition avec pouce et index, comme sur un reflex Nikon.
Le Z7 est équipé d’un écran de 3,2 pouces tactile et inclinable, très confortable à utiliser, notamment pendant l’enregistrement d’une vidéo pour changer un réglage de mise au point, par exemple. En complément, un bon viseur d’un demi-pouce avec contrôle automatique de la luminosité vient compenser les limites des écrans, notamment quand la luminosité est trop forte.
Bien que petit et léger, moins de 700 g, on sent que l’appareil est solide et sa tropicalisation a été renforcée. Je l’ai testé sur le glacier de Tignes un jour de grand vent, donc de grand froid, et il n’a pas bronché face aux bourrasques de neige et sa batterie n’a donné aucun de signe de faiblesse. Une caméra en laquelle on peut donc avoir confiance en situations climatiques extrêmes.
Le capteur est un FX plein format de 45,7 millions de pixels associé à un processeur Expeed 6 pour produire des fichiers ultra-piqués. Le rendu est là, les images sont ultra-définies, le détail est magnifique.
Un soin particulier a été apporté à l’autofocus à 493 points par détection de phase du plan focal qui couvre 90 % de l’image. Et le résultat est impressionnant : je l’ai testé sur des skieurs venant du haut de la piste, puis passant tout près de moi, donc avec une grande amplitude de distance de mise au point, et l’appareil a réalisé le suivi de manière impeccable. Un carré sur l’écran nous montre le sujet sur lequel le point est effectué, et on peut toujours le modifier en cliquant sur une autre partie de l’image. Je dois avouer que c’est peut-être la caractéristique du Z7 qui m’a le plus bluffée et m’a fait penser qu’il est désormais possible de se fier à un autofocus, même pour filmer du sport.
Une stabilisation sur cinq axes vient renforcer la netteté des images fixes et réduire les tremblements des images animées de manière efficace. La plage de sensibilités du capteur est vaste, allant de 64 à 25 600 Iso. Ce n’est pas fréquent que la valeur descende autant et c’est appréciable quand on tourne en extérieur, notamment dans un milieu aussi lumineux que la haute montagne. En revanche, en situation de faible luminosité, le bruit devient assez désagréable, donc mieux vaut ne pas monter au maximum les capacités de sensibilité et opter si besoin pour une optique plus lumineuse, à l’exemple du 50 mm ouvrant à F1.8.
Côté vidéo, le Z7 enregistre des fichiers 4K à 25p ou 30p et monte en cadence jusqu’à 120 images par seconde en Full HD, ce qui permet des ralentis fluides, amplement suffisants pour la majorité des cas. Un mode permet d’enregistrer des timelapses, ce dont on ne se lasse jamais.
Ces caractéristiques peuvent sembler la norme fin 2018, mais on sent qu’un soin particulier a été apporté aux fonctions vidéo par la possibilité, par exemple, d’avoir un time code, rare sur ce type de caméra, ou une sortie de journal vidéo N-log. Les nombreuses informations affichées sur l’écran viennent rassurer tout opérateur sur ses réglages image et son. Le micro intégré est très correct et une entrée mini-jack permet de brancher un micro externe fixé sur le porte-griffe.
Il est possible, de plus, de suréchantillonner du 8K pour avoir plus de finesse dans les vidéos 4K : attention au détail dans les portraits et les interviews, les sujets vont prendre un sacré coup de vieux avec un tel piqué !
Le stockage se fait sur carte XQD, offrant de bonnes performances de débit qui ne viennent pas freiner l’enregistrement des vidéos, et on peut sortir le signal via la sortie HDMI en configuration studio.
On voit donc qu’avec le Z7, Nikon a visé haut en termes de qualité d’image et de simplicité d’utilisation. Le tarif de ce matériel se situe donc lui aussi dans la fourchette haute des boîtiers de la marque, puisque nu, le Z7 est à 3700 €. La configuration que j’ai testée avec le 24-70 mm monte à 4300 €, ce qui reste un tarif modeste pour une optique.
Ceci dit, l’utilisation de cet appareil hybride m’a fait penser que je n’avais plus d’intérêt à tourner avec un DSLR ou une caméra plus volumineuse quand je peux avoir tous les atouts dans un boîtier beaucoup plus compact et léger, et même davantage, du fait de l’absence de miroir qui améliore grandement les performances en vidéo par rapport à un reflex. Le rendu visuel est impressionnant et l’utilisation très agréable.
Je suis sincèrement convaincue que l’avenir se trouve dans ce type d’appareil et que cet avenir est très prometteur, pour la qualité des productions audiovisuelles à venir, comme pour le confort de travail des opérateurs de prise de vue.
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #30, p.12/13. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.