Parlez-nous un peu du tournage et de votre expérience chinoise…
Le dernier Loup est mon quatrième film avec Jean-Jacques Annaud. L’action se déroule en 1969. Un jeune étudiant originaire de Pékin est envoyé en Mongolie intérieure, dans une tribu de bergers nomades. Il va beaucoup apprendre sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes…le loup !
Comment s’est passé la mixité des équipes?
J’ai tourné un peu partout dans le monde, il m’est déjà arrivé de me retrouver seul dans une équipe étrangère pour faire un film.
Sur Le dernier Loup nous étions une équipe de 450 personnes, dont 9 français. L’équipe image était constituée de 27 techniciens à la caméra, 17 à la machinerie, 19 à l’électricité, et une interprète…. Seul mon gaffer chinois parlait anglais ! Le langage du cinéma étant universel, grâce à la compétence des techniciens, nous arrivions toujours à nous comprendre. J’étais accompagné de Denis Scozzesi, mon chef machiniste. Sa compétence, et notre complicité, me sont aujourd’hui indispensables pour coordonner tous les mouvements de caméra.
Quels configurations avez-vous utilisé sur le tournage?
J’ai tourné avec 5 caméras : 3 caméras 2D et 2 caméras 3D. J’utilisais un rig allemand Screen Plane pour les caméras 3D, sur lequel j’installais soit des packs 3D 16-42, soit des packs 3D 30-80. Sur les caméras 2D, j’utilisais essentiellement des objectifs Angénieux : 15-40 & 28-76, 24-290 & 28-340. Nous avons tourné environ un quart des scènes en 3D natif et les trois quarts en 2D.
Quelles caméras avez-vous utilisé et quelles sont vos optiques de prédilection ?
Pour la 2D j’ai tourné avec des ALEXAS, et pour la 3D avec des RED. Tout a été filmé en RAW pour faciliter les raccords d’images entre les deux configurations. Nous avions installé un laboratoire sur place pour régler et anticiper tous les problèmes de post-production. Les objectifs Angénieux nous ont facilité la vie en termes de raccords. Avec l’Alexa combinée aux OPTIMO, je retrouve exactement ce que je pouvais obtenir en argentique, la mixité est bluffante.
Sur ce tournage, j’ai beaucoup apprécié le nouveau 28-340 avec le doubleur Angénieux ; sa qualité optique est très homogène.
J’utilise, par ailleurs, l’OPTIMO 24-290 depuis sa sortie, car il correspond exactement à ce que je recherche dans la qualité des peaux, dans la colorimétrie. C’est pour moi l’objectif idéal. Je retrouve cela, bien sûr avec le 28-340, mais aussi avec les OPTIMO lightweight 15-40 et 28-76, je peux ainsi passer d’une caméra fixe en longue focale à une caméra à l’épaule avec harmonie. Ma cohérence de tournage est vraiment centrée autour de cela. Je mixe l’utilisation de ces OPTIMO avec des optiques Cooke S4 et cela fonctionne très bien car je retrouve la même qualité.
Comment se sont traduits vos choix techniques par rapport aux contraintes?
J’avais souvent une caméra sur une grue et deux autres sur travelling ou slider, avec les zooms. Nous devions choisir les focales adaptées rapidement, notamment pour capter les regards de nos loups. L’un des personnages du film est un petit loup que nous avons suivi depuis sa naissance en avril jusqu’au début de l’automne. Dans ce contexte nous avons dû gérer les variantes de colorimétrie d’une saison à l’autre, et celles-ci sont assez brusques en Mongolie… Nous avons conçu un plan de travail complexe pour concilier ces contraintes. Le dresseur, Andrew Simpson a éduqué 16 loups, dont 4 petits pour le rôle principal. Nous avons commencé à tourner des plans d’été très larges au mois d’Aout 2012, en très petite équipe, dans des endroits isolés de Mongolie qui ne permettaient pasd’accueillir toute l’équipe.
Puis nous avons tourné une scène compliquée en hiver : des loups attaquent des chevaux dans la nuit et le blizzard. C’était assez terrible, mais les hommes ainsi que le matériel, ont résisté ! Le tournage a repris à la naissance des petits loups en avril. Deux autres coupures ont ensuite été nécessaires pour permettre aux louveteaux de grandir, et aussi pour respecter l’évolution des saisons. Puis nous sommes repartis sur le tournage des séquences d’hiver, dans le grand froid et la neige !
Le dernier loup
Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
Chef opérateur : Jean-Marie Dreujou
Producteurs: China Film Co et Repérages
Budget estimé : 29 millions d’euros
Date de sortie : 25 Février 2015