Quantum, en route vers le futur

Quantum aborde ce premier semestre avec une grande densité de nouveautés. Nous avons pu rencontrer lors de son passage à Paris, Jamie Lerner, son président, qui nous a dévoilé en avant-première la feuille de route du lancement de ces innovations.
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Mediakwest : Quels sont les nouveautés pour Quantum ?

Jamie Lerner : Le secteur des médias et divertissement, traverse une grande période de transition et beaucoup de nos clients ont besoin d’aide pour s’y retrouver. Les émissions de télévision, les films, les programmes sportifs… la manière dont ces contenus sont produits a énormément changé, et nous suivons ces évolutions de près. Que ce soit pour la télévision ou le cinéma, la plupart des productions de haute qualité se font sur des réseaux en « Fiber Channel », tandis que l’informatique est basée sur des réseaux Ethernet. C’est donc une question qui revient souvent chez nos clients : comment passer à la production sur IP pour réaliser des économies, tout en facilitant la gestion des données ?

Au niveau du stockage, aussi, les disques durs sont délaissés au profit du stockage disques SSD ou cartes NVMe. Comment utiliser ces technologies au mieux quand on n’a pas une expertise en stockage ? Les images elles-mêmes évoluent aussi, avec la 4K, la 8K, les grands formats, la VR, et nos clients demandent des solutions pour adopter ces nouveaux formats et surtout, comment le faire de manière efficace et sans se ruiner ! Les productions sont également de plus en plus rapides, et nos clients veulent pouvoir installer et démonter leur matériel rapidement.

C’est pourquoi nous avons lancé une série de nouveautés dont la première est StorNext 6.2, produit pour lequel nous avons fait d’énormes efforts afin qu’il puisse être géré depuis le Cloud. Où que vous soyez dans le monde, vous pouvez maintenant gérer une production de film, d’émission TV ou d’évènement sportif : visualiser les contenus, faire le montage, apporter d’autres changements, tout cela est très facile. Nous avons beaucoup investi dans la convivialité de l’outil.

Un autre volet de notre nouvelle stratégie, c’est le passage du Fiber Channel aux réseaux Ethernet, avec un nouveau NAS qui ne nécessite pas un client ou une connectique particulière, qui est compatible avec plusieurs protocoles et très facile à utiliser. Ce n’est pas notre NAS le plus rapide, mais il offre tout de même une vitesse très appréciable.

Nous avons également lancé des outils automatiques de supervision, de création de graphiques et de gestion des performances, grâce auxquels les clients peuvent surveiller et configurer leurs systèmes, où qu’ils soient dans le monde. Et puis avec StorNext 6.2, nous avons commencé à offrir des systèmes clés en main.  

En plus de tout cela, nous lançons de nouvelles plateformes matérielles 12G, très rapides et une gamme de produits NVMe, qui offrent la vitesse la plus rapide possible pour un système de fichiers. Les bancs d’essais que nous avons réalisés battent tous les records, avec jusqu’à 30 Go/s sur un seul système, et plusieurs systèmes peuvent être associés.

Mais plus encore que sa vitesse, l’atout de ce système est qu’il transfère en mode RDMA, ce qui permet d’atteindre sur un réseau Ethernet la même vitesse qu’une liaison par fibre optique. On peut remplacer une paire de commutateurs fibre à 750 000 $ par une paire de commutateurs Ethernet à 10-20 000 $, avec de meilleurs résultats !

Donc en adoptant la technologie NVMe, nous donnons à nos clients la possibilité d’utiliser un réseau Ethernet pour atteindre des vitesses qui exigeaient autrefois un équipement spécialisé pour la fibre optique. Grâce à nous, les clients peuvent tourner la page sur une technologie qui est certes très rapide, mais également très, très couteuse.

Une autre nouveauté sur laquelle nous travaillons, ce sont les environnements avec plus d’options de gestion. Les clients apprécient la vitesse de StorNext, ils apprécient les incroyables possibilités d’archivage qu’offrent nos systèmes d’archives sur bande magnétique… mais ce qu’ils veulent avant tout, au fond, c’est réaliser des films. C’est produire.

Avec nos environnements d’analyse dans le Cloud, non seulement nos clients peuvent gérer leurs systèmes sans contraintes géographiques, mais nous aussi. Vous pouvez nous contacter en disant « Nous allons faire 100 films cette année », et nous vous vendrons ce qu’il faut pour faire ces 100 films. Pas de matériel à acheter, rien à administrer, nous mettons simplement à votre disposition l’environnement qui vous permettra de créer autant de projets que vous le souhaitez. L’équipement est installé dans vos locaux, mais vous l’utilisez comme vous utiliseriez n’importe quelle plateforme dans le Cloud, en profitant de performances sans égal et d’une plateforme gérée par nos soins.

