LG Corée : « nous avons pour ambition d’être le moteur du marché des téléviseurs OLED »

 
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MediaKwest continue son tour du monde avec la Corée du Sud, où nous nous sommes rendus afin de réaliser un reportage sur LG Electronics. Nous y avons rencontré des ingénieurs et des as du marketing, et avons traîné nos guêtres dans l’usine de fabrication de dalles située à Paju. Plus que jamais, LG Electronics est bien décidé à peser très lourd dans le marché des téléviseurs LCD/LED, des monitors et TV OLED de demain.

Vu depuis la France et depuis la lorgnette du secteur professionnel, LG n’est pas forcément l’acteur auquel on pense dès qu’il s’agit de diffuseurs, qu’il s’agisse des vidéoprojecteurs, des téléviseurs ou des Monitors. Vu depuis la Corée, LG est un monstre qui, s’il n’atteint pas la dimension de son confrère et concurrent Samsung, déploie ses ailes sur tous les pans de l’industrie électronique : de la téléphonie à l’électroménager en passant par les téléviseurs, les moniteurs LCD ainsi que toutes les nouveautés technologiques de l’acabit des écrans OLED incurvés et AMOLED flexibles. L’entreprise a cela d’atypique qu’elle est conçue sous forme d’un puzzle d’identités. LG Corporation regroupe en effet plus de 60 compagnies indépendantes qui s’auto-facturent à l’envi, tout en ayant pour clientes des entreprises concurrentes telle qu’Apple, ou des fabricants de téléviseurs japonais. En y regardant de plus près, on trouve chez LG Corporation une trentaine de compagnies dédiées aux télécoms et à leurs services satellitaires (dont la téléphonie à haut débit 4G/LTE), 16 compagnies dédiées à la chimie et aux équipements domestiques, et 16 entités qui sont regroupées sous le nom de LG Electronics. Au milieu de tout ce joli monde, il y a LG Display, un géant tentaculaire qui regroupe en son sein le développement et la fabrication de toutes les dalles LCD, plasma et OLED de la compagnie. Au fil de discussions avec les ingénieurs et les responsables de la communication sur place, à Séoul, deux points se détachent nettement du discours de LG pour l’année 2013 : le cap sur les téléviseurs Ultra HD/4K et le désir irrépressible de prendre la tête du marché des téléviseurs OLED.

Cap sur l’Ultra HD !

Histoire de planter le décor, sachez que LG a pris tout le monde de court en introduisant assez rapidement en Corée un téléviseur LCD Ultra HD d’une diagonale de 84 pouces. Il fait également partie des premiers fabricants à avoir introduit en Europe et aux États-Unis ce modèle 84 pouces, qui s’est rapidement retrouvé en démonstration dans la plupart des magasins et des grandes enseignes. Même pandémie à Tokyo, où pour une fois une marque coréenne s’est en effet installée dans la plupart des grands magasins Yodobashi avec ses modèles Full HD et Ultra HD, et ce, aux côtés des géants locaux comme Sony/4K et Sharp. Mais qu’est-ce qui fait courir aussi vite LG Electronics ? On pourrait répondre rapidement en écrivant que la division LG display de la LG corporation est à ce point active qu’elle désire surtout s’implanter rapidement en tant qu’experte en fabrication de dalles Ultra HD/4K, grillant ainsi la politesse à pas mal de consœurs qui, selon ses propres dires, ne parviendraient pas à produire en grande série ce type de lucarne. Le modèle introduit par LG est, pour l’heure, un 84 pouces, mais le fabricant prévoit de lancer des diagonales plus modestes dans les mois à venir. Il mise également sur un discours clair, qui peut se résumer par un « avec l’Ultra HD, vous pourrez admirer une grande image de 84 pouces avec un recul d’environ 1,6 m, contre 3,3 avec le téléviseur Full HD ». LG mise évidemment sur le fait que les sources arriveront tôt ou tard. Il se tient d’ailleurs prêt, selon ses mots, à travailler sur l’évolution – probable ? – du Blu-ray vers l’Ultra HD une fois le codec HEVC / H265 finalisé pour le support (on murmure en effet que le H265 sera décliné dans une version particulière pour le Blu-ray… Info ou intox, l’avenir dira). Étant donné l’absence de sources Ultra HD/4K en masse, l’entité a mis l’accent en priorité sur l’électronique de ses modèles Ultra HD/4k en introduisant son circuit Triple XD Engine, compatible 3D. La 3D, justement, parlons-en. Si elle n’est plus en odeur de sainteté, elle sert encore d’étendard au fabricant qui lance l’argument suprême : « grâce à l’Ultra HD, la diffusion de 3D en passif rimera avec des images 3D Full HD visionnées avec des lunettes polarisées ». Entendez par là que LG compte bien utiliser la définition 3840 x 2160 pour « faire la nique » à la 3D active et ses lunettes coûteuses. Le clan de la 3D active sera alors en droit de rétorquer que la 3D passive diffusée en Ultra HD est largement supérieure techniquement et visuellement à la 3D passive/lunette polarisée. Le débat est sans fin.

