Autre signe que cet IBC 2016 marquait le début de la transition des premiers équipements IP de production vers une interopérabilité généralisée, Panasonic présentait sur son stand à la fois une régie complète haut de gamme compatible AIMS et le codec TICO à côté de sa toute dernière génération de caméras tourelles robotisées, l’AW-HE130 devenue récemment compatible de manière logicielle avec le protocole de remote production promu par NewTek, NDI (Networked Device Interface).
Rappelons que NDI est un protocole d’interopérabilité IP dédié à la remote IP Live, concurrent pour le moment de l’initiative AIMS et promu par le fabricant de mélangeur NewTek. NewTek propose un SDK en ligne sur son site web permettant d’interfacer des équipements en IP avec son mélangeur via une API logicielle intégrée dans le mélangeur lui-même. Il est possible ainsi de piloter les caméras tourelles de Panasonic. Cette méthode, qui génère théoriquement une latence plus importante, devrait peu à peu être remplacée par l’intégration directe du protocole d’encapsulation NDI au sein des équipements partenaires de NewTek.
Sur cet IBC, outre Panasonic, les industriels disposés à afficher leur compatibilité logicielle avec NDI étaient JVC, Adobe, LiveU, NewBlue, Deltacast, AJA Video Systems, Matrox, Teradek, vMix… les choses n’étant pas figées pour le moment en matière de protocole IP Live, NewTek indiquait, outre son protocole NDI directement opérationnel, avoir testé au sein de son offre NewTek Connect Pro des passerelles vers AIMS, notamment le protocole VSF-TR03 qui sera l’un des éléments du futur standard SMPTE 2110.
Enfin, pour être tout à fait complet concernant les spécialistes de la régie de production IP, ajoutons qu’Evertz montrait sur son stand sa solution de régie de production IP TV très complète basée sur ses propres routeurs de la gamme IPX contrôlés grâce à SDVN, son SDN propriétaire via les logiciels de la marque ou via ceux d’un industriel qui adopterait son Framework publié au sein de la communauté Aspen. Force était de constater sur cet IBC 2016 que peu de fabricants faisaient la démonstration de leur interopérabilité avec des équipements labellisés Aspen. Après s’être rallié à AIMS lors du dernier NAB Las Vegas, Evertz indiquait être en train de rapprocher son framework du futur standard SMPTE 2110.
Une nouvelle ingénierie centrée sur l’architecture réseau
La société française d’ingénierie broadcast 42 Consulting, présente pour la troisième année consécutive avec un stand sur l’IBC Amsterdam, accompagne aujourd’hui les différents « Proof of concept » de remote production que mène France Télévisions.
Le second POC de France Télévisions, actuellement en cours de réalisation, repose sur la remote production de la régie de France Télévisions via le Mediadôme d’Ericsson à Boulogne Billancourt en s’appuyant sur les différents protocoles promus par AIMS et sur une liaison fibre de 100 gigabits Ethernet. L’objectif de ce second POC est de pouvoir mesurer les performances d’une telle architecture IP dans des conditions réelles d’utilisation sous la forme de services broadcast quotidiens opérés à distance.
Pour Denis Vergnaud, le cofondateur de 42 Consulting : « L’IP TV vient de faire un premier pas qui consistait à valider le principe de l’IP Live via un copier-coller des architectures existantes, tandis que le deuxième pas reste à venir et devra consister à réinventer des architectures et des process nouveaux ».
Le dirigeant de 42 Consulting constate aussi que « lors du premier POC chez France TV il y a un an, des difficultés ont dû être surmontées comme le choix des protocoles de programmation des routeurs au cœur du réseau, entre l’IGMP et le SDN ». Des problématiques déjà connues du monde IT, mais qui étaient toujours au centre des conversations lors de cet IBC.
« L’un des messages de cette conférence était d’ailleurs d’acter l’importance d’un dimensionnement correct du cœur de son réseau IP destiné au live, en essayant de ne pas trop tordre le cou au fonctionnement de base de son réseau via un logiciel d’orchestration, sous peine d’aller au devant de déconvenues… tout en sachant que les réseaux actuels offrent une flexibilité qui n’existait pas encore quelques années auparavant », insiste Denis Vergnaud.
En complément de cet article, vous pouvez lire :
> Top départ du Live IP interopérable (partie 1)
> Top départ du Live IP interopérable (partie 2)
*Extrait de notre « Cahier des tendances » réalisé par notre équipe de rédacteurs durant l’édition 2016 d’IBC et paru pour la première fois dans Mediakwest #19, p.44-76. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité. Les parties 1 et 2 ont été publiées sur le site Jeudi et Vendredi…