Avec notre longue expérience dans le domaine de la vidéo, nous proposons aussi maintenant des produits de vidéosurveillance, qui répondent notamment à un besoin de nos clients dans le domaine sportif : quand nous produisons une rencontre sportive dans un stade, nous pouvons également prendre en charge la sécurité physique du lieu. Voilà donc une autre gamme de produits que nous lançons, et nous veillons à l’intégration des solutions de stockage, de traitement et d’analyse, qui prennent la forme de plusieurs machines virtuelles sur une plateforme unique.

Le point commun entre toutes ces solutions dont j’ai parlé, c’est qu’elles sont le fruit de notre stratégie d’ensemble, par laquelle nous cherchons à devenir le leader des infrastructures de traitement vidéo, que ce soit pour l’archivage à long terme, la production de films, les véhicules autonomes ou la vidéosurveillance. Pour l’instant, c’est une stratégie qui semble porter ses fruits, mais il nous reste beaucoup de chemin à parcourir !

 

 

M : Quelle est votre feuille de route pour tous ces produits et services ?

J.L : Nous travaillons sur leur développement de manière très active. Pour StorNext, par exemple, nous avons trois objectifs : en faire le produit le plus facile à installer et à configurer sur le marché, le faire passer entièrement sur Ethernet, et assurer la compatibilité avec le plus grand nombre de protocoles possible. Toujours sur StorNext, nous allons bientôt proposer une toute nouvelle gamme de matériel et faire converger nos différentes offres en virtualisant les différents composants. Le client peut ainsi choisir la plateforme logicielle de son choix et l’installer sur le matériel le plus adapté, ce qui lui permet une plus grande flexibilité. C’est un chantier sur lequel nous allons encore travailler pendant un an environ.

En ce qui concerne nos systèmes d’archivage sur bande, nous avons parmi nos clients les plus grands opérateurs Cloud au monde et adaptons donc notre architecture à leurs besoins. Par exemple, les bandes magnétiques sont plus utilisées à des fins d’archivage que de sauvegarde, on peut y accéder depuis n’importe où, et nous utilisons un système de fichiers StorNext pour l’interfaçage avec les systèmes propriétaires des opérateurs.

Nous faisons également des progrès sur la longévité des bandes, qui peuvent durer 30 ans ou plus, ainsi que sur la facilité de remplacer le matériel défectueux : les composants du système peuvent être sortis et replacés comme de simples tiroirs, et tout est géré de manière transparente : idéal pour le Cloud.

Pour nos produits de vidéosurveillance, nous lançons actuellement la plateforme qui permet la plus haute densité de caméras au monde, le DXi V-Series, pour lequel notre feuille de route consiste principalement à développer la compatibilité avec le plus d’applications de gestion de vidéo possible.

Nous accomplissons également des progrès sur les fonctions d’analyse, avec la recherche dans les vidéos et l’identification d’objets ou de dangers. Les outils d’analyse sont utiles non seulement aux applications dans le domaine de la sécurité, mais également pour les programmes d’actualités ou les programmes sportifs : on peut, par exemple, demander à voir les rencontres précédentes, où tel sportif a joué contre tel autre dans tel stade. Ou encore, faire une recherche dans les débats passés entre telle personnalité politique et telle autre. Avec les fonctions d’analyse automatique, il ne sera bientôt plus nécessaire de passer des milliers d’heures à consulter les archives et à classifier les contenus !

 

 

M : Développez-vous ces outils en interne ou avec un partenaire ?

J.L : Les deux : pour certaines utilisations, nous avons développé nos propres outils d’analyse, tandis que pour d’autres nous avons conclu des partenariats. Mais nous allons continuer de développer nos propres technologies pour la recherche et l’identification d’objets. L’analyse vidéo est sans aucun doute l’un des éléments les plus importants de notre feuille de route, d’où notre stratégie de convergence du stockage et du traitement. La plupart de nos concurrents ont le stockage d’un côté, le traitement de l’autre, et le système qui en résulte est très lent ; en mettant les deux sur la même plateforme matérielle, nous pouvons considérablement accélérer l’analyse.

 

 

M : Quelle part de votre activité est liée à votre produit phare ?

