Dossier : WiFi et prises de vues connectées

Il est désormais possible de mettre en œuvre des systèmes communiquant pour les prises de vues photos et vidéos, avec le support d’une liaison WiFi dédiée pour transmettre commandes, données, images et fichiers.
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Des labels technologiques font quelquefois une apparition surprenante dans les caractéristiques d’appareils qui nous semblent familiers. On ne s’étonne plus de la mention du nombre de Mégapixels sur les nouveaux smartphones ; pas plus que de l’indication GPS étiquetée sur les appareils photos ou de la présence d’un capteur full HD dans les tablettes…

Certaines fonctionnalités des équipements numériques sont difficiles à comprendre, surtout lorsqu’il s’agit de nouvelles fonctions basées sur des communications sans fil. Ce phénomène se manifeste aujourd’hui par l’affichage du sigle WiFi sur les nouveaux appareils photos et vidéos ; les photoscopes et camescopes, grand public ou professionnels, présentent en la matière des propriétés comparables.

Pourtant, si l’utilisation du WiFi est pratique courante pour distribuer les services numériques sur les appareils portables dans des environnements domestiques, son exploitation à des fins spécifiques, pour assurer l’interopérabilité des équipements en prises de vues, est encore une nouveauté.

 

Nous avons tous été amenés à délaisser occasionnellement nos précieux appareils photo/vidéo pour faire des images avec les PDA (Personnal Digital Assistant), smartphones ou tablette, qui occupent désormais une part du champ de nos activités quotidiennes. Ce choix, concédé aux dépens de la qualité photographique de l’image, est motivé par les fonctions d’échange qu’offrent ces équipements, mais aussi par la simple possibilité de voir l’image sur un écran de taille confortable. Aujourd’hui, l’introduction du WiFi dans les appareils photo & camescopes pourrait enfin les sortir de leur isolement numérique ? Compacts, mobiles et connectés, les nouveaux dispositifs de prises de vues n’attendent que notre pratique exigeante pour faire la preuve de leur efficacité. Mais pour aborder ces systèmes, qui impactent les modes opératoires et modifient l’organisation collaborative du travail, l’utilisateur doit comprendre les limites de ce qu’il est possible de faire à partir d’un écran mobile. Pour y arriver, il devra se poser quelques questions essentielles.

 

Du WiFi ! mais quel WiFi ?

Le WiFi (Wireless Fidelity) est l’appellation commerciale d’une technologie de réseau numérique local sans fil à haut débit, avec plusieurs normalisations techniques spécifiant des liaisons à 6 Mbit/s efficaces en version 802.11b (la plus répandue), environ 25 Mbit/s en 802.11a ou g, et jusqu’à 300 Mbit/s théoriques pour la norme 802.11n. Le WiFi est très largement déployé pour des usages domestiques ou institutionnels ; il assure des échanges de données numériques au moyen d’infrastructures légères et peu coûteuses qui sont déployées dans des locaux privés ou publics. Si un appareil de prises de vues récent est doté de la fonction WiFi, il faut savoir si cette fonction le limite à se connecter à un réseau existant en mode « infrastructure », ou s’il peut se transformer en borne d’accès en point à point avec une connexion dédiée dite « ad-hoc ». Cette solution s’impose lorsque les lieux de prises de vues sont distants des sites couverts par les réseaux fixes. Notre appareil doit être capable d’émettre temporairement son propre réseau WiFi indépendant. Ce réseau « point à point » de faible portée permet l’échange d’informations avec un équipement mobile qui peut être un ordinateur portable, une tablette ou un smartphone. Certains appareils fonctionnent au choix en mode infrastructure ou en mode ad-hoc pour permettre l’échange d’informations et de fichiers médias en proximité.

 

 

Du WiFi en pratique

Pour mettre en œuvre une communication sur un réseau WiFi ad-hoc, plusieurs opérations sont nécessaires : d’abord, déclencher l’émission du point d’accès WiFi sur le photo/camescope; ensuite considérer le nom SSID (Service Set Identifier) et le mot de passe de ce réseau. Enfin, connecter l’appareil portable en sélectionnant le SSID dans la liste des réseaux accessibles (si d’autres réseaux sont présents dans la zone) et saisir le mot de passe. Pour s’affranchir de cette procédure, il existe une alternative basée sur l’appairage instantané par champ de proximité utilisant la technologie NFC (Near Field Communication). Lorsqu’ils sont préalablement configurés, des appareils dotés de cette technologie peuvent se coupler par un simple rapprochement physique. Quand les appareils sont connectés, il existe deux types d’interfaces utilisateur sur le second écran : soit à partir d’une application dédiée, soit à base de pages web affichées par un navigateur depuis l’adresse IP de l’équipement de prise de vues. Les vues affichant l’image vidéo à distance reposent sur un flux en basse résolution, généralement codé en MPEG4, appelé proxy.

 

Selon le type d’équipement en présence, il est possible de réaliser une grande variété d’opérations :

– afficher la vue de la visée directe ;

– déclencher la prise photo, ou le start/stop de l’enregistrement vidéo ;

– afficher la liste browse des imagettes figurant photos et vidéos déjà enregistrées ;

– visionner une photo ou un clip en mode plein écran ;

– consulter et éditer les métadonnées documentaires des médias.

