Le Studio virtuel en temps de crise

La société belge KeyWall fait partie des premiers prestataires techniques présents sur la réalité virtuelle notamment grâce à un partenariat étroit avec Zereo Density. DreamWall est, pour sa part, le studio d’animation et de graphisme du groupe.Entretien avec Thibault Baras, directeur général, et Isabelle Denis, directrice commerciale de DreamWall & KeyWall
Le Studio virtuel en temps de crise © DRLe Studio virtuel en temps de crise © DR

Mediakwest : La crise sanitaire qui se poursuit impacte tout un chacun, mais semble néanmoins provoquer un effet accélérateur en termes de technologie. Quel est votre sentiment à ce sujet ? Comment vous êtes-vous organisés en Belgique ?
Thibault Baras : Chez nous, les mesures prises ont été probablement plus souples qu’en France ; nous n’avons pas eu besoin d’attestation pour nous déplacer mais, globalement, nous avons tous vécu la même situation. Et, comme tout le monde, au niveau business, nous avons été impactés par l’arrêt de certains tournages et de tout ce qui touche au sport. be tv, la petite sœur de Canal+, a dû interrompre ses productions assurées en direct à partir de KeyWall chaque dimanche et lundi. Ses émissions consacrées aux championnats de football belge et européen se sont arrêtées de manière très brutale. Nous avons perdu deux jours de production par semaine, ce qui est énorme !

DreamWall, notre studio d’animation et de graphisme, a lui aussi été impacté par la suppression de plusieurs événements. Cet été, de grosses opérations étaient prévues à l’occasion de l’Euro et des Jeux olympiques ; tout a été reporté. Heureusement, j’ai eu quelques nouvelles la semaine passée de nouveaux projets qui vont arriver à l’antenne, mais pendant deux mois, les clients sont restés passifs – ils n’avaient pas le choix – mettant leur énergie dans la gestion de la crise. Toutefois, parce que nous sommes une petite structure, nous avons réussi à prendre très rapidement des mesures fortes. Dès les premiers jours d’avril, j’ai imposé le port du masque, confiné certaines activités, notamment la météo. Et nous avons récupéré quelques opportunités de productions.

 

À quelles opportunités pensez-vous ?
Par exemple, c’est KeyWall qui coordonne, pour les chaînes belges, le tirage de l’EuroMillions qui se déroule à Paris. Les images sont envoyées à la RTBF, la Radio-Télévision belge de la Communauté française. Depuis début janvier, KeyWall coordonne l’assemblage, les voix française et néerlandophone. Avec la crise, il n’a plus été possible de le réaliser dans l’environnement du client, nous avons donc récupéré ce travail. Actuellement, l’assemblage et la coordination de tout ce qui touche à l’EuroMillions s’effectue chez KeyWall chaque mardi et vendredi.

 

Un autre exemple ?
Je pointerais du doigt la première messe en studio virtuel. La RTBF et France Télévisions se sont associées pour produire quelque quarante messes par an pour les cultes catholiques du dimanche matin. La RTBF a une obligation de production d’une dizaine de cultes sur l’année qui font l’objet d’échanges. Ainsi, une messe produite par France Télévisions est diffusée par la RTBF et, à contrario, lorsque la RTBF produit une messe, celle-ci est diffusée par France Télévisions. C’est ce qui nous a permis de voir naître cette opportunité. Nous avons déjà réalisé une messe en direct. Ce week-end, nous avons traité un culte protestant. Les dimanches 24 et 31 mai, la messe qui sera diffusée dans nos deux pays se fera en direct depuis le studio de KeyWall. C’est quelque chose de fondamentalement nouveau qui ne serait probablement jamais arrivé sans le coronavirus !

 

En matière de divertissement, qu’as-tu constaté ces derniers temps ?
Je donnerais un exemple : le concours de l’Eurovision de la chanson qui a dû être produit sous une autre forme. La RTBF avait prévu deux émissions : un Top 20 des meilleures chansons de l’Eurovision de tous les temps, ainsi qu’un Top 5 des meilleures chansons belges, le tout avec un vote du public. Ces émissions ont été produites et enregistrées à partir des studios, alors que jusqu’ici, et tu connais cette tendance en France, les producteurs de divertissement se sont montrés plutôt frileux vis-à-vis de l’utilisation du virtuel, voire de la réalité augmentée et des extensions virtuelles. Je trouve que, dans l’ensemble, les producteurs de divertissement n’ont pas encore passé le cap du virtuel. Le milieu du divertissement est demeuré assez conventionnel. Maintenant seulement, il commence à se rendre compte que le temps de déploiement est très rapide, voire beaucoup plus rapide que les installations ou décors conventionnels.

