L’arrivée des caméras numériques pour le cinéma a transformé en profondeur la postproduction, tant sur un plan technique qu’artistique. Le chef-opérateur peut prendre des décisions sur le plateau qui seront retranscrites lors de l’étalonnage final. En fait ce principe, c’était sur le papier, mais la plupart du temps il existait une certaine dichotomie entre la gestion des images « on set » et le résultat final en étalonnage, car les outils n’étaient pas forcément interopérables. Les outils proposés par FilmLight changent la donne, permettent de maintenir un workflow assurant le transfert des métadonnées, des choix de pré-étalonnage.
Illustrant cette nouvelle méthode de travail, Mikros Image et Be4Post se sont associés sur le long métrage L’araignée rouge. Le succès de ce projet repose sur la relation de proximité, de connivence entre l’équipe de Be4Post et Mikros Image. Les deux entreprises ont déjà signé plusieurs collaborations dans le passé. Pour la petite histoire, Guillaume Poirson, qui était le DIT sur le film, est un ex-Mikros, ce qui crée des synergies ! Mais au-delà de l’humain, c’est également via les outils FilmLight qu’il faut se tourner pour comprendre les workflows modernes déployés.
Mikros Image et Baselight
Mikros Image fut l’un des premiers prestataires en France à s’équiper de Baselight pour l’étalonnage, comme l’indique Mathieu Leclercq, responsable Cinéma Numérique au sein de Mikros Image : « Nous avions choisi, il y a trois ans, de faire évoluer nos machines d’étalonnage et notre choix s’est porté sur les solutions de FilmLight. La migration est en train de se finir actuellement. Tous les sites de Mikros en France et en Belgique sont désormais sur Baselight. Nous sommes extrêmement satisfaits des stations d’étalonnage FilmLight et nous avons passé la gestion des rushes sur le logiciel Daylight dès sa sortie – Daylight offre également des outils d’étalonnage, de synchro, et de transcodage. Nous avons à ce jour deux machines Daylight qui font 80 % des pubs et des longs métrages sur le site de Levallois. »
Pour ce film, Mikros Image s’est vu confier l’ensemble du projet image, de la gestion des rushes jusqu’à la fabrication du Digital Intermediate, en passant par la création des effets spéciaux. En apprenant que Guillaume Poirson serait le DIT sur le projet et que le directeur de la photographie avait envie de faire un peu d’étalonnage sur le plateau de tournage, tout concordait pour une collaboration avec Be4Post.
Qui plus est Be4Post avait fait le choix de passer sur Daylight de FilmLight pour sa gestion des rushes sur les tournages. « Nous nous sommes dit, avec Matthieu Straub, que ce serait intéressant d’avoir une chaîne complète, comme le Daylight venait d’arriver chez Be4Post, et de pouvoir travailler ensemble. Il y avait un Daylight et un Flip pour la prévisualisation des looks sur le monitoring des cameras (SDI) sur le tournage, également un Daylight chez Mikros pour la gestion des données. Mikros Image récupérait les rushes et les métadonnées, nous faisions une vérification de l’image et les rushes partaient en montage », précise Mathieu Leclercq.
« Pour nous aussi le choix de Baselight et des produits FilmLight s’est fait naturellement, car il nous paraissait important d’avoir une chaîne complète entre le tournage et la postproduction… quelque chose de très fluide sur le papier et nous voulions mettre cela en condition réelle », poursuit Matthieu Straub.
Ce workflow BLG (Baselight Linked Grade) a permis de gérer dès le tournage les métadonnées, ce qui a simplifié les étapes de postproduction. « Nous avions de nombreux plans à truquer, environ 150. Les BLGs, fichier OpenEXR qui contiennent chaque layer d’étalonnage d’un clip, sans aucune des restrictions créatives des LUTs, ont permis de conserver la colorimétrie tout au long de la chaîne. Durant la fabrication des VFX, tout était en EXR ; nous avons utilisé le Daylight pour les exports des fichiers Raw vers EXR. Nous livrions les EXR au VFX avec le BLG correspondant et une LUT pour un étalonnage plus primaire. Certaines stations VFX avaient des plug-in Baselight sur Nuke et des postes de travail plus light récupéraient simplement une LUT de travail. Nous avions ainsi une cohérence complète, et lors de la conformation nous avons réappliqué les BLG garantissant un respect colorimétrique sur toute la chaîne. Le film a nécessité trois semaines d’étalonnage », souligne Mathieu Leclercq.