J.L : Contrairement à ce que beaucoup pensent, le stockage sur bande magnétique est en plein essor. Cette croissance, cependant, est liée à une nouvelle utilisation. Avant, il s’agissait principalement de grandes entreprises qui faisaient leurs sauvegardes sur des bandes qu’elles transportaient ensuite sur un autre site pour les conserver. Nous avons encore beaucoup de clients qui fonctionnent ainsi, mais la croissance du stockage sur bande correspond à une toute autre utilisation : celle d’entreprises qui traitent des volumes de données colossaux et qui – pour des raisons réglementaires ou liées au volume des données – ne peuvent les stocker dans le Cloud. Un studio de cinéma, par exemple, ne pourrait pas héberger un film complet, avec tous les rushes, et les versions de travail, et le son, dans le Cloud : il faudrait quelques années rien que pour le transfert des données ! Et puis il y a le risque d’une attaque par ransomware… On peut également avoir besoin de courtes séquences d’un film pour faire sa promotion, ou pour les réutiliser dans un film ou une publicité, et au vu de la quantité de données ce n’est tout simplement pas réaliste de faire appel à un stockage dans le Cloud.

Il y a également les pouvoirs publics qui doivent stocker d’importants volumes de données audio et vidéo produites par les satellites, les drones et les caméras embarquées dans différents véhicules ; il y a les fabricants qui prennent des photos et des vidéos de tous leurs processus de fabrication ; il y a les géants de l’internet qui doivent enregistrer les contenus de tous les utilisateurs…

Toutes ces données doivent être conservées, mais elles ne sont pas utilisées à une fréquence élevée. Par exemple, il peut s’écouler beaucoup de temps avant que je veuille revoir une vieille photo que j’ai prise avec mon téléphone il y a des années, mais je veux tout de même avoir la possibilité de le faire. Ce sont là autant de situations où les bandes magnétiques représentent une solution idéale, non pas pour des raisons technologiques, mais pour des raisons économiques : le stockage sur bande est parfois jusqu’à dix fois moins cher que toute autre technologie.

Et à une époque où les données sont omniprésentes et où chacun d’entre nous a dans la poche un appareil capable de prendre des photos en haute définition, les besoins en données n’ont jamais été aussi importants. Et ce n’est pas le texte ou les bases de données qui représentent la majeure partie des données stockées. L’explosion des volumes de données tient pour 80 % à la vidéo et aux photos, et Quantum est idéalement placé pour répondre à cette demande. Avec 20 ans d’expertise et d’expérience, nous avons une longueur d’avance.

Il y a seulement 4 ou 5 ans, les acteurs du Cloud ne voulaient même pas entendre parler de bandes magnétiques. Quand on parlait Cloud, on parlait Linux, disques durs, routeurs, logiciels libres, virtualisation… mais certainement pas de bandes magnétiques. Pourtant, depuis deux ans environ, tous les acteurs de premier niveau de l’internet ont déployé des solutions de stockage sur bande, ainsi que par les entreprises de télécommunications, parce que c’est le seul moyen réaliste de stocker des exaoctets de données.

 

 

M : Que signifie le stockage sur bande en termes de sécurité des données ?

J.L : Parfois, la chance donne de meilleurs résultats que la stratégie ! Ce n’était pas un facteur important pour nous lorsque nous avons mis au point ces systèmes, mais le fait que le stockage sur bandes magnétiques ne soit pas un stockage sur internet a joué en notre faveur. Lorsqu’un bras robotique sort une cassette du lecteur et la range dans une étagère, cette cassette n’est plus reliée à rien. Les disques durs, à l’inverse, sont toujours vulnérables au piratage.

Le stockage sur bandes magnétiques est donc à la fois beaucoup moins cher, plus fiable (la durée de vie d’un disque dur est de 5 ans environ, contre 30 ans pour nos bandes), moins gourmand en énergie puisque les cassettes sont inertes, plus léger (à volume de données égal, les disques durs pèsent près de dix fois plus que les cassettes), et moins vulnérable aux attaques.

Pour une entreprise qui stocke quelques centaines de téraoctets, les bandes magnétiques ne sont pas forcément la solution la plus intéressante, mais quand on parle de plusieurs centaines de pétaoctets, tous les avantages que j’ai évoqués commencent à être significatifs. Nous avons peu de clients pour nos solutions de stockage sur bande, mais ces quelques clients sont très importants : des gouvernements nationaux, les plus grands Cloud au monde, les plus grandes archives photo au monde, des sites internet stockant d’énormes volumes de vidéo, de grandes agences de publicité, des ligues sportives… Pour certains sports, par exemple le baseball, les solutions de stockage de Quantum conservent chaque action de chaque match jamais diffusé à la télévision, avec une incroyable quantité de métadonnées.

