L’Université Européenne de Bretagne (UEB) regroupe 28 établissements d’enseignement supérieur : les deux universités de Rennes, l’Université de Bretagne Sud à Lorient et à Vannes, l’Université de Bretagne Occidentale à Brest, 19 écoles supérieures (ENS, ENSTA, Télécoms Bretagne, INSA, l’Agrocampus…), deux CHU et des établissements de recherche.
Lors du lancement du programme Campus en 2008, dédié à la rénovation et la modernisation des universités, l’UEB a déposé un projet autour de deux axes : la construction de quatre bâtiments centrés sur les activités numériques et la mise en place d’un réseau de salles de visioconférence reliant les 35 sites existants.
Patrice Roturier, vice-président numérique de l’UEB, rappelle les enjeux de ce projet : « En Bretagne, les établissements universitaires ont beaucoup d’antennes délocalisées, à Saint-Brieuc, Lannion, Quimper, etc. Les équipes de recherche et les écoles doctorales sont multi-sites. La gouvernance des universités exige beaucoup de comités de pilotage. Avec 250 km entre Rennes et Brest, il est primordial de se réunir et de travailler à distance. Et puis il y a le volet international. La région Bretagne n’a aucune frontière avec un pays voisin. Les échanges avec l’étranger sont donc toujours lointains ».
Entre 2010 et 2013, trois installations de télé présence ont été déployées au campus Beaulieu à Rennes, à Télécom Bretagne à Brest et à Lorient pour tester les ambitions. Cela a conduit à 6 000 heures d’utilisation cumulée, soit 4 heures/jour avec 30 % pour la recherche, 40 % pour la formation et 30 % pour la gouvernance. Après cette phase de préfiguration, le dispositif a été généralisé à l’ensemble des sites de l’UEB avec, à terme, 54 lieux équipés en visioconférence.
Quatre types de salles de visioconférence
Plusieurs types de salles ont été définis. Sept salles de télé présence immersive (dont quatre déjà en fonction à Rennes, Brest, Lorient et Lannion) sont basées sur le modèle RPX 218 de Polycom. Deux caméras filment les 18 places de l’assistance répartie sur trois rangs. Deux codecs transmettent les deux images jointives vers le site distant pour donner l’impression d’être véritablement assis dans la même pièce. Les images sont diffusées à échelle 1 :1 sur deux écrans de rétro projection. Des écrans LCD intégrés dans la table servent à la diffusion des documents accompagnant la réunion.
Le système RPX de Polycom étant assez contraignant en termes d’aménagement, un autre type de salle de télé présence a été conçu pour s’adapter aux locaux existants et pour en réduire le coût. Treize salles de ce type (dont huit en service) ont une capacité d’accueil de 12 ou 18 participants. Les images captées par trois caméras sont transmises via trois codecs. Pour la diffusion des images distantes, trois écrans LCD de 65 pouces sont placés côte à côte face aux participants. Un quatrième écran de 55 pouces est fixé au-dessus pour l’affichage des documents. Dans ces deux types de salles, la prise de son est obtenue par un maillage de microphones suspendus au-dessus de l’assistance pour laisser toute latitude de déplacement aux participants.
Ensuite, pour permettre la diffusion de cours à distance, 21 amphithéâtres, dont 15 déjà en service, d’une capacité de 80 à 150 places, sont équipés du dispositif « télé amphi ». Il comprend une caméra en fond de salle dirigée vers l’enseignant (avec trois cadrages prédéfinis) et une caméra placée au-dessus du tableau et dirigée vers l’assistance avec six positions. Contrairement aux salles de télé présence, la prise de son est assurée par des micros col-de-cygne. La sélection de l’un d’eux déclenche l’orientation et la sélection de la caméra. Une seule image vidéo est transmise à la fois vers le site distant où elle est diffusée par vidéo projection ainsi que les sources documents sur un second écran.
Enfin, il est prévu l’installation de 13 salles de télé enseignement, avec une capacité de 20 à 40 étudiants, pour des activités de travaux dirigés. Celles-ci disposent d’un tableau blanc interactif sur lequel l’enseignant peut diffuser ses contenus informatiques et aussi de deux caméras, une vers le TBI et une seconde vers les participants, la prise de son étant assurée par un microphone en plafond. Toutes les salles sont équipées d’un ou plusieurs points de raccordement pour micro-ordinateur (VGA et HDMI) et d’un panneau tactile limité au réglage du niveau sonore, à la coupure du micro et à la mise en route du partage de documents.
Simplifier l’usage de la visioconférence
Lors des études initiales, un recensement effectué en 2009 avait dénombré plus d’une centaine de systèmes de visioconférence dans les établissements universitaires bretons avec, hélas, un taux d’usage très faible. Il avait permis d’analyser les obstacles à leur utilisation : lourdeur de la mise en route, complexité de la télécommande, appel d’un technicien en cas de difficultés.