Gain de temps et de qualité
Outre la qualité et le travail du chef-opérateur respecté, cette utilisation conjointe de Daylight a permis un gain de temps et de productivité, notamment sur la création des effets spéciaux. « Tout est facile à faire dans Daylight ; en quelques clics il est possible d’exporter les LUTs, alors que sur certains outils c’est plus compliqué. »
Le lien tournage/postproduction est un gain de qualité de service. Cela permet, quand les tournages sont éloignés, d’avoir un retour sur le plateau, qui sera le même que celui du montage. Il y a une interaction dans les deux sens, car il est possible de récupérer des BLG avec des options d’étalonnage prises en postproduction.
Mathieu Leclercq ajoute : « Quand nous récupérions les rushes, nous pouvions aller plus loin, renvoyer un fichier BLG pour que Guillaume Poirson puisse voir avec le chef-opérateur les propositions d’étalonnage. Le fichier s’envoie par mail. Les valeurs sont identiques d’un Daylight à un Flip. FilmLight a fait le choix de ne pas limiter l’outil, mais a mis en place des presets pour le simplifier sur le tournage.»
Le tournage de L’araignée rouge s’est fait en Arri Alexa XT 4/3 et Alexa Mini 4/3. Les caméras d’Arri sont aujourd’hui celles qui ont le mieux intégré la gestion des métadonnées, et elles sont totalement en phase avec les outils Daylight ou Flip. Une interaction qui va aller encore plus loin et simplifier le tournage, étant donné que sur les prochaines versions de Flip et de Prelight – tout nouveau logiciel de pré-visualisation via SDI et création de looks sur les plateau – il y aura une liaison en wi-fi entre la caméra Alexa SXT, le Flip et Prelight. Ce qui permet d’envoyer à la caméra l’étalonnage que le DIT est en train de créer, et de sauvegarder toutes les informations typiques des BLGs directement dans les fichiers ArriRaw et ProRes. « Les caméras Arri sont les seules, quand on fait des exports en EXR, à donner les infos de Pan et Tilt pratiquement à l’image près. Les gens des VFX adorent travailler avec Arri. »
Le chef-opérateur du film, Laurent Barès, a l’habitude de faire des pubs à l’étranger et de travailler avec un labo digital sur le tournage. « Nous étions sûrs que les infos étaient intègres entre les intentions du chef-opérateur et le résultat final. Quand on travaille en CDL, les infos sont perdues au long de la postproduction, alors que là notre travail se voit et le discours est cohérent avec la chaîne de postproduction. Le Flip a outre l’intérêt d’être un hub digital sur le plateau, de pousser le Creative Grading sur le plateau comme en pub. Amener un étalonneur sur le plateau avec le Flip est intéressant dans une logique flux. Le Flip est petit et s’alimente en 12 V ; il faut juste un écran calibré, un iPad et cela donne une créativité sans précédent », précise Matthieu Straub.
Une relation étroite avec FilmLight
Mathieu Leclercq apprécie également la relation et le soutien technique qu’il a avec FilmLight : « J’ai accès à tous les développeurs de FilmLight ; je peux les joindre à tout moment. Le support est présent, performant et à l’écoute. Dans la V5.0 de Baselight, sont proposés de nouveaux outils pour les coloristes et la gestion des workflows, ce qui est rare. Il y a une réflexion sur les espaces colorimétriques et comment on les emmène de la caméra jusqu’au finishing. Je pense que les choix qu’ils ont faits sont les bons. » FilmLight a mis récemment à jour Baselight en version 5.0.
À propos de Be4Post
Be4Post possède de nombreux outils pour s’adapter à la postproduction, propose du coaching et des conseils pour préparer ses workflows. La société a été fondée par trois DITs renommés : Christophe Hustache Marmon, Matthieu Straub et Guillaume Poirson. Elle est associée à la société RVZ (location de matériels de tournage, caméras et machineries). Les deux entités ont déménagé en mars dernier sur un nouveau site à Ivry-sur-Seine.
Désormais Be4Post dispose d’un atelier présent au cœur de RVZ permettant de tester les dernières versions de caméras avec les assistants caméras, et les chefs-opérateurs. Be4Post dispose de trois suites d’étalonnage et d’un espace collaboratif. La société attend le nouvel outil de FilmLight – baptisé Prelight – qui permet d’avoir le logiciel du Flip sur un Mac pour piloter un boîtier de LUTs. Ce nouvel outil qui, en quelque sorte se positionne comme le Flip, va permettre à ce dernier d’être enrichi de nouvelles fonctions, comme faire de l’incrustation, du recadrage.
* L’araignée rouge, dont la sortie n’est pas encore annoncée, devrait paraître en trois montages différents. Les spectateurs en salle devront choisir la version avec leur smartphone. Ce sera une première technologique avec une logique de choix dynamique pendant la séance. Au casting, Tchéky Karyo, Laura Smet, Pascal Elbé, Alessandra Martines…
** Cet article est paru pour la première fois dans Mediakwest #18, pp.44-45. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici