Bonnette anti-vent Cinela Cosi : le nouveau souffle

Disponible en version perche ou caméra, la bonnette Cosi apporte un « souffle » nouveau dans le petit monde de la protection anti-vent. Facile à installer et aussi compacte qu’une bonnette enfichable, elle est également dotée d’un système de suspension inédit. Essai en situation.
La bonnette Cinela Cosi sur perche : un ensemble léger comprenant une cage de protection anti-vent à poil court doublée d’une suspension d’un genre nouveau à l’efficacité redoutable. © Zoé Stefani

L’arrivée sur le marché d’une nouvelle génération de micros canons courts, comme le MiniCmit de Schoeps, dont la partie arrière a été fortement raccourcie par rapport à ses prédécesseurs, a rendu les suspensions traditionnelles inadaptées à cause de l’important porte-à-faux induit par cette nouvelle catégorie de microphone. Ce changement dans l’offre, explique son créateur Philippe Chenevez, a été le point de départ dans le développement du nouveau concept breveté sur lequel repose la bonnette Cosi.

En effet, les systèmes conventionnels prévoient, soit de suspendre le micro et de protéger l’ensemble avec une cage, soit de ne protéger que le micro déjà suspendu dans sa partie arrière en coiffant sa partie avant avec une mini cage circulaire ou bonnette mousse revêtue de poil. L’ingénieur français a exploré une troisième voie consistant à abandonner la suspension micro qui a tendance à générer un porte-à-faux vers l’avant et à travailler sur un système de suspension sur lequel repose la cage tout entière, de façon à la centrer et à augmenter son efficacité.

L’astuce consiste alors à maintenir le micro fermement dans une sorte de douille amovible grâce à un système de blocage à baïonnette quart de tour. Le micro entre alors entièrement dans la cage dont il devient solidaire. Au final, la bonnette Cosi, dont l’encombrement est voisin d’une Rycote Softie, est utilisable sur perche, en intérieur comme en extérieur, mais également sur caméra ou DSLR grâce à un accessoire type sabot enfichable sur une griffe porte-accessoire standard… Alors, la solution miracle ?

 

Plug and play

En tout cas, en termes d’installation, rien à dire, la Cosi est vraiment rapide à mettre en place : on sort de la cage le petit support micro en tournant la baïonnette d’un quart de tour, on y enfiche le micro jusque dans l’embase XLR, on réinsère l’ensemble dans la cage et on visse à nouveau la baïonnette. Il n’y a plus ensuite qu’à refixer le câble au moyen des petits plots en caoutchouc fournis et l’ensemble est prêt à être fixé sur perche ou sur la griffe porte-accessoire d’une caméra ou d’un appareil photo.

Sur la version perche, l’inclinaison avant/arrière se fait grâce à une rotule à serrage cranté que l’on peut visser sur la cage. Une position arrière et une position située plus en avant sont disponibles et la documentation conseille de choisir l’une ou l’autre selon la longueur de la cage et l’utilisation perche ou caméra. Le câble fourni se trouve maintenu dans un support accueillant la fiche XLR que l’on pourra déporter à gauche, à droite, à l’avant ou à l’arrière de la perche grâce à une petite vis à œillet. L’ensemble paraît solide et bien fini.

Nous testons d’abord la Cosi avec le micro canon super compact MiniCmit de Schoeps qui est à l’origine du concept. Pas besoin ici d’actionner un quelconque filtre dans la mixette car celui intégré au microphone (70 Hz, 24 dB/octave) est suffisant pour se débarrasser du « rumble » de la suspension. Dès le début, je suis frappé par la légèreté et la maniabilité. Pour un système à cage, c’est bluffant. À première écoute, le rendu est transparent acoustiquement, sans « voile » sur les aigus. Avec un micro comme le MiniCmit, la partie inférieure du spectre est riche et on peut la préserver si besoin est.

