Vidéoprojecteur Panasonic PT-AT6000 – L’âme d’Hollywood inside !

 
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Contrairement à plusieurs de ses concurrents, Panasonic ne lance pas une gamme composée de 12 vidéoprojecteurs tous les ans, mais met la gomme sur un modèle unique qu’il peaufine à l’envi depuis maintenant six générations. Le PT-AT6000 est un vidéoprojecteur LCD à part, dont la plupart des réglages et composants sont largement dignes de figurer dans les secteurs semi-pro et professionnels. Mediakwest s’est fait un plaisir de passer une semaine avec la bestiole pendue à la potence.

 

Ce n’est pas un hasard si le test de ce vidéoprojecteur a atterri sur un site de l’acabit de Mediakwest : le nouveau modèle Panasonic n’a vraiment rien d’un appareil grand public. Certes, son prix inférieur à 3 000 € TTC le positionne de façon accessible aux consommateurs avertis, mais sa conception le classe parmi les projecteurs LCD les plus performants du moment. À l’instar de Sony, qui a sous sa coupe les studios Sony Pictures à Los Angeles, Panasonic doit une partie de sa force dans le monde de la vidéoprojection au Panasonic Hollywood Laboratory (Los Angeles, unité de prémastering vidéo et cinéma), avec lequel l’entité nipponne travaille main dans la main afin de garantir à ses modèles un étalonnage des couleurs qui ne ferait pas fuir l’autochtone. Ça, c’est sur le papier. Nous vous en dirons plus lors de la conclusion de ce test.

 

Qu’elle est la réelle identité de ce vidéoprojecteur Panasonic PT-AT6000 ?

Compact et disposant d’une section optique située à la droite de l’appareil, ce modèle compatible 3D pèse moins de 9 kg et n’est profond que de 36 cm pour 15 cm de hauteur. Il arbore un look passe-partout, parfaitement identique à la génération précédente. Sa conception est un peu atypique, notamment dans ses réglages relatifs à son installation sur le terrain. Alors que la plupart des modèles vendus à ce prix intègrent un déplacement optique horizontal et vertical motorisé, le fabricant a plutôt misé sur d’autres composants et a joué d’astuce en dissimulant derrière une trappe frontale un joystick qui permet de déplacer l’optique verticalement sur une valeur de +/-100 %, et horizontalement, sur une valeur de +/-25°. Il suffit de savoir. L’optique est loin d’être indigente car elle s’appuie sur 16 lentilles, dont deux modèles asphériques de grand diamètre et de[MG1]  modèles hautes performances ED (extra-low Dispersion). Un zoom optique motorisé x2 permettra d’ajuster la diagonale de l’image à l’écran (F1.9-3.2 ; f22.4-44.8 mm), et l’électronique intègre même une mémoire qui est capable d’adapter l’optique selon que l’on ait affaire à une image 4/3, 16/9 en 1.78/1.85, ou bien en scope 2.35/1. Les réglages sont effectifs en 2D ainsi qu’en 3D, et cette électronique est capable de reconnaître le format du signal entrant et d’agir sur l’optique motorisée.

Concernant les matrices utilisées, à notre grande surprise, Panasonic persiste à utiliser des panneaux LCD Full HD, alors que la tendance générale est plutôt à l’intégration de matrices SXRD (LCD réflectif) et, bien entendu, DLP/DMD. Le fabricant assure qu’un effort particulier a été fait concernant le prisme et les filtres RGB polarisants. De plus, fidèle à son habitude, Panasonic a installé son système de Smooth Screen Technology/LCD dont la particularité est de réduire l’effet de grille des panneaux LCD (l’interstice entre chaque pixel). Par expérience, cette technologie, qui s’appuie sur une double réfraction cristalline, fonctionne particulièrement bien, mais pas au point de prendre des allures d’image SXRD à la structure électronique assez légère.

 

Un effort particulier sur le ratio de contraste.

Ce n’est un secret pour personne, l’un des points faibles des panneaux LCD traditionnels réside dans le ratio de contraste. Étant donné que le panneau est traversé par le faisceau lumineux, la difficulté réside justement à le bloquer efficacement pour ne pas se retrouver à l’écran avec des noirs totalement grisés. Le challenge est énorme, il l’a toujours été pour tous les fabricants, Epson en tête de file. Les parades sont cependant nombreuses, à commencer par l’utilisation de panneaux LCD de haute précision avec des molécules parfaitement alignées, ce qui facilitera l’efficacité lors de l’application du voltage. Secundo, la star en la matière est un iris motorisé dynamique qui travaille main dans la main avec l’électronique afin d’ajuster son ouverture en temps réel et ce en relais avec l’histogramme de l’image. Le système est d’ailleurs très complexe, car il fait entrer en piste une analyse en temps réel de l’image via cet histogramme, une correction immédiate de la courbe du gamma, une modulation de la puissance de la lampe et une ouverture ou une fermeture de l’iris. Tout cela à la vitesse grande V. Depuis six générations, Panasonic a eu largement le temps de peaufiner sa technique et annonce d’entrée de jeu que le contraste de son nouveau vidéoprojecteur est amené à 500 000/1 (en dynamique). À noter également que tous ces « artifices » peuvent être déconnectés dans le menu, afin de revenir à des valeurs neutres qui déconnectent l’iris motorisé.

