Le bilan annuel de la production cinématographique publié par le CNC est marqué par un net rebond du nombre de films dits « du milieu », une croissance des investissements, et une forte localisation des tournages sur le territoire français. De façon plus générale, la production cinématographique renoue pleinement avec son niveau d’avant crise sanitaire.
Un volume de films qui retrouve son niveau prépandémique
Alors que l’année 2022 revenait déjà à un niveau de production proche de celui des années d’avant crise, 2023 connaît une nouvelle hausse de la production.
Avec 298 films agréés en 2023, la production française confirme son dynamisme et retrouve le niveau des années 2017-2019. Cette hausse est portée par les films d’initiative française (FIF), qui sont au nombre de 236 en 2023 contre 208 en 2022.
Ce bilan se caractérise également par un nombre record de films d’animation (18 contre 13 en 2022) et une baisse du nombre de documentaires (40 contre 54 en 2022).
Des coproductions qui retombent à leur niveau d’avant crise
Après deux années records en 2021 et 2022, dû en partie à un effet de rattrapage et à la levée des restrictions de déplacements, le nombre de coproductions atteint, en 2023, 120 films, un niveau dans la moyenne des années 2017-2019 (119 films). 40,3 % des films agréés sont des coproductions, en net recul par rapport à 2022 (50,2 % des films) mais en ligne avec la moyenne 2017-2019 (39,6 % des productions). Le nombre de pays partenaires, lui, repart à la hausse : 38 pays différents en 2023 (contre 33 en 2022 pour une moyenne de 39 sur les dix dernières années).
Un devis moyen en hausse, et un devis médian au 2e plus haut niveau de la décennie
Avec 1,34 Md€, le montant global investi dans la production agréée l’an passé progresse par rapport à 2022 (+13,6 %), et à la moyenne 2017-2019 (+12,9 %). Les investissements sont portés par un fort dynamisme des partenaires français qui ont investi 1,1 Md€, troisième plus haut niveau de la décennie après 2016 et 2021.
Cette croissance des investissements bénéficie entièrement aux films d’initiative française (1,13 Md€, +23,4 % sur un an et +14,8 % par rapport à l’avant crise), le montant des investissements sur les coproductions à majorité étrangère étant en recul sur un an (214,75 M€, -19,8 % mais +3,8 % par rapport à l’avant crise).
En 2023, le devis moyen des FIF progresse pour la troisième année consécutive. Il s’établit à 4,78 M€, au plus haut depuis 2017 (4,90 M€).
Le devis médian progresse également pour atteindre 3,26 M€ (contre 2,85 M€ en moyenne sur la période 2017-2019), c’est-à-dire le deuxième plus haut niveau de la décennie (derrière 2017 où il s’établissait à 3,53 M€).
Un net rebond du nombre de films dits « du milieu »
La part des films au devis situé entre 1 M€ et 4 M€ est de 41,9 %, son niveau le plus élevé depuis 2009.
Celle des films dits du milieu, entre 4 M€ et 7 M€, enregistre un fort rebond en 2023, à 23,7 % (15,9 % en 2022), également à son plus haut niveau, depuis 2004. A l’inverse, la part des films au devis inférieur à 1 M€ passe sous la barre des 20 %, à 18,6 %, au plus bas depuis 2009. Les films au devis de plus de 7 M€ représentent 15,7 % de l’ensemble des films, un poids stable par rapport à 2022.
Enfin, huit titres présentent un devis supérieur à 20 M€ (contre quatre en 2022) : Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, De Gaulle partie 1 et De Gaulle partie 2 de Antonin Baudry, L’Amour ouf de Gilles Lellouche, Emilia Perez de Jacques Audiard, Monsieur Aznavour de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, Emmanuelle de Audrey Diwan, Chickenhare 2 de Benjamin Mousquet.
Une structure de financement stable avec une part diffuseur en progression
Les grands équilibres de la structure de financement des films d’initiative française varient très peu en 2023.
La part des soutiens publics (soutien automatique, soutien sélectif, aides régionales) reste stable en 2023 (à 8,3 % contre 7,9 % en 2022 et 8,8 % en moyenne en 2017-2019).
La part des producteurs (dont une partie sera couverte par le crédit d’impôt ultérieurement) demeure la première source de financement des films avec un apport de 38,8 % (contre 39,5 % en 2022).
Les diffuseurs restent des partenaires majeurs du financement des films en contribuant à hauteur de 34 % des devis, soit une nette hausse par rapport à 2022 (+29,7 %) et le plus haut niveau depuis 2015 (35,5 %). Leurs investissements atteignent un niveau record, à 383,9 M€ en 2023 (271,5 M€ en 2022). Une hausse sur un an visible chez tous les diffuseurs : +50,4 % pour les chaînes privées gratuites (71 M€) ; +43,1 % pour les diffuseurs payants (233,5 M€) et +29,8 % pour les chaînes publiques (79,4 M€).
Canal+ est toujours le premier financeur parmi les diffuseurs (plus de 40 % des apports totaux des diffuseurs), avec 154,1 M€ engagés en 2023, et France 2 est le premier parmi les chaînes gratuites (12,6 % des apports avec 48,3 M€).
Les plateformes étrangères (Netflix, Disney+, Prime Video, HBOMax) participent au financement de 39 films en 2023 pour un montant global de 48 M€, soit plus du double en un an (17 films et 23 M€ en 2022).
Enfin, si 80,1 % des films bénéficient de mandats (distribution salles, édition vidéo et export), ces derniers poursuivent leur tendance à la baisse, et représentent 9,5 % des devis en 2023 (12,5 % en 2022).
Près de 80 % des jours de tournage localisés en France
En 2023, en lien avec le volume de production, le nombre de jours de tournage sur le territoire français croît de 22,2 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 5 055 jours. Les jours de tournage à l’étranger progressent également de 8,7% par rapport à 2022 pour s’établir à 1 322 jours, mais toujours en dessous des niveaux d’avant crise (1 436 jours en moyenne). Le taux de localisation des tournages en France s’établit ainsi à un niveau élevé, à 79 %, contre 77 % avant crise.
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