Les smartphones des réalisateurs. © DRLes capacités des smartphones modernes sont de plus en plus incroyables, et Apple s’est fait une réputation auprès des faiseurs d’images, qu’elles soient fixes ou animées depuis des années grâce à une volonté farouche de ne pas suivre la course à la montée en mégapixels. Néanmoins, les derniers Samsung et autre Google Pixel ont commencé à dépasser les smartphones frappés d’une pomme depuis quelque temps en proposant des innovations intéressantes, telles que l’utilisation de plusieurs capteurs et de plusieurs objectifs, et l’intelligence artificielle. Apple se devait de réagir, c’est chose faite. Le iPhone 11 Pro et le modèle Pro Max, doté d’un plus grand écran, sont disponibles depuis quelques semaines et j’ai voulu me rendre compte de leur capacité à faire des images comme des pros.
Les nouveautés
Sur cette nouvelle génération baptisée « Pro », les deux iPhones 11, en plus des désormais habituels modules photo grand angle et zoom x2, sont dotés d’un ultra grand angle qui couvre un angle de champ de 120°, soit un équivalent 13 mm non stabilisé avec une ouverture à f:2,4 sur un capteur de 12MP comme les deux autres modules. Le « standard » est donc équipé d’une optique stabilisée ayant un objectif équivalent à 26 mm qui ouvre à f:1.8 et le zoom x2 d’un équivalent 52 mm qui ouvre à f:2, et lui aussi stabilisé.
D’après mes tests, les images sont très belles, la colorimétrie très juste, les couleurs plutôt neutres ce qui n’est pas pour me déplaire. Le bon point par rapport à la concurrence, c’est la calibration colorimétrique entre les trois modules photo. Ce qui permet de passer d’une focale à l’autre sans craindre d’avoir des problèmes de raccord, ce qui n’était pas forcément le cas des générations précédentes.
Autre nouveauté notable, c’est le passage du capteur dit « selfie » qui permet de faire désormais des vidéos en Ultra HD jusqu’a 60 images par seconde. Ce capteur frontal atteint désormais, lui aussi, une résolution de 12MP. Les journalistes, et autres vlogueurs, youtubeurs apprécieront de pouvoir faire des enregistrements face caméra de meilleure qualité qu’avec les modèles précédents. La fonction rigolote, c’est cette histoire de « Slofie » qui permet de faire des vidéos à 120 fps avec cette caméra. J’ai apprécié la stabilisation du module principal en vidéo qui permet de faire des mouvements à main levée très fluides. J’ai aussi été séduit par le mode nuit qui permet, grâce à de l’intelligence artificielle, de faire des photos en basse lumière avec un résultat plus qu’acceptable. Certes, c’est surtout efficace en photo, mais ça ouvre des possibilités qui jusque là étaient de véritables contraintes pour pouvoir utiliser son iPhone dans des conditions d’éclairage difficile.
L’autre paramètre important pour pouvoir utiliser pleinement son smartphone comme une caméra, c’est l’autonomie ; Apple semble l’avoir compris et a réussi à faire de nets progrès en la matière. La nouvelle batterie passe de 2 658 mAh à 3 046 pour l’iPhone 11 pro, ce qui permet d’avoir quatre heures d’autonomie en plus d’après le constructeur. Pour le moment je n’ai pas pu vraiment mesurer, mais il est clair que c’est nettement plus confortable, même en utilisation soutenue, sans oublier le fait que le chargeur est enfin à la hauteur ; il propose désormais 18 watts alors que la firme de Cuppertino s’obstinait à livrer ses téléphones qu’elle vend à des tarifs stratosphérique avec de modestes chargeurs 5 watts ! Cela fait plus de quatre ans que la concurrence est passée à des chargeurs plus puissants !
Le point délicat de ces iPhones, pour en faire de vraies caméras, c’est leur prise en main et leur fragilité. Certains constructeurs d’accessoires comme les Québécois de chez Shape proposent un « rig » complet avec des poignées, un support pour un micro et une petite torche led… Même le plus généraliste Rhinoshield s’est mis à proposer une coque dédiée équipée d’un pas de vis qui permet de fixer des complément optiques. L’opticien Carl Zeiss a même sorti quelques compléments optiques il y a quelques années avec son kit « Exolens ».