 

La colorimétrie : sept modes au choix, dont le REC.709 (HDTV /ITU-R BT.709).

Parmi les points qui nous encouragent à penser que ce vidéoprojecteur est bien plus qu’un modèle grand public, nous avons marqué l’arrêt devant sa propension à travailler les couleurs. Pour débuter, le chemin de lumière est illuminé par une lampe de 200 W de type Red-Rich, qui lui assure une luminosité de 2400 lm ANSI. Son spectre chromatique est accompagné de filtres optiques qui permettent de tirer pleinement parti de ses propriétés. Afin de garantir peu ou prou que son vidéoprojecteur délivrera des couleurs fidèles au choix des cinéastes, Panasonic a fait appel aux techniciens de son studio de pré-mastering américain Panasonic Hollywood Laboratory. Ils ont transmis aux ingénieurs japonais toutes les valeurs de référence utilisées en post-production, qui s’étendent du cinéma numérique (SMPTE RP 431-2) en passant par le standard HDTV (REC.709), et les modes relatifs au Gaming ou les diffusions en semi pénombre (image Dynamic). Au total, ce sont sept modes différents qui sont proposés par le menu. Il faut y ajouter toute une panoplie de réglages réservés aux utilisateurs chevronnés : ajustements via un diagramme Waveforms, réglages précis de la courbe du gamma (via des zones que l’on peut sélectionner à l’écran), mode Split Screen pour un visionnage immédiat avant et après les réglages, et l’ajustement précis du rouge, du vert, du bleu, du cyan, du magenta et du jaune. Cette panoplie pourra être effective en 2D ou 3D, ou uniquement 2D, ou uniquement en 3D. L’électronique dispose de la possibilité de stocker ces réglages, ce qui comprend également des masques sur la zone de projection (blanking). Des mires de type barre de couleurs et échelle de gris sont également au menu, et peuvent être affichées d’une simple pression sur la télécommande. Difficile de demander plus à un vidéoprojecteur qui est annoncé comme étant grand public, ce qu’il n’est pas vraiment. Il a cependant toute sa place auprès des consommateurs exigeants mais pas forcément experts, et ce grâce à ses préréglages d’usine et ses modes pré-calibrés.

 

3D : Panasonic continue à y croire très fort.

On aurait pu penser que la 3D serait presque mise en sourdine sur ce type de produit, mais il n’en est rien. Preuve en est de la somme de technicité que Panasonic a déployée pour rendre pleinement compatible son vidéoprojecteur avec la 3D/active. Les panneaux LCD utilisés sont capables d’être adressés en 480 Hz, ce qui aura, sur le papier du moins, pour effet immédiat de limiter fortement le Crosstalk (dédoublement des verticales, sensation d’écho sur l’image). L’électronique suit évidemment le mouvement en étant capable de doper les débits des trames par interpolation, tant dans le visionnage en 2D en 3D. À noter que ce vidéoprojecteur intègre un circuit de conversion 2D vers 3D et que l’utilisateur aura accès à des réglages rarissimes sur ce type de produit, de l’acabit du parallaxe de l’image 3D, que l’on peut décomposer en rouge et en bleu afin de peaufiner son ajustement (image affichée en négatif). Toutes les commandes sont relayées par des icônes ou des schémas de réglages façon waveforms. L’appareil s’intronise en tant qu’expert à même de rattraper certaines aberrations liées à une 3D envahissante (jaillissement exagéré), tout en étant capable de conserver une définition poussée et une colorimétrie stable avec la 3D affichée Full HD. Panasonic livre une paire de lunettes actives avec son modèle, ainsi qu’un second transmetteur infrarouge optionnel dans le cas où celui présent sur la machine ne parviendrait pas à couvrir l’intégralité de la pièce. Au fil de notre analyse, ce qui ressort de ce vidéoprojecteur, c’est un parfait équilibre entre une électronique très évoluée, une section optique pensée et repensée pour le cinéma des Blu-ray (ou autres), et des caractéristiques techniques haut de gamme, dont un ratio de contraste élevé pour ce type de produit LCD.

 

Sur le terrain : des couleurs qui flashent, un piqué généreux, un ratio de contraste étonnant !