Évidemment, l’encombrement est supérieur à une simple bonnette d’intérieur en mousse, mais l’ensemble est suffisamment compact, notamment sur l’arrière du micro pour être utilisable en intérieur, au point de pouvoir envisager des passages de porte ou des captations avec des plafonds bas par exemple. Je suis également intrigué par l’efficacité de la suspension qui me permet d’oser des mouvements jusqu’alors interdits, ou encore de passer d’une prise de main à une autre sans craindre l’apparition des traditionnels bruits de perche fatals.

Je poursuis le test avec un micro hypercardioïde, donc plus court, le Neumann KM 185, protégé cette fois dans une cage de taille moyenne. Le micro étant dépourvu de filtre, j’enclenche alors le filtre coupe-bas pour diminuer les bruits graves générés par la manipulation. Le constructeur conseille de tester entre 50 et 70 Hz à 18 dB/octave. Suivant les conditions, les résultats se sont montrés très satisfaisants entre 40 et 80 dB sur la petite Sound-Devices MixPre6 utilisée durant le test, qui propose un filtre à 18 dB/octave avec « étage analogique et numérique » dixit la doc…

 

Un compromis astucieux

Évidemment, outre la facilité d’installation, l’un des points forts de cette Cosi est de pouvoir passer immédiatement d’une scène d’intérieur à une scène en extérieur sans se poser de question, ce qui apporte une vraie sérénité en tournage, notamment en documentaire ou en reportage où la rapidité est un élément clef. Testé durant la période de confinement, je guette alors les rafales pour tester les limites de la Cosi, en évitant de m’éloigner trop loin de mon domicile.

L’épaisseur de la fourrure et le volume de la cage étant limités, j’arrive à atteindre les limites du système dans les rafales où le vent apparaît de manière progressive, en parfaite corrélation avec le bruit du vent dans les feuillages. Il est présent, mais avec moins d’artéfacts que dans un système enfichable. En revanche, jouer du coupe-bas, ou rajouter une éventuelle protection sur l’avant n’y change rien, et il faut donc soit l’accepter, soit changer de lieu, soit passer sur un système procurant une atténuation au vent supérieure…

Sur un appareil photo, avec le câble en version longue, le support DSLR s’installe plutôt facilement et la bonnette se montre facile à vivre du fait de son encombrement réduit. Autre avantage, on est sûr que la capsule est bien protégée, ce qui n’est pas toujours le cas avec les systèmes enfichables qui ont souvent la fâcheuse tendance à glisser vers l’avant, laissant alors le micro sans protection…

 

Pour qui ?

La Cosi a de sérieux arguments pour séduire les perchmen ou ingénieurs du son travaillant en cinéma, en docu, mais aussi en actu, sachant qu’il s’agit d’un compromis qui demandera de prévoir un système complémentaire lorsque le vent forcit. En version caméra, les productions qui souhaitent ramener un maximum de son utilisable de leurs tournages, pourront être également séduites par le système Cosi sachant que tout ceci a un prix, autour de 450 euros HT en version de base, mais c’est sans doute le prix à payer pour un ensemble à la R&D aboutie, fabriqué en France artisanalement avec un évident soin du détail.

 

Longueurs, diamètres et compatibilités

La conception de la Cosi fait qu’elle n’est pas disponible pour les microphones mesurant plus de 18 cm (Schoeps cmIT5U, Sennheiser MKH 416, Neumann KMR 81i) ni pour les micros aux profils non circulaires (Sennheiser MKH 60, 40 ou 50). En dehors de ces cas particuliers, Cinela propose aujourd’hui à son catalogue cinq longueurs de cage (XS : 13 cm, S : 15 cm, M : 18 cm, L : 21 cm et XL : 24 cm) adaptée respectivement aux longueurs maxi des microphones (7,5 cm, 9 cm, 12 cm, 15 cm et 18 cm). Il faut ensuite choisir le support adapté suivant le diamètre du microphone (19, 20/19, 20/20, 21, 22a, 22b et 22c mm) sans oublier d’y associer le type de câble (court ou long, doté d’un ou deux plots de fixation pour les cages L et XL). Cosi est disponible chez des revendeurs comme DCA, Tapages, Airetec ou via le formulaire de contact directement sur le site de Cinela.

 

Extrait de l’article paru pour la première fois dans Mediakwest #37, p. 48-53. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.