Ensemble, VDM et UMW ont développé le projet « Working (sub) Titles » qui s’achève en fin d’année. Le postulat était de trouver une alternative meilleur marché à la production des sous-titrages dans des langues moins couramment usitées de certains pays européens.
Pour être rentable et efficace, le projet devait revêtir une dimension industrielle, visant à réduire les coûts et à automatiser certains process, comme le souligne Jean-Christophe Coin, directeur général de VDM : « Nous avons exploré différentes pistes pour produire des sous-titres compétitifs, notamment en explorant des solutions basées sur des technologies de traduction automatiques, mais nous avons rapidement abandonné cette option, car la qualité n’était pas satisfaisante. Les plates-formes de VOD et OTT comme Netflix, Amazon et iTunes, ont des degrés d’exigence très importants. La qualité du sous-titrage est une priorité pour eux, cela implique que les prestataires, laboratoires vidéo, ne doivent pas dégrader cette qualité. Nous avons donc choisi une solution alternative. »
La solution déployée par VDM et UMW repose sur une association de l’humain et du digital. « Nous avons recruté une communauté de traducteurs indépendants via un processus de présélection. Il s’agissait de trouver de nouveaux profils, qui ne travaillaient pas forcément pour la fabrication de sous-titres, mais désireux de s’investir sur ce type de prestations. Nous en avons contacté et testé plus de quatre-vingt pour en garder, au final, treize pour les onze territoires sourcés », poursuit Jean-Christophe Coin.
L’humain a été complété par le développement d’une plate-forme visant à simplifier les allers et retours de validation et faciliter l’intégration de leurs travaux dans une chaîne de production professionnelle.
« Dans le workflow global de la fabrication des sous-titres, ce n’est pas la traduction qui pose problème. Le plus complexe est l’adaptation et la compréhension des sous-titres en fonction des dialogues et de l’action d’un film. Il y a une véritable dimension artistique que les outils automatiques ne peuvent pas aujourd’hui prendre en charge. Le projet W(s)T comportait ces deux dimensions ; nous n’avons jamais fait de compromis sur la qualité et nous avons fluidifié les workflows de production pour, au final, réduire les coûts et être réactifs », précise Jean-Christophe Coin.
Aboutissement concret du projet, le film estonien Nullpunkt a été distribué en VoD par UMW sur l’ensemble des territoires européens en vingt-quatre langues grâce à Working (Sub) Title. Le film, qui a connu un large succès, a été également distribué dans quatre-vingt autres pays, dont les États-Unis, le Canada, la Chine, le Brésil…
Grâce à cette expérience, VDM a acquis un savoir-faire indéniable. Il s’agit désormais, dans les prochains mois, de savoir si la société souhaite poursuivre ce projet. « La fabrication de sous-titres pour ce type de films doit être efficace, rapide et bon marché. Nos équipes de R&D ont validé des étapes, maintenant il faut voir si le marché est prêt à nous suivre », fait remarquer Jean-Christophe Coin.
VDMConnect
Dans ce projet, la R&D a été la clef de voûte qui a permis de trouver des solutions pour optimiser les différentes étapes. La R&D est dans l’ADN de VDM, qui y consacre une part importante de son chiffre d’affaires. Le seul moyen d’optimiser les étapes de prestation est la poursuite de solutions innovantes ; des défis qu’adore relever VDM, qui fut parmi les premiers laboratoires à collaborer avec les plates-formes de VOD et OTT, comme iTunes ou Google. Outre la fabrication de contenus pour ces plates-formes, il faut gérer une partie invisible, mais fondamentale : les métadonnées qui accompagnent chaque film. Ces dernières incluent, notamment, le casting, les dates de sorties, les droits territoriaux…
Au début, ces informations étaient gérées sur un simple tableur envoyé aux ayants droit, mais les plates-formes changeant les spécificités à un rythme régulier et soutenu, il était de plus en plus difficile de maintenir le tableau avec les mises à jour successives. Ce type de document ne supporte pas l’approximation ; une seule erreur et tout le travail est rejeté. À titre d’exemple, le fichier XML d’un package iTunes multilingues & multi-territoires comme celui d’Apocalypse Now comporte plus de 2 500 lignes.