En Belgique, c’est peut-être un peu moins la norme, mais en France tous les décors de divertissement sont composés de beaucoup d’éclairages et de public. Il existe pourtant une possibilité de réaliser les choses de manière beaucoup plus rapide. Ainsi, pour l’Eurovision, nous avons commencé dix jours avant le tournage à trouver un décor, modifier, tester, tourner. L’utilisation du virtuel permet d’aller beaucoup plus vite dans le déploiement de productions. Si certains jeux et de nouvelles émissions mises à l’antenne par France Télévisions au cours des deux derniers mois utilisent ces possibilités, pour le moment, nous n’avons pas encore reçu de signal de producteurs de divertissement traduisant une quelconque volonté d’aller vers le virtuel.

 

Pendant le confinement, les webinars (« webinaires » en français), ces réunions collectives directes via Internet, ont explosé. Avez-vous mené une réflexion à ce sujet ?
Cette tendance a entraîné la mise à disposition, l’utilisation des technologies des studios pour du corporate. La semaine passée, nous avons ainsi tourné en studio pour EVS la présentation de leur nouvelle remote de LSM pour le XT-VIA. Accueillir chez nous le CEO d’EVS, qui n’était jamais venu, a ouvert des pistes. Dans ce cas précis, nous n’avons pas fait appel à la téléportation ; nous l’avions proposée, mais il s’agissait d’une première qui, à l’avenir, devrait donner lieu à d’autres projets de ce type. Aujourd’hui c’est D’Ieteren Finance qui tourne chez nous.

Pendant que nous faisions l’Eurovision, j’ai proposé à son producteur d’organiser des réunions Zoom. Plusieurs de ses clients potentiels voyaient ainsi ce qui se passait sur le plateau. Avec son smartphone, il leur montrait l’envers du décor, tandis que je fournissais quelques explications techniques. Ici, la crise sanitaire a vraiment agi comme un accélérateur de développement de workflow lié à ces technologies. Au travers de Zoom, on peut faire une production en studio et avoir un réel échange avec les spectateurs. Tu sais, comme moi, à quel point l’opération demeure difficile dans l’environnement traditionnel de la télévision ! Évidemment, il y a Skype et autres, mais cela reste un gros événement à mettre en place, avec des liaisons.

La crise du coronavirus nous drainera probablement quelques clients qui se seront dit que, finalement, utiliser un plateau, des décors virtuels, avec une petite équipe agile comme la nôtre, constitue un bon moyen de produire rapidement, à un prix qui n’est peut-être pas celui auquel ils s’attendaient. Ces entreprises se figuraient que la télé, ce n’était pas pour elles, alors que… certaines méthodes vont certainement quelque peu glisser du marché télé traditionnel vers du corporate.

 

Justement, proposez-vous au marché du corporate un barème prédéfini ou est-ce du coup par coup ?
Nous avons un barème variable, des tarifs adaptés, selon le type de client, certains disposant de budgets hyper limités. Nous essayons de maintenir une équipe réduite, mais tout de même conséquente. Par définition, le client corporate ne connaît pas le monde de la télé, il a l’habitude de parler à une caméra fixe devant lui, aidé d’un prompteur grand comme un écran 16/9 de salon. Quand il arrive ici, dans ce décor, la donne change. Nous ne pouvons pas faire l’économie de tous les postes, dire qu’un tel prendra deux ou trois rôles, ce n’est pas nécessairement la chose à faire. Nous gagnons 20 à 30 % de budget par rapport à du broadcast, sachant que la préparation doit aller vite, mais elle est intense. Par exemple, sur D’Ieteren Finance, que j’ai précédemment évoqué, nous sommes à 6 000 euros pour une journée d’utilisation, de montage. Ce n’est pas énorme, mais cela permet de faire tourner des équipes.

 

Vous êtes très présents dans la réalisation de bulletins météo. Avez-vous été contraints d’adopter d’autres méthodes ?
Alors que France Télévisions décidait de confiner ses présentateurs et de les conserver chez eux, la RTBF, elle, prenait des mesures pour former des couples. Comme tu le sais, la météo est réalisée par un présentateur et un opérateur. Dès le 11 mars, juste avant l’annonce des mesures sanitaires, nous avons isolé le bureau des présentateurs de manière à ce qu’ils restent entre eux, afin de créer ce fameux silo dont on parle. Nous avons ainsi pu poursuivre l’incarnation des bulletins météo, tant pour la RTBF, que pour TV5 Monde et toutes les chaînes locales pour lesquelles nous produisons la météo.