L’autre option, qui semble la plus prisée, c’est l’utilisation d’un stabilisateur trois axes ; il en existe plusieurs comme les Osmo Mobile de chez DJI ou encore les Smooth Q de chez Zhiyun. Je teste actuellement un modèle qui s’appelle le Atom de chez Snoppa. Deux bonnes idées : la première, c’est qu’il intègre un chargeur sans fil QI, mais il ne veut pas fonctionner avec mon iPhone. Par contre, via un câble USB Type C vers Lightning, la charge se passe bien. La deuxième, c’est la présence d’un système de câble qui permet de ne pas avoir le micro sur la partie stabilités mais pourquoi pas en dessous via un câblage qui passe à l’intérieur de la poignée.
Pour la partie son, la prise de son avec les micros internes est très étonnante, il y a même une fonction de « zoom » audio qui va isoler la voix de la personne interviewée. Ca fonctionne plutôt bien, même si ce n’est pas aussi bon qu’un micro dédié.
Filmic Pro, l’application pour transformer son iPhone en caméra cinéma
Pour les plus exigeants, la bonne idée sera sûrement de remplacer l’utilisation de l’application standard par une application comme Filmic Pro, même si celle-ci a bien évolué. Le gros avantage de Filmic Pro, par rapport à l’application standard de l’iPhone, c’est qu’il est possible d’avoir un contrôle 100 % manuel sur tous les paramètres de l’image et de contrôler la résolution et la fréquence d’image sans avoir à sortir de l’application alors que, par défaut, il faut aller dans les réglages généraux de l’iPhone.
La mise au point, la sensibilité et la vitesse d’obturation peuvent être modifiées. Il est par exemple possible de tourner en 24 images par secondes ou à 25, chose qu’il est impossible de faire avec l’app standard. Il est aussi possible de contrôler le taux de compression du codec et de le pousser jusqu’à 100 mb/sec, bien au-delà de ce que propose Apple par défaut. À noter qu’il est possible d’activer une option payante qui permet d’avoir plusieurs types de rendus colorimétriques et d’accéder à un profil Log. On peut aussi jouer sur la qualité du son, basculer en non compressé à 48 kHz en PCM.
CT Pro le « tout-en-un » dédié aux journalistes reporters d’images
J’ai eu la chance de pouvoir être beta testeur de cette application incroyable qui propose de mettre dans la poche des JRI tous les outils nécessaires à la réalisation d’un sujet news. CT Pro va très loin et propose à la fois les fonctionnalisés d’une caméra de reportage, mais aussi tout ce qu’il faut pour post-produire un sujet et l’envoyer à sa rédaction. Tourner, monter, titrer, enregistrer une voix off, mixer, jusqu’a la diffusion, tout est prévu. C’est un logiciel français qui est vraiment super puissant et qui a déjà séduit les rédactions de nombreuses chaînes de télé d’information continue en France et à l’international.
Conclusions
J’utilise mon iPhone depuis quelques années comme caméra de secours et, si j’ai depuis longtemps été convaincu par la qualité de la partie photo, la partie vidéo me laissait plutôt une impression mitigée. Depuis l’iPhone 7, j’avoue que j’ai beaucoup moins d’appréhension à l’utiliser car je suis plus confiant sur la qualité de l’image en photo et en vidéo, ainsi que sur le fait de pouvoir faire matcher ça dans mon montage avec les autres caméras que je peux utiliser habituellement. L’arrivée des trois modules photos, de la stabilisation, de l’augmentation de la sensibilité et des modes nuit ouvrent de nouvelles possibilités qui rendent cet outil encore plus attractif. C’est désormais évident que l’on peut envisager ces iPhone 11 Pro et Pro Max comme de véritables caméras.
Article paru pour la première fois dans Moovee #1, p.42/43. Abonnez-vous à Moovee (4 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.