VDM a donc décidé de développer un outil qui allait accélérer le process, le simplifier et surtout le fiabiliser. « Notre équipe de R&D a développé une plate-forme qui permet aux ayants droit de venir renseigner en ligne les informations. Un moteur permet de fabriquer automatiquement les documents XML destinés à chacune d’entre elles. L’évolution vers ce mode SaaS nous permet de mettre à jour les outils de manière transparente pour les utilisateurs. »
La beauté du développement est que tous les intervenants s’y retrouvent. Les ayants droit ont accès gratuitement à cet espace, ils peuvent renseigner aisément les informations et gagnent du temps. Par exemple, s’ils ont un film déjà renseigné pour iTunes et que ce film est également acheté par une autre plate-forme, les métadonnées communes sont automatiquement répliquées et seules les nouvelles informations à renseigner apparaîtront dans les champs correspondants.
Il existe également des outils de vérification automatique : par exemple, si l’ayant-droit saisit une date de sortie en VOD antérieure à celle de la sortie en salle, une alerte lui indique son erreur. Les orthographes des membres des équipes techniques et de casting sont vérifiées en prenant en référence la base IMBD interconnectée à VDMConnect.
Pour VDM, c’est bien évidemment du temps gagné, mais aussi une garantie de qualité. Dans les contrats qui lient le laboratoire aux plates-formes de VOD, celui-ci est responsable des informations fournies.
« Nous avons travaillé en étroite collaboration avec Under The Milky Way ; ils nous ont fait des retours par rapport aux différentes versions, ce qui a permis d’obtenir aujourd’hui une plate-forme très aboutie. Ce fut un partenaire précieux tout au long de la phase de développement, et aujourd’hui encore pour comprendre les nouveaux besoins des ayants droit. »
Pour Jérôme Chung, président de Under The Milky Way : « Nous avons toujours intégré une forte dimension IT dans le développement de notre société de distribution de films, et ce encore plus car nous évoluons sur un marché international dans un environnent exigeant et très évolutif. A l’ère digitale, le développement commercial ne va pas sans le développement technologique, c’est un véritable facteur de différenciation vis-à-vis des plates-formes globales. De ce fait, le partenariat avec VDM était la meilleure des solutions pour mener à bien ce projet européen. »
Le développement de VDMConnect a nécessité 4 000 heures de développement, soit 500 jours/homme. La plate-forme est actuellement compatible avec iTunes, Google Play, Sony, Microsoft, Amazon et Vudu. Un peu moins de cinq ans après son lancement, VDMConnect représente un catalogue de 5 400 films et 16 000 packages. Les mises à jour sont hebdomadaires. La plate-forme est multi-territoire et multi-package. VDMConnect gère également les « artworks » et parmi ses nombreux contrôles automatisés, l’application va déterminer si leur résolution est suffisante et ainsi conforme aux spécifications.
Le labo du futur
VDMConnect n’est qu’une première étape dans l’automatisation des travaux effectués au sein du laboratoire. Depuis plusieurs mois, VDM s’est interfacé avec le portail en ligne de TF1 Studio, qui leur permet de référencer les contenus et de passer les commandes. Ainsi, chaque demande entraîne automatiquement la génération complète d’un bon de travail dans l’ERP de VDM, ainsi que la création des coquilles et métadonnées associées dans le MAM. Quand les travaux demandés sont automatisables (désarchivages, transcodages, livraisons), ceux-ci sont automatiquement traités. D’autres projets plus ambitieux encore sont en cours de développement, notamment pour automatiser des workflows plus complexes…