C’est en Australie, à Melbourne, là où le siège social de la marque est toujours basé, que Grant Petty a sorti en 2002 sa première carte vidéo destinée aux ordinateurs Macintosh, la DeckLink. Elle fut la première carte capable de travailler en vidéo non compressé 10 bits. Cela nous semble aujourd’hui déjà être un autre temps : l’époque où le métier de Blackmagic était la conception et la fabrication de solutions d’acquisition et de sortie vidéo.
Ces cartes ont contribué à un tournant dans l’audiovisuel avec la démocratisation des solutions de postproduction. Les stations de montage des marques historiques, Avid en tête, étaient alors proposées à des coûts conséquents, plus proches du budget alloué à l’acquisition d’un bien immobilier que d’une voiture ! Grant Petty a quitté son métier d’ingénieur pour créer son entreprise dans le but de donner plus de place aux créatifs en démocratisant les outils.
En 2012, dix ans après la première DeckLink, Blackmagic a présenté au NAB sa première caméra, la Cinema Caméra. La marque s’est également essayée avec succès aux marchés des logiciels dont le célèbre DaVinci Resolve, initialement spécialisé dans l’étalonnage et aujourd’hui largement élargi vers les domaines du montage, des effets spéciaux et du son.
Au vu de l’extrême démocratisation des solutions logicielles, avec une version de DaVinci Resolve gratuite et complète, une des sources de revenus de Blackmagic est la commercialisation des cartes et boîtiers tels que celui testé aujourd’hui.
La famille capture et lecture
C’est dans cette famille que l’on retrouve l’historique et désormais très complète gamme DeckLink comprenant pas moins de quinze modèles ! Depuis la simple fonction de monitoring ou d’enregistrement de la définition standard jusqu’au 4K, en passant par des solutions complètes d’acquisition et de lecture sur un ou deux slots, de la HD au 8K. Certains modèles proposent l’acquisition simultanée de plusieurs flux vidéo.
L’Intensity Pro 4K (179 €) est une solution « budget » équipée d’un éclaté de prises (connecteur multibroches duquel sortent de nombreuses connectiques son et vidéo) et d’entrées/sorties en HDMI. Elle offre des possibilités complètes jusqu’à l’Ultra HD. Les utilisateurs « mobiles » peuvent connecter leurs ordinateurs portables ou un iMac à l’Intensity Shuttle via un modèle Thunderbolt (219 €) ou un second en USB 3.0 (179 €).
Au sein de cette grande famille de produits, la gamme UltraStudio comporte cinq boîtiers. Les deux UltraStudio Mini sont des « briques » ultra portables proposant chacune une unique fonction. Le Mini Recorder est une carte d’acquisition SD et HD autonome équipée de connecteurs SDI et HDMI, alimentée via Thunderbolt jusqu’au 1080i60 ou 1080p30. Le Mini Monitor permet de la même manière la lecture vidéo aux mêmes formats. Ils coûtent 135 € chacun.
L’UltraStudio HD Mini regroupe les deux fonctions précédentes avec une connectivité 3G-SDI et une capture en 1080p60 ou 2K DCI. Au tarif de 455 € il peut être complété du Teranex Mini Smart Panel (85 €) qui ajoute un écran LCD et des boutons de commande.
L’UltraStudio 4K Extreme 3 est le vaisseau amiral de la gamme, et même de la famille « capture et lecture ». Sa connectique 12G-SDI permet l’acquisition aux formats 4:4:4 jusqu’au 4K 2160p. Il intègre également un encodeur en H-265. La taille de son boîtier autorise un nombre de connexions impressionnant : quatre entrées SDI de la SD jusqu’au 12 G-SDI avec une deuxième prise en sonde sur chaque entrée. Les quatre sorties offrent le Dual Link pour un travail en 3D stéréoscopique ou des incrustations en temps réel jusqu’au 2160p30. Vous disposez également d’entrées et sorties audio et vidéo analogiques complètes, composites et composantes Y, R-Y, B-Y, XLR et AES. On trouve également une sortie son stéréo en RCA, deux prises remotes, une référence en sonde, une entrée et une sortie HDMI, une prise PCI-E et deux connecteurs Thunderbolt 3. Preuve de l’orientation professionnelle de l’outil, deux alimentations complètent cette description.
Un petit tour de l’arrière
Si les fonctionnalités de l’UltraStudio 4K Extreme 3 sont pléthoriques, elles dépassent peut-être vos besoins. C’est là que l’UltraStudio 4K mini entre en piste. On trouve ici huit connecteurs BNC au lieu des 28 de l’Extreme 3 ! L’acquisition analogique peut se faire en composite via la prise Y ou en composantes avec le complément des prises R-Y et B-Y. Les entrées audio indépendantes restent symétriques, mais ce sont ici des connecteurs Jack ¼ de pouce qui permettent l’entrée ou la sortie de deux canaux aux lieux des quatre de l’Extreme 3.