Patrice Roturier explique le sens de la démarche : « Un professeur vient d’abord pour faire son cours et il ne faut pas lui compliquer la tâche. Une télécommande de visioconférence, c’est déjà trop compliqué pour la mettre en route. Nous avons souhaité mettre en place un applicatif de conciergerie et de réservation ». Celui-ci est intégré au portail du campus numérique. La personne qui souhaite utiliser l’un des outils de visioconférence s’y connecte avec son identifiant unifié, examine le planning d’occupation des salles, à la fois celle qu’il va utiliser mais aussi le ou les sites avec lesquels il veut communiquer. Il choisit un créneau libre et valide sa réservation. Il précise la nature de l’activité prévue : formation, recherche ou gouvernance et s’il souhaite enregistrer le cours ou la réunion. Ces données sont enregistrées sur le back-office central du système. À l’heure prévue, ce dernier met en route les systèmes de visioconférence aux extrémités de la liaison prévue et établit les communications. Lorsque le professeur ou les participants rentrent dans la salle, le système est déjà opérationnel. Le système central est couplé à un écran d’affichage à l’entrée de chaque local pour indiquer le planning d’occupation.
Les liaisons de visioconférence empruntent le réseau Renater qui dessert, grâce à une boucle en fibre optique, huit points de présence répartis sur le pourtour de la Bretagne. Chacun des 35 sites est relié à ces points de présence par un lien à 1 Gb/s. Les communications passent sur les infrastructures réseau des établissements à travers un vlan dédié.
Dans le cadre d’un partenariat public privé
L’ensemble des équipements de visioconférence a été mis en place dans le cadre d’un PPP (Partenariat Public Privé). Après une consultation menée en 2013, c’est la proposition de Breizh Connect qui a été retenue. Cette société de projet a été fondée par le groupe de B.T.P. Eiffage et Orange Business Services (OBS) avec la participation de la Caisse des Dépôts et des Caisses d’Épargne. Ce PPP comprend deux volets : un programme immobilier pour la construction de quatre bâtiments universitaires, mené par Eiffage, et le volet numérique et télécoms conçu, déployé et géré par OBS. L’entité d’Orange, dédiée aux services de communication pour les entreprises, a mené toutes les études techniques en collaboration étroite avec l’UEB, a défini les équipements, les outils logiciels et les automates de salles et a fait appel à Polycom pour la partie visioconférence.
Pour mettre en place les réunions virtuelles multi-sites et établir les liaisons vers l’extérieur, Orange Business Services a mis en place deux plateformes techniques, l’une à Rennes et l’autre à Brest pour la redondance. Elles regroupent les outils de communication de Polycom installés sur des serveurs en mode virtualisé. Ainsi sont installés, entre autres, le pont multipoint et serveur de collaboration RMX, l’enregistreur de visioconférence RSS, le serveur de virtualisation et d’échanges de protocole DMA. Mais pour assurer un fonctionnement cohérent de l’ensemble et établir le lien avec le portail de conciergerie, OBS via, sa filiale Orange Application Business, a réalisé un important travail de développement sur-mesure.
Raphaël Delbreilh, Directeur des Opérations pour le projet UEB C@mpus chez Orange Business Services, les détaille : « Nous avons proposé un portail de conciergerie adapté aux besoins de l’UEB. Celui-ci dialogue avec le pont RMX qui appelle les automates des salles lors de l’établissement de la liaison. Nous avons ajouté à l’enregistreur RSS des fonctions de gestion des vidéos, pose de tags et validation pour le partage des contenus. Enfin nous avons complété le dispositif avec des outils d’analyse sur les usages, les durées de connexion, le nombre de participants. Nous avons même conçu un calculateur d’économie de CO2, par rapport aux déplacements physiques des participants ».
Ouverture à des participants externes
Le système mis en place permet d’organiser des réunions multi-sites entre tous les membres de l’UEB, quel que soit le type de salles. Des visioconférences sont également possibles avec des salles de télé présence externes. Christophe Retourna, directeur des services informatiques de l’UEB, précise que « leurs équipements doivent être conformes aux protocoles H.323 ou SIP accompagnés de la surcouche de télé présence. Une fois leur adresse IP connue et après quelques pré-requis techniques, ils sont intégrés dans l’annuaire. Pour des interventions ponctuelles depuis un micro-ordinateur ou une tablette, nous demandons aux correspondants d’installer le logiciel Polycom RPD ou RPM. Nous privilégions les outils professionnels de visioconférence et nous n’avons pas d’accès à des outils de web conférence ou comme Skype ».
Cette ouverture du réseau UEB C@mpus vers l’extérieur facilite le déroulement de formations internationales comme par exemple un master sur l’histoire du cinéma qui se déroule pendant 13 semaines entre Rennes et Montréal. Chaque cours se déroule en commun entre les deux villes avec les étudiants qui reçoivent le même enseignement et passent le même diplôme des deux côtés de l’Atlantique.
Le réseau de visioconférence UEB C@mpus, en améliorant la qualité des communications et et leur facilité d’accès, préfigure sans aucun doute de futurs modes de communication et d’enseignement basés sur le numérique.