Au sujet des autres émissions que nous produisons (Quel Temps ! par exemple), nous n’avons pas vraiment changé notre méthode de travail. Pour des raisons de distanciation, nous avons simplement fait l’économie d’un cadreur en studio. Maintenant, nous sommes revenus à la quasi-normale. Nous avons limité à cinq le nombre de personnes en régie et déporté des postes dans d’autres espaces qui étaient disponibles. Comme partout ailleurs, le maquillage se fait uniquement par coaching, la maquilleuse guidant le présentateur qui se maquille lui-même. Rien de plus au niveau de KeyWall.

 

Actuellement, certains constructeurs communiquent beaucoup sur ces solutions de « distanciation » : un présentateur se trouve sur un plateau, un second sur un autre plateau à quelques mètres, voire kilomètres. Est-ce quelque chose que vous pouvez, vous aussi, imaginer ?
C’est juste de la téléportation ! Nous avions remis cette fonctionnalité au goût du jour en 2018, lors de la Coupe du Monde ; elle avait été initiée deux ans auparavant par M6 lors de l’Euro. Des clients nous contactent à ce sujet, mais rien de compliqué sur le fond. Plus complexe est le Téléfoot de TF1 diffusé chaque dimanche. Nous avons conçu leur table en trois dimensions, laquelle sert de masque et permet de mettre le téléporté derrière le desk, à côté du présentateur. C’est beaucoup de communication mais, sur le fond, on ne peut pas parler d’innovation.

Entendons-nous toutefois sur le terme « téléportation traditionnelle ». Le jour où on fera de la téléportation en volume, où le présentateur deviendra un objet 3D, il en ira autrement… On attend des caméras, des capteurs 3D qui permettront d’avoir le modèle du présentateur en temps réel. À ce moment-là, on fera fi de tout ce qui est derrière nous, de tout ce qui est fond, et on ne transmettra que le modèle 3D. On gagnera alors en bande passante, plutôt que d’envoyer des 4K ou HD à travers des réseaux IP. Le jour où on pourra faire cela en temps réel, avec une qualité répondant aux attentes du monde broadcast, on sera davantage sur de la 4K que sur de la HD. On sera alors dans l’évolution que j’attends depuis des années ! Souviens-toi, quand la Xbox est sortie, on était dans notre salon et on nous mettait dans la forêt. Mais cette qualité n’était pas suffisante pour pouvoir alimenter, rematter en texture l’image vidéo du présentateur. Cela viendra.

 

Il y a quelques jours, furent annoncées des mises à jour de Unreal 4 et 5. Y voyez-vous des opportunités intéressantes pour le studio virtuel ?
Avec Envoyé Spécial, nous avions ouvert la voie de la création d’environnements, plutôt que de décors puisque, à l’intérieur de ces environnements, tu peux avoir des décors. Nous avons constamment poursuivi dans cette voie. De nombreux clients viennent nous voir pour élargir ainsi leurs horizons et, au fil des années, nous sommes devenus de plus en plus performants. Nous cherchons à reproduire des environnements extérieurs en intégrant les changements du jour, de la nuit, etc., à obtenir un décor sensible à l’heure qui passe dans la journée, mais aussi aux conditions climatiques. Le gros projet sur lequel nous travaillons actuellement est la mise à l’antenne d’une nouvelle scénographie météo qui sera vraiment basée sur l’utilisation des environnements virtuels et l’intégration des conditions climatiques dans cet environnement virtuel, comme cela existe dans les jeux. Nous n’inventons rien, nous prenons des éléments et les mixons.

Sur le plan de la gestion de ces environnements, il est clair qu’Unreal 5, avec les rebonds de lumière, les « global illuminations », nous permettra d’être plus performants. Actuellement, nous devons en effet toujours faire quelques images ou des axes caméra qui vont être un peu pré-rendus pour avoir une gestion des ombres ou de la qualité attendue qu’on ne peut pas actuellement gérer dynamiquement. Cela, parce que les performances demandées ne permettent pas de sortir les images en temps réel. Alors, oui, sans aucun doute, les annonces d’Unreal 5 vont dans le bon sens !