 

Pour les camescopes, les fonctions d’édition vidéo permettent aussi de :

– placer des points In/Out et borner un extrait vidéo ;

– assembler virtuellement plusieurs extraits afin de réaliser une simple séquence en bout à bout sous forme d’EDL ;

– conformer ce bout à bout afin de générer un nouveau média consolidé : un traitement numérique du camescope applique aux clips en haute résolution les coupes et ordonnancements de l’EDL éditée en basse résolution sur la tablette;

– profiter des services d’un modem affilié (tethering) en partageant la connexion numérique 3G/4G/LTE d’un smartphone pour accéder à des services internet de partage d’images.

 

Des solutions disponibles

Chez Canon, les solutions connectées en photo professionnelle concernent les boîtiers DSLR EOS 5Dmark3, 6D et 7D. Elles reposent sur un module externe optionnel, le Wireless File Transmitter WFT-E6 qui propose plusieurs modes de fonctionnement : d’abord, le transfert des fichiers vers un ordinateur ; systématique ou par choix de l’utilisateur, ce transfert repose sur un serveur FTP local activé sur un ordinateur PC ou Mac. Autre mode, le contrôle de la prise de vues à distance grâce à l’application dédiée EOS Utility: il déporte la visée et donne accès à toutes les fonctions et réglages du boîtier (diaphragme, vitesse, filtre, balance couleurs, sensibilité…). Le réglage de la focale du zoom n’est pas présent, mais la mise au point est facilitée par la possibilité de pointer sur l’écran tactile la zone de focalisation dans l’image. Dans un autre mode, il est possible d’afficher en mode web l’écran de commande du boîtier à partir d’un navigateur internet en utilisant l’adresse IP du module.

Enfin, on peut synchroniser le déclenchement sur plusieurs boîtiers de prises de vues. Pour la vidéo, les camescopes de la gamme EOS Cinema utilisent le même module WiFi fonctionnant en mode station ou Ad-hoc, pour un contrôle distant via le navigateur. En présence d’objectif à monture ES, tous les réglages de la caméra sont déportés, à l’exception de la focale optique. Il est possible de saisir des textes informatifs qui seront intégrés aux métadonnées des fichiers vidéo. Pour le grand public, les photoscopes WiFi de la gamme 2014 sont équipés d’une puce NFC: en proximité d’un smartphone lui aussi compatible, ils s’appairent automatiquement et lancent l’application de contrôle Canon Camera Window (téléchargeable pour iOS et Androïd). Ils autorisent l’envoi de fichier, le visionnage sur la tablette, le contrôle distant des fonctions basiques de prise de vues, et même la récupération de métadonnées de géolocalisation à partir du smartphone.

 

Autre solution pour les photographes professionnels, XSories propose un boîtier externe chargé d’assurer la communication entre le boîtier reflex numérique et un smartphone iOS ou Androïd : le petit boîtier Weye Feye, repérable à sa robe orange, se branche par câble sur le DSLR et le relie en permanence à un ordinateur ou une tablette grâce à son point d’accès intégré avec une portée de plusieurs dizaines de mètres. Il est possible de contrôler les réglages de prise de vues depuis l’écran mobile à partir d’une application téléchargeable. Pour chaque prise, le fichier en haute résolution peut se transférer vers un dossier préalablement sélectionné et s’affiche directement sur l’écran pour être visionné et directement retraité. Ce processus de rattachement simple et robuste est compatible avec les DSLR Canon et Nikon.

 

Les équipements Panasonic haut de gamme proposent aussi des services connectés. C’est le cas des camescopes d’épaule HPX-600 et PX-5000, et aussi du nouveau camescope de poing référencé HJ-PX270, un modèle compact destiné au reportage d’actualité (Hot News) avec des fonctionnalités communicantes optionnelles. Des améliorations ont été apportées au modèle précédent pour permettre des fonctions déportées en WiFi, mais aussi des services de transmissions basés sur une puce Modem compatible avec les réseaux 3G, 4G et LTE. La chaîne française d’info continue BFM-TV doit prochainement déployer cet outil pour accélérer la fabrication de certains de ses reportages.

Chez SONY, les nouveaux modules Cyber-shot QX illustrent les possibilités de prise de vues sur smartphone via WiFi pour le grand public (voir l’article sur les zooms connectés). Mais APN et caméras démontrent leurs capacités de communication en intégrant aussi un point d’accès ad-hoc avec l’application PlayMemories qui contrôle les opérations sur PC ou Mac en version HOME, sur iOS et Androïd en version Mobile. Le nouveau professionnel HXR-NX3 fonctionne sur le même modèle. À partir d’une tablette, il permet de commander la caméra, de visionner, de sélectionner et transmettre des vidéos en basse résolution vers des réseaux sociaux. Dans la gamme broadcast, c’est un module externe CBK-WA100 qui assure la connectivité des caméras XD-CAM en WiFi, grâce à l’application Content Browser Mobile. Ce module fonctionne au choix en mode point à point (AP) ou station (ST). Il encode des fichiers proxy de visionnage et les stocke sur une carte mémoire SD. Il est équipé de plusieurs ports pour recevoir une clé USB dongle de transmission WiFi, et au besoin une autre en 3G/4G à destination de Ci, le cloud professionnel Sony.

  

Des exemples qui suffisent à donner un aperçu des possibilités étendues dont disposent les équipements de prise de vues avec le support du WiFi.

 

 

 

 

 

 

 


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