Interview de Pierre Mathéus, Directeur Général de Tënk

Rencontre avec Pierre Mathéus, Directeur Général de la plateforme Tënk, dédiée aux documentaires de création. Il revient pour nous sur l'origine de cette plateforme SVoD par abonnement... 
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Depuis quand existe Tënk ? Quel est le principe de votre service ?

Nous sommes en ligne depuis le 15 juillet 2016. Tënk fonctionne avec un abonnement de 6 euros par mois qui permet de voir sept à huit nouveaux films chaque semaine, proposés pendant deux mois. Notre pari était de faire sortir ces films de l’ombre, car ils ne sont plus diffusés ni en télé, ni en festivals et ne sont pas disponibles en DVD. Du coup, nous avons mis en place une « VoD » de rattrapage pour les abonnés ; en payant deux euros de plus, ils ont accès aux films qui ne sont plus en ligne.

 

Combien de films avez-vous au catalogue ?

En permanence, entre 60 et 80. Et plus de 500 diffusés depuis la création de Tënk.

 

Quels types de films proposez-vous ?

Tout. Nous n’avons pas de chapelle, même si nous sommes plutôt issus de l’audiovisuel en étant à Lussas (où se déroule depuis 1979, les États généraux du film documentaire). Nous avons une quinzaine de plages réalisées par des programmateurs. En moyenne, 70 % de nos films viennent de l’audiovisuel, mais il n’y a pas de règles.

 

Combien d’abonnés avez-vous ?

6 700 abonnés. Pour notre équilibre, il faudrait arriver à 9 000 abonnés payants à taux plein.

 

Produisez-vous des documentaires ?

C’est notre souhait. Nous travaillons depuis 30 ans sur le documentaire à Lussas. Petit à petit, nous avons vu le désintérêt des grandes chaînes pour le documentaire d’auteur pour aller vers des contenus plus formatés. Depuis une quinzaine d’années, nous travaillons à ce que de jeunes réalisateurs et producteurs puissent créer du documentaire, et pour cela nous avons passé des alliances avec des télévisions locales avec lesquelles nous produisons. Quand nous avons créé Tënk, c’était aussi pour aider à leur diffusion. La communauté de commune est en train de finaliser un bâtiment qui nous permettra de disposer de salles de postproduction. Dès que nous serons à l’équilibre, nous pourrons augmenter nos apports en industrie. Pour l’instant, nous avons deux bancs de montage et une station de postprod. Nous pourrons préacheter des films, car nous n’avons pas le droit d’être coproducteurs selon la réforme du fonds de soutien à l’audiovisuel, si les films veulent avoir droit à une aide du CNC. Notre philosophie est de faire en sorte que ces films existent. Sinon, nous tissons des partenariats comme celui que nous venons de signer avec la CFDT pour un apport en industrie sur trois films consacrés au travail pour 2018/2019. Notre objectif à terme est d’aider une cinquantaine de films par an.

 

Que pensez-vous de la politique sur le documentaire des « grosses » plates-formes type Netflix, Amazon, Hulu, etc. ?


Tout ce qui met le documentaire à l’honneur est une bonne nouvelle. Tënk s’est créée car il y avait un manque en termes de diffusion. Sur Netflix, on est beaucoup sur du documentaire formaté, mais on va voir si la plate-forme se met à proposer des films d’auteur.

 

Avez-vous des envies de sortir de France, d’avoir une portée européenne ?

Nous sommes en partenariat avec le Québec, l’Italie, l’Allemagne pour créer des Tënk. Nous voulons être sur le même modèle, à savoir la coopérative. Tous nos bénéfices vont sur des préachats et des coproductions. Fin 2018, mi-2019, nous visons des ouvertures avec des partenaires, notamment sur le monde arabe.

 

 

* Extrait de l’article « Le documentaire, un genre en perpétuel renouvellement » paru pour la première fois dans Mediakwest #27, p. 24-28. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.