En attendant, nous avons notre force et notre spécificité. Nous venons de conclure un partenariat en Inde avec Star TV, le premier diffuseur indien, pour créer tout leur contenu en virtuel. Nous avons ainsi réalisé l’environnement de Bombay qui est magnifique. Malheureusement, la reprise du championnat de cricket n’a pas eu lieu. Tout est décalé là-bas, aussi et on ne peut rien voir pour le moment. Franchement, pour chaque environnement sur lequel nous travaillons, nous arrivons avec des fonctionnalités supplémentaires. De ce que j’ai pu voir, Unreal 5, pour nos utilisations propres, constituera un vrai plus. Mais cela ne nous empêche pas d’être déjà créatifs.

 

Vous aviez aussi orienté vos activités vers la fiction TV et le documentaire, continuez-vous à développer ces secteurs ? Quel est votre regard ? Partagez-vous l’idée que, sur les tournages fiction, le plateau sera davantage utilisé que les décors naturels. Y a-t-il une offre valeur à proposer ?
Cela fait partie de la réflexion stratégique que nous allons mener avec notre partenaire Panasonic puisque nous disposons de plateaux qui ne sont pas équipés. La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, il n’y avait pas encore la crise. Nous allons probablement nous revoir plus tôt que prévu pour en parler. Le directeur de Panasonic est un fan de tout ce qui a trait au tracking, il est pionnier en France de la mise au point de certaines techniques. Je suis convaincu depuis des années que nous allons y parvenir. La question essentielle est de convaincre les producteurs et de leur permettre, malgré la diminution des moyens, de conserver un environnement de tournage et une vraie valeur ajoutée. Malheureusement pour le secteur, je pense qu’il n’a plus le choix. Nous ne sommes pas encore prêts, mais nous avons pas mal d’échanges avec des sociétés.

Quels seront, dans le futur, les systèmes d’aide, les soutiens au cinéma ou à la production audiovisuelle ? Comment ce système va-t-il s’adapter à la crise économique qui suit celle du virus ? La RTBF vient d’annoncer un plan « Restart » dans lequel elle annonce verser quelque 14 millions d’euros à différents acteurs culturels afin de relancer la production. Sur le plan technologique, nous ne sommes pas aptes à faire du 8K, mais je pense qu’il y a toute une gamme qui va devoir se satisfaire de certaines utilisations. À mon avis, les budgets habituellement dédiés aux effets spéciaux vont fondre. Oui, c’est un axe que nous allons probablement intensifier.

 

Y a-t-il un autre sujet que tu aimerais évoquer ?
Cela n’a rien à voir avec la crise, mais nous avons travaillé sur un « proof of concept » (POC) en décembre, la vidéo est publique. Nous avons effectué un test dans un stade avec des caméras PTZ Panasonic. Les clients en studio nous demandent souvent d’amener le stade en studio pour donner l’impression que le décor se trouve dans le stade. Pour ce POC, nous avons décidé exactement l’inverse. On est dans le stade et on amène le studio dans le stade. On fait de la réalité augmentée sur la base de petites caméras Panasonic installées dans des stades et pilotées à distance. Cela, en évitant de déplacer du personnel dans les stades, sinon effectivement la réalité augmentée n’est pas un souci. Avant la crise sanitaire, des tests à distance étaient prévus au travers de réseaux IP, avec pilotage à distance des caméras. L’image revient vers un centre de réalité augmentée sur lequel la réalité augmentée est calculée, mais sur un site distinct. Et puis, retour de l’image vers le stade pour alimenter, par exemple, des loges. Les stades ou clubs pourraient du coup imaginer proposer, à leurs clients se trouvant dans des loges, leurs publicités en réalité augmentée dans le stade. Évidemment, cela peut aussi servir pour la captation télé.

 

Quel est l’intérêt de ce POC ?
Il est que souvent, quand tu fais de la télé de cette manière là, tu as deux équipes : une dans le stade pour assurer la captation, avec les journalistes et experts, et une équipe de présentation en studio. Ici, tu pourrais imaginer que ton expert est au stade et que tu amènes ton environnement, habillage, studio dont tu ne peux pas te passer, dans le stade. C’est un peu l’idée, la réflexion qui était basée sur la téléportation, mais ici, au lieu d’amener quelqu’un en studio, tu prends quelqu’un d’un studio et tu l’emmènes là où tu te trouves. Tu fais donc l’inverse !