Le Panasonic PT-AT6000 a été testé pendant une semaine avec des mires Full HD, ainsi qu’avec un lecteur de Blu-ray Panasonic en 2D et 3D. Il en ressort un appareil à l’image totalement atypique dans sa catégorie. Le fabricant a tellement poussé sur les paramètres dans ses réglages d’origine, qu’il sera même primordial pour l’utilisateur de les moduler. La première chose que nous avons trouvé surprenante, tient dans un rendu colorimétrique d’une très grande vie. Si on n’y prend pas garde, les couleurs peuvent même dériver vers un aspect fluorescent / flashy. Il sera donc conseillé d’apprivoiser rapidement les réglages « expert » de la bestiole afin qu’elle n’en fasse pas trop. Second point, le ratio de contraste est réellement au-dessus du lot. Alors que la plupart de ses concurrents peinent à délivrer des noirs profonds avec les matrices LCD, Panasonic a réussi la prouesse optico-technique d’associer avec efficacité, une modulation de la lampe, un iris motorisé ultra rapide et une correction en temps réel de la courbe du gamma, dont les effets immédiats se traduisent à l’écran par une image dont les noirs ne sont jamais grisés. Le piqué (définition) est absolument exceptionnel, nos tests avec le Blu-ray de Samsara (mastering 8K) nous ont permis de déceler les moindres subtilités de ce tournage effectué en 65 mm. Cependant, tout n’est pas tout blanc, à commencer par la sensation, sans doute à peine perceptible à certains, d’avoir une image qui est en permanence très travaillée par l’électronique. Nous n’avons pas écrit qu’elle prend des allures d’image très ou trop numérique, mais disons que l’on « sent » un travail permanent afin de réduire les saccades et le bruit vidéo. Même en déconnectant la plupart des modes et en plaçant les réglages en mode neutre, ce vidéoprojecteur a persisté à délivrer des images HD toujours très travaillées, ce qui peut, parfois, nuire à la sensation de naturel de certaines images vidéo basées sur des tournages pellicule (granularité allégée par l’électronique). Nous avions déjà remarqué ce point sur le précédent modèle, et Panasonic a donc réitéré cet énorme travail permanent sur l’image.

La somme de réglages est absolument étourdissante. Pour notre part, nous avons beaucoup aimé les modes préréglés via le Panasonic Hollywood Laboratory, qui se sont toujours montrés d’une fidélité exemplaire sur la carnation des visages, le naturel du vert des prairies, ou le blanc neigeux du sommet des montagnes. Le PT-AT6000 s’est également illustré par un rendu 3D que nous pourrions qualifier d’un des meilleurs jamais observés sur un modèle de cette catégorie. Tout en gardant une luminosité élevée, le vidéoprojecteur a délivré des images d’une profondeur naturelle, dépourvues de scintillement ou des effets de Crosstalk. Les lunettes, légères, se laisseraient presque oublier. Les effets de jaillissement sont disciplinés, et s’ils ne le sont pas, le menu à l’écran permettra de les dompter.

On a donc affaire à un produit ultra complet, dont les qualités intrinsèques sont le fruit d’une longue expérience du fabricant concernant cette génération de produits. Au fur et à mesure de l’évolution de son modèle unique, Panasonic a éliminé tous les défauts qui lui étaient reprochés. Reste que, afin de garder un prix acceptable, nous trouvons dommage qu’il ait fait l’impasse sur un déplacement optique motorisé, qui peut s’avérer nécessaire dans le cas où l’appareil est installé sur une potence. De plus, l’électronique a parfois du mal à s’effacer derrière l’image tant on sent qu’elle tire en permanence les ficelles de ce que l’on voit à l’écran. Cela écrit, le Panasonic PT-AT6000 est sans conteste un des meilleurs vidéoprojecteurs LCD du moment, et peut-être de l’année 2013 dans la catégorie modèle LCD compatible 3D.

 

Caractéristiques techniques

Modèle tri LCD (RVB), diagonale de 0,74 pouce

Définition : Full HD

Adressage des panneaux : 480 Hz max

Lampe utilisée : 220 W, UHM

Durée de vie de la lampe : 5000 heures en mode économique, 4000 heures en plein pot

Luminosité : 2400 lm en mode dynamique

Ratio de contraste : 500 000/1, en mode dynamique

Compatibilité 3D, une paire de lunettes offerte, émetteur infrarouge intégré à l’appareil.

Déplacement de l’optique en horizontal et en vertical manuel (+/- 25 % ; +/-100 %)

Mémoire des réglages optiques en fonction de l’affichage en 2D, en 3D, en 4/3, en 16/9, et en Scope

Optique : zoom motorisé x2, F1.9-3.2 ; f=22.4-44.8 mm

Réglages professionnels : waveform, split screen, correction de la courbe du gamma évoluée, sélection des réglages par zone, gestion des couleurs sur six points, réglages du parallaxe de l’image 3D via diagramme, etc.

Consommation : 310 W

Connectique : trois prises HDMI, entrée PC D-Sub 15, entrée composante, entrée composite, entrée S-Vidéo, Trigger x 2. Pas de port USB.

Dimensions : 470 × 151 × 364 mm

Poids : 8,9 kg

Niveau sonore : 22 dB en mode économique

Prix : 2 800 € TTC environ