En numérique, la prise SDI accepte les formats depuis la définition standard à 270 Mbits/sec jusqu’au 12G-SDI permettant l’acquisition jusqu’au 4Kp60 DCI ou jusqu’au 4Kp30 DCI en 3D. L’acquisition en 12 bits 4:4:4 RVB est possible jusqu’au 4Kp30 DCI et en 3D jusqu’au 2Kp60 DCI. L’acquisition et la diffusion est possible en large plage dynamique 12 bits (HDR). Les espaces colorimétriques Rec.601 (SD), Rec.709 et Rec.2020 sont disponibles. Pour le HDR, la connectique HDMI 2.0b prend en charge la technologie Deep Color et le HDR, la configuration est automatique selon l’écran connecté.
Pour le son, les limitations des entrées et des sorties analogiques sont compensées par les seize canaux disponibles en « embedded » via les connectiques SDI ou les huit canaux en HDMI.
Et devant
Pour ne rien gâcher à la praticité de l’outil, la façade est visuellement agréable. Le moniteur permet en un clin d’œil de vérifier le format vidéo, les niveaux audio et tout simplement l’entrée du signal. Les boutons permettent au besoin un minimum de configuration de l’appareil. On peut choisir l’entrée à affecter sur les deux boutons et passer de l’une à l’autre rapidement.
Avec le duo prise micro XLR avec alimentation 48 volts et prise casque réglable en façade, il est possible de se passer d’un boîtier audio pour enregistrer des voix-off et écouter ses programmes au casque. Les prises de son analogiques peuvent, elles, servir à l’envoi vers le système d’écoute sur haut-parleurs.
Usage
L’UltraStudio 4K Mini, vendu 895 €, répond parfaitement aux attentes des studios ou des indépendants de taille moyenne. Il trouvera sa place facilement sur le bureau de travail. Contrairement au grand modèle Extreme, la ventilation reste discrète. Le lecteur de cartes SD s’avère intéressant pour les utilisateurs de MacBook Pro en utilisation extérieur, pour des configurations Data Manager ou DIT par exemple ; les derniers ordinateurs portables d’Apple en étant dépourvus.
Sur les plateaux de tournage, il est possible d’utiliser la fonction Resolve Live pour préparer des « grades », des étalonnages complets composés d’un ou plusieurs nœuds qui pourront être utilisés au moment de la postproduction pour que l’étalonneur puisse orienter son travail selon les recherches réalisées sur le tournage. Le modèle UltraStudio HD était alimenté via le Thunderbolt 3 ; ici il faut le connecter à une source d’alimentation secteur, mais la connexion en Thunderbolt 3 apporte une alimentation de 45 watts vers l’ordinateur.
La puissance moins importante que les alimentations de MacBook Pro (87 watts) permettra de maintenir la charge à niveau, mais ne suffira pas à recharger un ordinateur en fonctionnement avec un outil de montage tel que DaVinci Resolve ou Adobe Premiere Pro. Cependant, sans application en fonctionnement, l’ordinateur se charge. Une prise USB-C permet également de connecter un périphérique supplémentaire tel qu’un disque dur.
Nous avons utilisé le boîtier en utilisation capture live avec l’Ursa Mini Pro 4,6K également en test dans ce numéro ; il s’avère très adapté à cet usage. Les possibilités HDR de la caméra avec notamment les LUT Film vers PQ ou Film vers HLG s’associent également très bien avec les possibilités d’enregistrement en 12 bits à haute plage dynamique du boîtier. Les deux connectiques SDI A et B autorisent la sortie des signaux graphiques « key » et « fill » d’une animation RGB en direction d’un mélangeur live. Les petites structures de diffusion pourront utiliser L’UltraStudio 4K Mini dans un adaptateur rack qui peut accueillir deux boîtiers. Il est compatible avec les solutions de diffusion Tools On Aire just : in, live :cut, just :play et Softron OnTheAir, MovieRecorder et OnTheAir CG.
Compatibilité
L’UltraStudio 4K Mini est compatible avec les ordinateurs Mac, PC et également Linux. Grâce à la rapidité du Thunderbolt 3, jusqu’à 40 Gb/s, aucune latence n’est présente. Le boîtier est entièrement compatible avec les principaux logiciels de postproduction : DaVinci Resolve, Apple Final Cut Pro X, Adobe Premiere Pro CC, Avid Media Composer, Fusion, After Effects, et Photoshop (un plug-in prévu pour ce logiciel est intégré aux logiciels inclus avec le boîtier). After Effects et Photoshop sont deux logiciels qui travaillent dans l’espace colorimétrique RVB, autrement nommé « legal » ou Full, l’UltraStudio utilise cet espace pour éviter l’affichage ou l’enregistrement de niveaux vidéo illégaux.
Les solutions de streaming Flash Media Live Encoder, Wirecast et Livestream Producer peuvent également profiter de l’UltraStudio 4K Mini, ainsi que les solutions de mixage Avid ProTools, Steinberg Nuendo, et Cubase. Sur Windows, DirectShow et WDM sont pris en charge les outils de montage déjà cités pour les ordinateurs Apple et les logiciels spécifiques Windows, Magix Vegas Pro et Magix Video Pro, Corel VideoStudio et CyberLink Power Director et pour le streaming Xsplit broadcast.
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #34, p.24/26. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.