Nous avons travaillé ce POC et réalisé une première version fonctionnelle, au niveau technique, avec de petites caméras. On a collaboré avec une télévision locale qui travaille sur le fait de mettre à la fois l’image, l’alimentation, le tracking, les control remotes dans une seule fibre. Notre intention était de pouvoir déployer le studio à la mi-temps. Imagine : tu termines la mi-temps et tu dis « Tout le monde en place ». Il fallait pouvoir replacer la caméra et être prêt à refaire le studio virtuel et la réalité augmentée le temps d’une publicité. En 2 min 30 s, nous avons imaginé avoir joué le match à la mi-temps, lancé la pub, remis la caméra à la position où elle était, au milieu du terrain. Dans ce laps de temps, nous étions prêts à repartir, le tout avec des équipes évidemment limitées, des moyens légers, un recalage. La suite du projet est quelque peu reportée en raison de la crise sanitaire. L’idée est de pouvoir faire cela à distance. Tous les éléments sont d’ores et déjà en place et des partenaires ont accepté de nous suivre. L’enjeu est important, mais malheureusement nous n’avons pas encore pu réaliser le test.

Nous travaillons en outre sur deux autres POC qui utilisent Zoom pour pouvoir faire de la téléportation. Si, quand tu me parles via Zoom, tu avais un fond vert derrière toi, tu pourrais être en studio à travers la plate-forme. Nous finalisons ce POC la semaine prochaine. Nous verrons ensuite comment communiquer puisque, évidemment, le problème de la téléportation réside dans la nécessité de disposer de liaisons large bande. Nous avons déjà testé, nous irons plus loin. Il y a un deuxième cas qui est l’utilisation – et c’est nouveau par rapport à Unreal – de moyens légers tels les smartphones dans le studio virtuel.

 

À l’heure où les déplacements sont limités, on parle de plus en plus de public virtuel. Ton idée à ce sujet ?
Évidemment, le public virtuel nous intéresse. Nous en discutions déjà avec TF1 en 2018, puisque les supporters virtuels existent dans le stade de Téléfoot, supporters sur lesquels un contrôle est possible. Il n’y a pas grand-chose à faire pour relier cela à des applications et ainsi manager du public à distance en studio et venir compléter. Si tu estimes que tu ne vas pouvoir installer qu’une personne sur trois dans le public pour respecter les distances, on peut imaginer que les autres soient virtuelles. J’aime beaucoup l’idée des ballons peints, mais voilà, nous, nous restons dans notre rayon ! J’espère que mi-juin nous pourrons proposer à l’ensemble des acteurs une solution basée sur du public virtuel puisque tout le monde cherche des solutions.

 

Dernier point, vous êtes de plus en plus présents dans le secteur du vidéomapping. Comment s’annonce l’été 2020 ?
Isabelle Denis : Le secteur est en souffrance puisque nombre des projets prévus cet été ont été reportés. Au début du confinement, les villes ont stoppé tout projet, les unes prévoyant de réutiliser le spectacle de l’année précédente, les autres de ne rien faire du tout. Personne ne savait trop quelle attitude adopter. Mais ces derniers temps, tout le monde se réveille et se dit que finalement, puisqu’on déconfine et que les Français ne pourront pas quitter le pays, c’est le moment de prévoir un très beau spectacle, il y aura du monde. Par exemple, on nous avait simplement demandé de revoir quatre tableaux à Moulins. In fine, on refait tout le spectacle et on dégage une équipe. Il suffit qu’un maire estime qu’il lui faut saisir l’opportunité et tu multiplies ton budget par cinq ! Il convient donc d’être très réactifs !

 

En guise de conclusion, que dirais-tu sur les deux mois de confinement que nous venons de vivre ?
Depuis deux mois, je dirais qu’on s’en sort, on s’en sortira ; certes il va y avoir un impact cette année comme chez tout le monde, mais on sent la reprise et de nouvelles opportunités se sont créées. Maintenant, chacun sent qu’il faut y aller. Pas question de manquer le tournant de la rentrée, les chaînes vont se repositionner. Chez certaines, la crise a fait plus de dégâts que chez d’autres, notamment au niveau du secteur des télévisions privées pour lesquelles la crise aura un impact non négligeable sur les moyens qui pourront être destinés à la production de contenus. En tant que prestataire, il n’est toutefois pas impossible que nous ayons une carte à jouer, au vu de la réduction des moyens.

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #37, p. 22-26. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.


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