Il y a deux dimensions du stockage de vidéos, qu’il faut équilibrer : d’un côté, pour le montage et la distribution, il faut un stockage extrêmement rapide, et de l’autre, pour la conservation pendant des décennies, il faut un stockage extrêmement économique. Disney, par exemple, conserve dans nos archives des contenus qui ont 88 ans.

 

 

M : Quel est le profil des clients que vous souhaitez attirer ?

J. L : Nous travaillons, par exemple, avec un fabricant de puces électroniques, qui produit des millions de galettes de semi-conducteurs et prend de nombreuses photos, à une résolution très élevée, de ces galettes dans différents états et sous différents angles. Les photos prises pendant la fabrication sont comparées à des photos de référence, afin de détecter d’éventuelles anomalies, et les clients de ce fabricant (parmi lesquels on compte des gouvernements de puissances mondiales) exigent qu’il conserve ces photos pendant cinq ans. Cela représente jusqu’à 10 pétaoctets de photos chaque année, pour une seule usine, ce qui couterait des dizaines de milliers de dollars à stocker dans le Cloud. Ce client s’est adressé à nous en disant vouloir une solution plus économique, et nous avons certainement pu répondre à cette attente. Il s’acquitte d’un abonnement mensuel bien inférieur à n’importe quelle autre solution sur le marché, et nous prenons en charge son archive.

De plus en plus de clients sont dans ce cas, et nous disent : « Je veux profiter des économies que permet le stockage sur bande magnétique, mais je ne veux pas gérer une archive ; il faut que vous vous occupiez d’installer l’infrastructure et de gérer le stockage pour nous à distance, et que vous nous proposiez un meilleur prix que toutes les autres plateformes de stockage. »

Nous leur permettons donc de stocker d’importants volumes de données, à l’aide d’une interface S3. Notre réseau de partenaires est en train d’être formé à la vente et au déploiement de ces solutions, et certains partenaires certifiés peuvent même administrer les systèmes pour nous. Notre modèle laisse donc une importante place aux partenariats commerciaux.

 

 

M : Avez-vous des clients demandeurs de solutions pour la 4K ou pour des résolutions supérieures ?

J.L : Certainement, et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous investissons dans la technologie NVMe, qui offre une vitesse 40 fois plus élevée que les autres solutions. Un véritable bond en matière de performances, qui est nécessaire lorsqu’il s’agit de contenus en 4K et 8K, d’effets visuels complexes.

Certains profitent également de cette technologie pour consolider leurs centres de données, puisqu’elle permet de remplacer jusqu’à cinq racks entiers par quatre appareils de petite taille, certes plus coûteux, mais qui réduisent fortement l’espace nécessaire et la consommation énergétique.

L’interface NVMe permet de créer des systèmes de traitement vidéo qui, en plus d’être plus rapides, sont beaucoup plus petits. De plus, l’accès au stockage en mode RDMA permet d’éliminer les liaisons par fibre, ce qui est très avantageux pour les centres de données : plus de cartes spécialisées, plus d’interventions par des prestataires en fibre optique pour relier ces cartes entre elles… la technologie NVMe a beau être plus chère, elle permet de réduire le cout total de possession du système dans son ensemble.

Une part importante du temps que nous passons avec nos clients, c’est justement cette pédagogie : il s’agit de leur faire comprendre comment ils vont faire des économies en passant de plateformes de stockage à 20 000 $ à des plateformes de stockage à 400 000 $ ! C’est parce que cela leur permettra de réduire drastiquement – voire d’éliminer – de nombreux autres postes de dépenses qui peuvent coûter des millions de dollars.

Cela fait deux mois que nous sommes en période d’essai avec certains des plus grands studios de cinéma, des plus grandes chaînes de télévision, des plus grands acteurs de l’internet, et les résultats sont extrêmement prometteurs. Ils ont vite compris l’avantage qu’il y a à payer dix fois plus d’un côté, quand cela permet de payer quarante fois moins de l’autre.

C’est ce que je disais plus tôt sur les attentes de nos clients : ils veulent des technologies de haute qualité, bien sûr, mais ils veulent également que nous les aidions à faire la transition vers des environnements plus modernes. Par exemple : « Nous savons déjà comment faire un bon film, mais aidez-nous à faire un bon film en 8K ! » Voilà ce que nous pouvons entendre quand nous parlons avec eux. 


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