On « up-scale » à tout va et on étend le gamut.

Nouvelle définition ? L’occasion est belle pour les fabricants de réviser leurs tablettes et de mettre au point de nouveaux algorithmes qui agiteront le traitement vidéo. On ne peut pas travailler de façon identique une source Full HD et une source Ultra HD/4K, car cette dernière demande une somme de calculs beaucoup plus puissante. LG a, à la fois, mis la gomme sur la dalle Ultra HD sortie de son usine de Paju et sur le traitement de la vidéo + asservissement. À notre connaissance, la dalle est rétro éclairée par Edge LED et dispose d’une segmentation de rétro éclairage par blocs (segments). Ce qui assure une certaine indépendance entre les zones de l’image. Le balayage a été également optimisé, ainsi que la réduction du bruit qui agit localement. Le but avoué de la manœuvre est évidemment de produire la meilleure image Ultra HD/4K possible, mais surtout, d’assurer également un up-scale expert des sources SD et Full HD entrantes. Car là est toute l’étendue du dilemme qui secoue tous les industriels, Sony inclus : comment lancer une nouvelle ethnie de téléviseurs sans sources idoines en abondance ? La réponse est invariable : on up-scale tout ce qui n’est pas Ultra HD/4K. C’est la raison pour laquelle, les fabricants, LG en tête de file (avec Sony) mise tout sur les performances des circuits numériques, et de leurs nouveaux algorithmes capables de récréer… de fabriquer de toutes pièces des images Ultra HD/4K.

Le fabricant, étant pleinement conscient de l’aspect quasi professionnel de tels modèles en Ultra HD/4K, a également joué d’astuce afin d’accroître le spectre colorimétrique de ses modèles, afin qu’ils soient à même de diffuser avec précision les signaux aux normes professionnelles BT709 (HD), CIE U’V. Un travail similaire a été effectué sur son premier modèle OLED, en Full HD, sur lequel nous allons revenir. Plus que jamais, LG joue donc entre les deux univers : pro et grand public. LG Display n’a jamais caché sa bivalence totale, naviguant ainsi entre la conception de dalles pour monitors professionnels (dont un modèle 21/9è en 2560 x 1080) et les dalles pour téléviseurs, dont les modèles Ultra HD/4K. Contrairement à son confrère Panasonic, nous n’avons pas entendu parler de projet de tablette graphique en 4K…

Les téléviseurs OLED de LG sont des WOLED, et voici pourquoi.

Piqûre, et pas que de rappel, alors que nous voici chez LG Display, à l’usine de Paju. Cette usine est gigantesque. Gigantesque dans la diversité des dalles qui en sortent (du LCD toutes diagonales à l’OLED et AMOLED flexible en cours de finalisation), et gigantesque en taille. À elle-seule, la production de dalles LCD s’étire sur un complexe de 1,7 km² de superficie. La seule visite du « Hall of Fame » de Paju a de quoi faire halluciner la plupart des professionnels, entre les murs d’images, les dalles dénudées exposées de toutes parts et les prototypes d’écrans flexibles. Mais la raison de notre présence se résume en un acronyme : OLED… ou, plutôt, WOLED. En effet, LG a plus que largement insisté sur le choix de la technologie WOLED, qu’il compte bien étendre à toute sa gamme de téléviseurs. À noter, avant d’aller plus en avant, que LG a déjà lancé son téléviseur (W)OLED en Corée en février 2013. Ce modèle Full HD a connu des ventes en quantité homéopathique, ce qui est pour l’heure logique, vu son prix de 8 000 euros, et la conjoncture économique mondiale. Pour l’heure, qu’est-ce donc que le WOLED, et en quoi est-ce différent de l’OLED tel que nous le connaissons ?

