Gregory Pernet : la 4MinX en situation

 
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Musicien professionnel devenu, comme beaucoup, ingénieur du son par le biais de la musique, Gregory Pernet travaille principalement dans la région de Strasbourg et notamment pour Arte pour qui il dynamise la production. Figurant parmi les premiers utilisateurs 4MinX, un enregistreur multipiste conçu et produit en France par Aeta, il nous dresse un premier bilan de son utilisation qui inclut clips, documentaires et productions effectuées au 5D…

 

Mediakwest: Comment s’articule votre activité en région ?

Gregory Pernet: Je travaille notamment pour Arte qui génère pas mal d’activité dans la région de Strasbourg, mais également avec des producteurs locaux. Ici, le secteur est assez dynamique grâce aux bureaux d’accueil des tournages de la ville et de la région qui savent faire le nécessaire pour attirer de plus en plus de projets : films, courts-métrages, docs, TV etc. Par ailleurs, nous venons de fêter le premier anniversaire des « Kinotechniciens », le réseau des techniciens de l’audiovisuel en Alsace, qui amplifie grandement cette dynamique.

Comment êtes-vous devenu un utilisateur de 4MinX ?

J’ai découvert la 4MinX d’Aeta grâce à Yann-Dominique Bégault de Yes Audiovisuel qui m’a proposé de m’envoyer une machine pour que je puisse me faire ma propre opinion. Par rapport aux autres enregistreurs de qualité professionnelle, j’ai finalement procédé par élimination : le Nagra VI était hors de mon budget, le Sound Devices 788 décourageant au vu des différences de prix entre l’Europe et les USA et le Nomad de Zaxcom difficilement disponible à l’époque où j’ai fait mon choix. Bien sûr, il y a aussi la proximité du fabricant, notamment pour le SAV, qui a été déterminante. Certains collègues évoquent aussi l’argument du « made in France », et il est vrai que ça compte aussi. En tout cas, en matière de suivi, Aeta fait vraiment un super travail.

Pourquoi avoir investi dans votre propre matériel ?

Pour réaliser certains projets dans de bonnes conditions, j’avais besoin d’un enregistreur multipiste pro et comme il est pratiquement impossible de trouver ce type de machine à la location en dehors de Paris, je me suis lancé. Pour les petites productions, bénéficier de prestations incluant le matériel représente un avantage non pas sur le plan financier, car je ne loue pas forcément moins cher que les loueurs, mais une économie de temps et d’énergie appréciable.

Quelle est votre configuration actuelle ?

En ce moment je travaille avec deux couples Neumann (AB et M/S), un canon Neumann et deux liaisons HF. Ma 4MinX dispose de 8 pistes, mais j’ai pour l’instant fait l’économie de l’option Time Code car je n’en ai pas encore eu besoin. Cela peut paraître surprenant, mais entre le calage à la main et les alternatives apportées par PluralEyes ou FCP10, les productions semblent de plus en plus se passer du TC et ces solutions ne sont pas si chronophages qu’on pourrait le croire. Et puis, le clap apporte toujours un certain charme en tournage…

Vous travaillez régulièrement sur des productions tournées avec des reflex numériques…

Oui, il s’agit la plupart du temps d’objets très esthétiques : des courts-métrages, des programmes d’habillage ou de promo, des clips… Dans ce cas, le cadreur enregistre un son témoin avec le micro interne pour la synchro et on clape avant chaque prise. Comme il s’agit souvent de produire des images particulières avec, par exemple, des effets de slow motions ou de flous artistiques, je me dois alors d’être également créatif dans mon domaine en proposant des ambiances singulières, des sons atypiques ou encore de très gros plans sonores qui colleront à ces images. J’aime beaucoup ce type de travail.

Sur quels projets avez-vous utilisé la 4MinX ?

Je l’utilise surtout en documentaire, comme une mixette conventionnelle, sauf qu’à tout moment je peux enregistrer des sons seuls, des prises de sécurité et les livrer en fin de journée sur carte SD ou sur clé USB. C’est très pratique.
 En musique je l’ai utilisée en classique (un couple et deux appoints) et sur du rock pour faire des prises additionnelles avec quatre micros en proximité. Dans les deux cas, les mixeurs m’ont fait remarquer la transparence des préamplis.

Quel bilan tirez-vous de l’utilisation de cet enregistreur made in France ?

La qualité de son est excellente. Les préamplis sont vraiment transparents, les coupe-bas et les limiteurs efficaces et ultra discrets.
En termes d’ergonomie, il faut passer un peu de temps au début pour se familiariser avec la machine et son fonctionnement. Comme les possibilités sont nombreuses, certains aspects comme le routing, la personnalisation des raccourcis ou encore la configuration des fichiers produits à l’enregistrement demandent un peu de réflexion. C’est à la fois un avantage et un inconvénient. En fait, il faut prendre du temps en préparation pour gagner ensuite en souplesse et en réactivité sur le terrain. Comme, en général, je travaille seul, je n’ai pas eu l’occasion de tester la configuration complète avec surface de contrôle et clavier, mais cela me serait bien utile en court-métrage où il est nécessaire de renseigner un maximum de métadonnées et bien identifier les fichiers. Il faut dire que ce n’est pas le point fort de la 4MinX et j’espère que les prochaines mises à jour amélioreront cet aspect-là. La plupart du temps je renseigne plus en détail le rapport son en fin de journée et je fournis en fin de tournage un mix et les pistes séparées en pré-fader. Il manque aussi sans doute la possibilité d’effectuer des montages de base ou encore de gérer la copie des fichiers sur support externe directement depuis la machine.

Que pensez-vous de ce concept orienté fichier plutôt que piste ?

C’est vraiment une souplesse d’utilisation supplémentaire. Encore une fois, avec la 4MinX, il est possible de faire la même chose d’une multitude de manières, c’est bien plus qu’un multipiste 6 entrées, 4 sorties et 8 pistes en enregistrement. Entre les entrées et les sorties, on peut imaginer quasiment toutes les configurations possibles à condition de se pencher un minimum sur la question…