Comme vous le savez sans aucun doute, la technique d’imagerie OLED est basée sur des diodes auto-émissives OLED RVB installées en formation horizontale. Il en résulte une consommation d’énergie et un gamut large. LG se pose contre ce type d’architecture et lui préfère celle inventée par Kodak, appelée WOLED. Le WOLED (pour White OLED) fait, en premier lieu, entrer en piste un « pixel » blanc. Pourquoi, avons-nous demandé aux ingénieurs ? La réponse fut multiple. Tout d’abord, afin d’accroître la durée de vie du système. En effet, en faisant entrer en piste le pixel blanc, il soulage ainsi les trois autres dans leurs propriétés émissives. Secundo, ce pixel blanc équilibre le rendu RVB (une sorte de médiateur). Tertio, la luminosité est accrue. De plus, le WOLED s’appuie sur une architecture de pixels WRVB installés en vertical (voir photo liée à ce papier) qui assure un gamut RVB plus large (dixit LG Display Corée). Le hic, car il y en a : la consommation monte en flèche et la fabrication n’est pas toujours aisée (mais LG annonce désormais un faible taux de rebuts). LG Display affirme avoir réglé un à un tous les problèmes liés à la fabrication en série de son WOLED (55 pouces max pour l’heure).

Le WOLED serait l’avenir en pro et en grand public, alors pourquoi lancer des modèles WOLED Full HD et pas directement en Ultra HD/4K ?

Nous ne nous sommes pas privés de poser cette merveilleuse question à toutes les personnes rencontrées à LG Display. Notre question est guidée par la double ambiguïté du propos. D’un côté, on nous bassine avec l’Ultra HD/4K qui, de Sony Pictures à Sharp Display en passant par les Coréens, serait le seul avenir possible d’un monde numérique « unifié ». De l’autre, les fabricants, du moins certains, lancent des TV OLED (ou WOLED, qu’importe) qu’ils annoncent comme étant l’avenir des diffuseurs (haro sur le LCD et le plasma). Le discours se prend les pieds dans le tapis car, quitte à mettre en vente un véritable produit « d’avenir », soyons cohérents, et lançons directement un modèle OLED en Ultra HD/4K, comme ceux présentés par Panasonic et Sony lors du salon du CES de Las Vegas en janvier 2013 (il s’agit du même modèle, conçu à priori par Panasonic). Malheureusement, deux réalités concomitantes et imbriquées ont rattrapé le peu de fabricants. On ne maîtrise pas encore – bien – la fabrication d’une dalle (W)OLED en 4K, et secundo, son prix risque d’être… comment dire ? Étourdissant. Donc, si on résume les choses : l’Ultra HD se pointe via une technologie « vieillissante » (le LCD et son rétroéclairage Edge LED, le plus souvent), et l’OLED qui, techniquement, le détrône à plates coutures, n’en est pour l’heure qu’à la définition Full HD.

Quoi qu’il en soit, en allant trainer nos guêtres en Corée avec LG, nous avons surtout pénétré dans la cuisine des Dieux, en quelque sorte. Il est important de prendre conscience du fait que LG Display (et d’autres) est un laboratoire du futur, un chaudron magique où sont mitonnées les dalles de demain. Pour l’heure, le WOLED en Ultra HD/4K y est en cours de développement, au même titre que de nouveaux écrans « Retina » ou encore des AMOLED toujours plus souples ainsi que des écrans transparents à la Minority Report. Il est ostentatoire que LG Display a de sérieuses longueurs d’avance sur certaines autres entités, et compte se lancer dans le Sprint en matière d’OLED et d’Ultra HD/4K, deux axes qui pousseront MediaKwest à reparler très rapidement de l’entité.


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